Vers un non-lieu dans l’affaire Traoré : retour sur une manipulation médiatique

Capture d'écran
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« L’affaire ne peut désormais que s’achever sur un non-lieu. » Dans un dossier que Le Point consacre à l’affaire Adama Traoré, le journaliste, confirmant une information du Parisien, assure que les gendarmes mis en cause dans la mort du jeune homme en 2016 – mais jamais mis en examen - devraient s’en sortir avec un non-lieu. Dans un entretien accordé au Monde, Yassine Bouzrou, l'avocat des Traoré, le concède également. Après des années d’expertises et d’auditions, il semblerait que l’affaire Adama Traoré ne soit, en réalité, qu’une vaste opération de manipulation.

De fait divers à cause nationale

Si, aujourd’hui, le nom d’Adama Traoré revient sur le devant de la scène à chaque accusation de « violences policières », sa mort tragique aurait pu rester dans la rubrique des faits divers. Pour rappel, Adama Traoré est décédé le 19 juillet 2016 après avoir été interpellé. Les premières expertises concluent que le jeune homme est mort d’asphyxie après un arrêt cardiaque dû à un effort violent sous cannabis, alors qu’il souffrait d’une faiblesse pulmonaire. À l’époque, sa mort ne fait pas la une des magazines. Seules quelques chroniques rapides dans la presse nationale évoquent ce triste décès. La France a encore le regard tourné vers Nice où 86 personnes ont perdu la vie dans un attentat, cinq jours plus tôt. La famille du jeune homme elle-même semble appeler au calme et refuse d’accabler les forces de l’ordre. Maître Zajac, alors conseil du clan Traoré, réfute également la thèse des « violences policières » intentionnelles, dans un entretien accordé à L’Humanité. Mais en quelques jours, sous l’impulsion de militants antiracistes, la rhétorique de la famille Traoré change du tout au tout. Maître Zajac est remercié et remplacé par le médiatique Maître Yassine Bouzrou. Contre l’avis des experts médicaux, le clan Traoré et ses nouveaux alliés avancent désormais la thèse du plaquage ventral et de l’interpellation « raciste ».

À défaut d’obtenir une mise en examen des gendarmes et alors que l'enquête semble peu concluante, les Traoré peuvent compter sur le soutien complaisant d’une partie du monde médiatique pour relancer leur combat quand celui-ci s’essouffle. Dès le début, Libération consacre ainsi des dizaines d’articles engagés à la mort d’Adama. Assa Traoré, chef de file du clan, obtient même un portrait élogieux dans les pages du quotidien, quelques semaines seulement après le drame. Charismatique, elle réussit à apparaître en couverture du Times, qui accuse la France de racisme. Alors que l’affaire peine à obtenir un écho national, des personnalités du show-biz viennent relayer le message du Comité Vérité et Justice pour Adama. Un mois après la mort d’Adama, le chanteur Black M arbore ainsi fièrement l’un des tee-shirts du comité dans l’un de ses clips, atteignant les 158 millions de vues. Quelques mois plus tard, une tribune signée par des dizaines d’artistes, dont Gilles Lellouche, Omar Sy – toujours présent pour dénoncer les prétendues « violences policières » - ou encore Grand Corps Malade, offre une nouvelle résonance à l’affaire.

Instrumentalisation

Malgré ces nombreux soutiens, le clan Traoré peine à faire de la mort d’Adama une cause nationale. L’enquête avance et l’affaire semble condamnée à tomber dans l’oubli. Mais c’était sans compter sur l’opportunisme du Comité pour Adama. En mai 2020, Assa Traoré et sa garde rapprochée voient ainsi dans la mort de George Floyd, aux États-Unis, un formidable moyen de relancer leur combat. Faisant fi des différences fondamentales qui séparent les deux affaires, le Comité Vérité et Justice tente de faire d’Adama le « George Floyd français ». Après une manifestation interdite qui rassemble des milliers de personnes contre les « violences policières » et après voir obtenu le soutien de Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, le clan Traoré finit par inaugurer une fresque d’hommage aux deux hommes. Mais, de nouveau, l’élan s’essouffle et l’instruction touche à sa fin. Alors que le parquet doit prochainement rendre ses réquisitions dans la mort d’Adama, Assa Traoré tente une énième fois de relancer la cause. Quelques heures à peine après la mort de Nahel, elle retrouve la mère de l'adolescent et diffuse leur rencontre sur ses réseaux sociaux. La chef de file des Traoré apparaît, dans la foulée, en première ligne de la marche d’hommage au jeune homme mort à Nanterre. Une stratégie payante qui lui permet de rallier plusieurs milliers de personnes à sa traditionnelle manifestation d’hommage à Adama qui peinait, jusque-là, à rassembler. Sur le plan juridique, même si de nombreux recours restent possibles, le combat semble perdu. Sur le plan médiatique, en revanche, Assama Traoré peut encore espérer poursuivre sa lutte antiraciste et anti-police.

Après sept années d’instrumentalisation, si un non-lieu doit être prononcé dans cette affaire, les forces de l’ordre obtiendront-elles des excuses ? Leur travail sera-t-il réhabilité ? Poser la question, c'est y répondre.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

54 commentaires

  1. Au fait, et vous oubliez d’en parler, volontairement ?, François Hollande s’excusera-t-il pour ses prises de position quelque peu intempestives et inexcusables ?

