Victimes de piraterie : après le rêve somalien, le syndrome de Stockholm !

@Axel Imy/ Wikimedia commons
@Axel Imy/ Wikimedia commons

Le mercredi 6 novembre, Abdi comparaissait devant le tribunal administratif de Rennes. L’ancien pirate somalien est menacé d’expulsion. Les habitants d’Hédé-Bazouges, la petite commune d’Ille-et-Vilaine où il réside, se sont mobilisés pour sa défense, y compris son ancienne otage, passée du rêve somalien au syndrome de Stockholm.

C’est en mars 2009 : un yacht, le Tanit, est pris d’assaut par des pirates somaliens. Bernard Kouchner, alors ministre des Affaires étrangères, confirme : « Ces bateaux sont attaqués très loin des côtes maintenant, extrêmement loin, ce qui évidemment ne simplifie pas la tâche de l'opération européenne. »

Selon les chiffres communiqués alors par le Bureau maritime international et repris par le JDD de l’époque, « en 2008, plus de 130 navires ont été détournés au large de la Somalie et 815 membres d'équipage pris en otages ». L’Europe a donc déclenché l’opération Atalante et envoyé dans le golfe d’Aden plusieurs navires de guerre afin de protéger les nombreux cargos commerciaux et autres pétroliers, de même que les voiliers de plaisance qui persistent à croiser dans le secteur.

Les Bisounours sont en bateau

Un secteur sous haute tension et une route maritime – « la plus dangereuse du monde », dit-on alors – que le Quai d’Orsay invite pourtant à éviter. Mais sur le blog où il raconte au jour le jour son périple, l’équipage du Tanit écrit : « On fait route pour Al Mukalla et nous sommes en plein dans la zone à risque pour le piratage […]. Le danger existe […], mais l'océan reste vaste. Les pirates ne doivent pas anéantir notre rêve (sic). »

Le voilier est pris d’assaut. Il y a cinq personnes à bord, dont l’enfant du skipper et de sa compagne. Le commando de la marine qui interviendra pour les libérer va cependant se retrouver au cœur d’une polémique : dans le feu de l’action, deux pirates ont été abattus ainsi que le skipper, Florent Lemaçon, le 10 avril 2009. « J'avais des ordres très clairs, le bateau ne devait pas arriver en Somalie », a dit le commandant des opérations. Les militaires ont demandé aux otages de se coucher, mais quelques minutes plus tard, Florent Lemaçon a surgi sous le hublot. Pris pour un pirate, il a essuyé le tir des militaires.

Ramenés en France, les trois pirates rescapés ont comparu devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine le 18 octobre 2013. Ils ont été condamnés à neuf ans de réclusion. À l’issue du verdict, l’avocat des parties civiles déclare : « En ordonnant l'assaut, les dirigeants français voulaient délivrer un message aux responsables de la piraterie somalienne : les prises d’otage, ça suffit. Florent Lemaçon en a fait les frais. »

« Le droit à la réinsertion » des étrangers sur notre sol

Parmi les condamnés figurait donc le dénommé Abdi. Ayant purgé sa peine, le Somalien a intégré la communauté Emmaüs d’Hédé-Bazouges et fait, paraît-il, l’admiration et le bonheur de ses nouveaux concitoyens. Mais voilà, Abdi est menacé par une expulsion du territoire, raison pour laquelle il comparaissait devant le tribunal administratif de Rennes, mercredi dernier.

Alors, « la gauche se mobilise pour qu’il reste en France », rapporte la presse locale. Il a tout fait « pour se racheter et refaire sa vie en France », écrit Viralmag, et « c’est tout un village qui se mobilise pour le soutenir ». Dont son ancienne otage qui, « malgré le traumatisme subi lors de sa prise d’otage, considère qu’Abdi a changé et mérite de rester en France ». Appelée à témoigner, elle a déclaré au tribunal : « Je lui ai pardonné. Il était jeune, dans un pays en guerre. Aujourd’hui, c’est un homme nouveau qui essaie de s’en sortir. Son expulsion serait profondément injuste. »

La décision est en délibéré et le journal conclut : « Abdi reste suspendu au verdict qui décidera de son avenir dans ce pays qui est devenu le sien. Une histoire individuelle qui cristallise toute la complexité et les dilemmes du débat sur le droit à la réinsertion (sic). »

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 16/11/2024 à 3:47.
Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Le terme complexité est le cache-sexe du mot co … Comment peut-on défendre le maintien en France d’un pirate. Combien de personnes a-t-il violenté avant d’être pris et condamné? Que sait-on de lui, à part qu’il sort de prison et vit des ressources d’une communauté charitable?

  2.  »…Il y a cinq personnes à bord, dont l’enfant du skipper et de sa compagne… »
    Dans le but de se construire, que raconte ou racontera cette maman à son enfant concernant l’histoire de son père ?
    A propos de ce pirate-racketeur de bateaux qui en conséquence de ses actes odieux hérite de la patrie France ?
    On marche sur la tête, pauvre enfant, pauvre France.

  3. Il avait le droit de changer d’avis ! Il y a que les CONS qui ne changent pas d’avis ! Peut être que ce pirate Somalien a été suffisamant courtois et respectueux de son otage Français ! Ce qui lui a permis d’expliquer à son otage, sa cause et son combat d’être humains et d’homme libre ! Amitiés à tous Hervé de Néoules !

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