Victoire aux Pays-Bas de Geert Wilders : la question centrale de l’immigration

© Wouter Engler
© Wouter Engler

On le croyait fini. En mai 2019 à Milan, sur le podium du meeting de fin de campagne pour les élections européennes de Matteo Salvini, ce n’est plus lui la star. Une semaine plus tard, son parti ne parvient pas à faire entrer un élu au Parlement européen, avec 3,5 % des voix. Aux élections législatives de 2021, son parti qu’il a fondé en 2006, le Parti pour la Liberté (PVV) obtient 10,8 % des voix et 17 sièges.

Mercredi 22 novembre, Geert Wilders signe un retour fracassant dans l’histoire politique de son pays, il obtient 23,8 % des voix (chiffres définitifs à confirmer) et 37 sièges à la Chambre basse du Parlement des Pays-Bas. C’est aujourd’hui le grand vainqueur de ces élections législatives et la première force politique de son pays. Il caracole loin devant l’alliance des travaillistes et des écologistes de gauche (PVDA-GL).

Une campagne axée sur l'immigration

L’immigration - il parle plutôt d’« invasion islamiste » - a été le grand thème de sa campagne mais aussi celui d’autres partis. Ainsi, Pieter Omtzigt, du parti Nouveau Contrat social créé il y a quelques mois et qui obtient 20 sièges, connaît également une ascension fulgurante : il en a abondamment parlé. Et Dilan Yesilgöz, qui a repris le flambeau du Parti populaire pour la liberté et la démocratie après les treize ans au pouvoir de Mark Rutte, avait également axé une partie de sa campagne sur le thème de l’immigration, désormais incontournable dans tous les pays européens, tant la menace qu’elle fait peser sur les sociétés, du nord au sud, se fait pesante.

Les Néerlandais ont ainsi rendu justice à celui qui, le premier et parfois de façon tonitruante, avait fait de l’immigration le thème principal de son discours politique. Sous protection policière depuis 2004 et l’assassinat de Theo van Gogh, Geert Wilders reçoit continuellement des menaces de mort et il doit parfois, en fonction du degré de la menace, passer avec sa femme par la case « bunker ». Rappelons-nous l’assassinat de Pim Fortuyn, en 2002.

On s’en doute, depuis mercredi soir, tout ce que la gauche européenne politique et médiatique compte est en émoi : Frans Timmermans, figure tutélaire de la gauche européenne, est vraiment le grand perdant de ces élections, et Geert Wilders sera-t-il le « pire cauchemar de l’Union européenne », se demande Politico ?

Geert Wilders veut en effet organiser un référendum sur le maintien des Pays-Bas dans l’Union européenne dont ils sont un des six pays fondateurs. Il a également annoncé vouloir fermer ses frontières, renvoyer chez eux les illégaux et se rapprocher de l’immigration zéro. S’il a, non pas édulcoré son discours, mais élargi son programme, notamment sur le plan économique, son arrivée en tête est un véritable tremblement de terre, aux Pays-Bas.

Comme ce fut le cas en Suède où, en septembre 2022, le parti Les Démocrates de Suède est arrivé en position telle de pouvoir faire pression sur le gouvernement sur le plan migratoire, ce retournement de situation – la vidéo du moment où Wilders apprend le résultat du vote laisse penser qu’il ne croyait pas à un tel score – signe l’échec du multiculturalisme prôné et mis en œuvre par les social-démocraties nordiques. « Aux Pays-Bas, l’électeur a parlé, il a dit qu’il en avait marre, complètement marre, et nous nous assurerons que les Néerlandais soient la priorité numéro un », a-t-il déclaré.

Et en Europe ?

L’immigration massive, la transformation profonde, sociale et démographique, des démocraties du nord de l’Europe ont sonné le réveil des peuples conscients de ce qu’ils sont en train de perdre.

Les réactions politiques en Europe ne se sont pas fait attendre et, à l’approche des élections européennes, l’exemple néerlandais annonce de façon fracassante que l’immigration sera le thème central du scrutin.

Le premier, Viktor Orbán a salué ce résultat : « Le vent du changement est là », a t-il écrit sur X. Marine Le Pen a renchéri « Je me félicite de la victoire de Geert Wilders et de son mouvement qui sont des alliés du Rassemblement national. Beaucoup de peuples en Europe veulent maîtriser l’immigration massive et anarchique et contestent le fonctionnement actuel de l’UE. » Suivie de près par Matteo Salvini, Santiago Abascal (président de Vox) ou encore le député André Ventura au Portugal.

Certes, Geert Wilders aura du mal à constituer une majorité pour gouverner, mais il se dégage aux Pays-Bas comme un fort parfum de recomposition politique. Dilan Yesilgöz avait, par ailleurs, récemment fait une ouverture sur un éventuel gouvernement avec le parti de Geert Wilders, avant de se rétracter dans un exercice de communication assez brouillon. Mais les jeux sont ouverts, Pieter Omtzigt s’est dit prêt à discuter…

Et en Europe ? Ce résultat électoral sonne comme le lancement officiel de la campagne électorale. Avec, pour thème central, l’immigration.