  2. J’ ai beau cherché sur le calendrier , je n’ ai pas encore trouvé le jour de la  » saint Traoré « Me suis-je trompé de religion ? .

  3. Toute cette opération à un seul but commercial, puisque il a été démontré que les forces de polices sont innocentés de tout acte raciste et que la famille persiste pourquoi le Ministère Public qui représente la France et les français ne porte pas plainte pour harcèlement à commettre des actions interdites qui ont un coût pour l’état

    • Parce que l’état est pleutre et que ceux qui le représentent ne sont que des « pauvres couillons », comme on dit dans le pays de mon enfance

  4. Il faut que la justice passe, avec la même rigueur quels que soient les protagonistes et impartialité qui malheureusement n’est pas toujours le cas.
    Il faut cependant remarquer, que les tribunaux sont souvent saisis par les mêmes personnes, sans que leur motivation soit clairement la manifestation de la justice. Là aussi, il peut y avoir des amandes pour actes de procédure abusive, on peut toujours rêver.

  5. Excuses du clan Traoré mais aussi et surtout des ces personnalités de seconde zone prompte à prendre la défense des délinquants surtout quant ils ne sont pas blancs .

  6. Combien a coûté au con-tribuable français spolié cette affaire Traoré ? Qui a payé toutes les expertises et contre-expertises, tous les appels et re-appels en justice, toutes les manifestations organisées par ce clan ? Et qui paiera au bout du compte ? Encore et toujours cette immigration qui nous enrichit …. Je ne comprends pas que tant d’immigrés prennent font tout ce qui est e leur pouvoir pour s’installer dans ce pays raciste qu’est la France : ils sont complètement débiles ou masochistes ?

  7. Avec l’affaire Traoré qui, en soutenant la mort d’un petit délinquant, les médias ont vendu beaucoup de papiers.
    Ils n’en n’ont pas fait autant avec la mort de ce vieil homme, Philippe, massacré par trois « jeunes ».
    Au fait, comment s’appelaient-ils ? Quel était leur prénom ? Personne n’en fait mention ! Serait-ce que ces prénoms pourraient soulever la colère de la foule de Français qui ont peur de mourir à un coin de rue ? Quelle mascarade !

  8. C est pas de chance pour Melanchon et ses amis …
    La defense systematique des racailles et le flic bashing ne paie plus…

  9. marre de ces Traoré famille délinquante de père en fils et fille, j’espère qu’avec un non-lieu nous ne les entendrons plus !!

  10. Après les violences policières racistes, aura t’on droit aux violences judiciaires racistes ?

  11. Que vont-ils nous pondre à présent les traoré ? Une énième autopsie ? Vont-ils déterrer adama pour refaire une ultime expertise ? Pour montrer quoi, au fait ? Que nos choix de vie ont des conséquences ? Que se droguer est mauvais pour la santé ? Que vivre comme un délinquant expose à des risques ? C’est ce qu’on devrait apprendre aux enfants dès leur plus jeune âge, cela s’appelle l’éducation. C’est préparer les enfants à vivre en adultes responsables dans une société encadrée par des règles. Pourquoi certains le font et d’autres pas ? Pourquoi ceux qui ne respectent pas ces règles, mettent-ils toujours la faute sur les autres, alors qu’ils sont les premiers et seuls responsables de leurs malheurs ? Peut-être que cette fois la justice mettra enfin ces gens devant leurs responsabilités, les obligeant à se comporter comme des adultes, à devenir enfin des hommes. Mais il est bien sûr plus facile de rester un enfant irresponsable, colérique et tyrannique.

    • Vu que la dépouille d’Adama a été expatriée au Mali (montrant bien au passage quel est son vrai pays), il va être compliqué de l’ exhumer.

  12. Cette gauche minable prône la destruction de tout ce qui n’est pas elle, les voyous ont la part belle, ils font la une de tous ces médias minables.  » Il y a grand péril au royaume de France ! (Jehanne Darc) « 

  13. Quand les coupables se posent en victimes avec le soutien de la presse , de bon nombre d’élus et autres vedettes , que la justice est défaillante on doit subir des manifestations qui même interdites se font quand même . Que la justice fasse son boulot et que les policiers incriminés exigent des dommages et intérêts de la famille Traoré et surtout que le gouvernement mette fin à ces mascarades en faisant respecter les lois , que chaque délit soit puni comme il se doit et qu’on fasse payer les familles des coupables s’ils sont mineurs . Marre de tout ce cirque , de cette insécurité , de la façon dont sont traitées les victimes par rapport aux délinquants et criminels .

  14. C’est bizarre, Assa Traoré me fait penser à Angela Davis. Pourtant y a un petit truc qui manque. La sincérité?

    • Je vous comprends, mais je n’ai pas la « pensée » aussi large et élastique que la vôtre. D’une part, Mme Assa Traoré n’a rien à voir avec Mme Angela Davis. D’autre part, une démarche comme la sienne si elle pourrait avoir quelques chances de prospérer dans un pays gangrené comme les USA, elle n’en a que peu voire pas du tout dans un pays comme la France où la gangrène peine à déployer ses tentacules. C’est ce que disent de manière étonnement constantes les sondages réalisés , les uns après les autres, ces derniers mois. Enfin, le fond de sa démarche manque de fond et de consistance. Il e suffit pas d’affirmer et de faire pression sur les juges et la population, il faut surtout convaincre. Ça, elle ne le peut pas.

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