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Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Si seulement le résultat des futures élections de 2024 donnait une grande majorité à droite ? Balayons toutes ces lois européennes qui gèrent notre immigration !! sortons Mme Van der Leyen du paysage et aussi une grande partie des 27 nains actuels qui acceptent tout et en plus la limitation totale des pouvoirs de la CEddh !! Et pas d’Ukraine dans la l’UE, le pire des pays de trafics en tout genre, peuplé de descendants nazis, pour preuve le nom des rues de Kiev !! vérifiez !! Votez en 2024 pour la droite que vous voulez mais à droite, dispartition de la gauche islamo et de Renaissance !! l’avenir de l’Occident est en jeux resaississons nous avant qu’il ne soit trop tard !!!

  2. « On le croyait fini. En mai 2019 à Milan, sur le podium du meeting de fin de campagne pour les élections européennes de Matteo Salvini, ce n’est plus lui la star. Une semaine plus tard, son parti ne parvient pas à faire entrer un élu au Parlement européen, avec 3,5 % des voix. Aux élections législatives de 2021, son parti qu’il a fondé en 2006, le Parti pour la Liberté (PVV) obtient 10,8 % des voix et 17 sièges (merci la proportionnelle) . » Ah ah ! Cette petite phrase me dit quelque chose. Meloni, la Suède, Vox, l’AfD, Wilders ? Et …. bientôt ….

  3. L’immigration est « LE » sujet central de toute élection en Europe.
    La gauche sans exception, où qu’elle sevisse, continue à fermer les yeux.
    Puis, quand le résultat sort des urnes, elle est furieuse que les électeurs les boudent, voire leur font la leçon.
    Alors, ils n’ont qu’un mot à la bouche « fachos » !
    Ben non, les électeurs en on tout simplement ras-le-bol.

  4. C’est la seule bonne nouvelle de la journée, peut-être même de la semaine !!! Nous avons l’exemple, et nous savons maintenant ce qu’il nous reste à faire…! À vous de jouer, les Français.

    • Dites nous ce qui vous fait douter car nous l’avons. Et je puis vous dire que sa trajectoire sera la même que celle de Méloni et Wilders.

  5. Tout doucement la vérité se fait jour et après la mort de Thomas ( une de plus) les gens commencent à sortir de leur léthargie

  6. Bonne nouvelle, qui s’ajoute à d’autres, mais le but est pas encore atteint, la victoire totale. En France essayons de
    faire encore mieux.

  7. Ah, ça panique dans les milieux de la bien pensance ! Les Gluxman et autres… Emission de Calvi hier sur BFM consacrée à cette élection : seul invité politique, un guignol à Macron… En France, méfions-nous du gouvernement des juges. Ils sont bien capables de préparer un coup tordu à la Fillon pour entraver les Européennes.

  8. Bien d’accord avec les objectifs de ces droites qui pointent partout en Europe et sur leurs objectifs de réduire voire de stopper l’émigration massive de gens qui ne veulent rien d’autre que de nous détruire, mais là où ils deviennent carrément incohérents, c’est dans la recherche d’une alliance avec la Russie, qui elle aussi veut détruire l’occident. D’accord encore avec ces mouvements qui cherchent à s’émanciper d’une tutelle américaine, mais avoir recours à la Russie est aussi insensé que de recourir aux islamistes pour parvenir.

  9. Vu de l’étranger la France devient une exception. Je parlais il y a 48h avec des gens en Suisse qui ne comprennent pas pourquoi une telle situation en France. Exemple : ici en région une femme française de papier qui a fait vivre un véritable drame à son mari pendant 3 ans obtient la garde alternée alors qu’elle est psychiquement atteinte et freqyente la racaille. Elle travaille 25h par mois dans une entreprise de nettoyage. La commune fausse droite gauchiste lui accorde un appartement de 4 pièces. Elle touche une pension pour elle et 2 enfants de 600 euros. Avec les nombreuses aides diverses qu’elle perçoit, avec l’appui des associations , avec un loyer symbolique, elle touchera au final plus que son mari agent de maîtrise chez un gros opérateur en téléphonie et qui travaille en moyenne 170h par mois.

    • La France est une exception …… comme Cuba, comme la Corée du Nord, comme le Vénézuela. Un des rares pays du monde avec parti communiste ayant pignon sur rue et un lider maximo islamo gauchiste faisant près de 22% aux élections présidentielles.

  10. Bien que Geert Wilders soit le grand vainqueur de ces élections législatives et la première force politique de son pays, comme le souligne Marie d’Armagnac, il n’est pas sûr de pouvoir constituer une majorité pour gouverner et nous savons tous la force de la gauche pour bloquer toute union à droite. Restons prudent, rien n’est fait, même si un espoir se lève pour que les peuples reprennent le contrôle de leur destinée.

    • Ne relativisons pas trop. Et prenons en compte 2 point essentiels. 1/ Le système électoral hollandais c’est la proportionnelle. Ils savent « structurellement » s’en accomoder. Ne voyons pas ça de façon franco-française. 2/Bien plus important est la DYNAMIQUE. Dynamique hollandaise et dynamique européenne. Cette dynamique se confirme, s’amplifie, se répand à tous les Pays européens. Vous avez tout à fait raison sur un point. C’est précisément cette dynamique qui flanque une trouille intense à une gauche désavouée et battue intellectuellement et peut engendrer des réactions imprévisibles de sa part.

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