Villepin à la Fête de L’Humanité : gaullisme ou opportunisme ?

capture d'écran chaîne YT de l'Humanité
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Ce dimanche 15 septembre, Dominique de Villepin était l’invité d’honneur de la Fête de L’Humanité. S’il est traditionnel que des personnalités de droite soient reçues afin d’apporter une certaine contradiction, il est plus rare qu’elles soient ovationnées comme ce fut le cas de l'ancien Premier ministre, dimanche. Un plébiscite d’autant plus marquant qu’il fait suite à la bronca réservée à François Ruffin. Ce dernier, après avoir dénoncé les pratiques électorales de LFI, fut en effet accueilli aux cris de « Siamo tutti antifascisti ». Quant à Villepin, deux « faits d’armes » lui valent aujourd’hui d’être la nouvelle coqueluche de l’extrême gauche. Premièrement, le soutien qu’il a apporté au NFP suite aux élections législatives de juin qui virent la coalition de gauche arriver en tête. Dimanche, il a notamment déclaré : « Il y a une force arrivée en tête (aux élections législatives anticipées), il fallait lui donner sa chance », ce qui lui valut une autre salve de hourras. Mais surtout, c’est sa position sur le conflit en cours à Gaza qui lui vaut l’amour de la gauche. Dominique de Villepin est en effet connu pour ses critiques envers la politique du gouvernement de Benyamin Netanyahou. S’il ne nie pas la responsabilité du Hamas dans la situation actuelle, il estime néanmoins que « le droit à la légitime défense n’est pas un droit à la vengeance indiscriminée ». À ses yeux, seule la solution à deux États permettrait de sortir de l’impasse actuelle, et la France, forte de son expérience des conflits, des crises et du terrorisme, a un rôle à jouer dans la résolution du conflit.

Gaullisme de posture

Partant de ce constat, il est aisé de comprendre pourquoi il fut ovationné à la Fête de L’Humanité. Villepin serait-il devenu de gauche ? Rien n’est moins sûr. C’est, en tout cas, l’avis du politologue Pierre-Yves Rougeyron, interrogé par BV. Selon lui, « Villepin a toujours voulu plaire à la gauche, par clientélisme. Il se prétend gaulliste mais n’en a pas la subtilité. Quant aux législatives, il a sa propre lecture de la Constitution, à laquelle on peut opposer l’article V ». Selon cet article, le Président assure « le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État ». Le risque d’une motion de censure à l’encontre d’un gouvernement issu du NFP était réel, ce qui aurait de fait provoqué l’instabilité des institutions…

Quant au conflit israélo-palestinien, là aussi, le bât blesse. Si le général de Gaulle avait lui-même une position critique à l’égard d’Israël, il n’en demeurait pas moins un grand ami de la démocratie du Proche-Orient. On lui reproche souvent la phrase sur « le peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur » concernant les Juifs. Pourtant, David Ben Gourion, Premier ministre d'Israël à l'époque et ami du général, comprit le premier qu’il ne fallait pas y voir un revirement antisémite de De Gaulle et prit publiquement la défense de son ami français.

Pour le politologue Arnaud Benedetti, contacté par BV, on peut ainsi douter du gaullisme dont Villepin se réclame : « On a du mal à définir l’objet politique qu’est Dominique de Villepin. Il cherche à incarner une position gaulliste mais semble plutôt servir de caution au NFP. Ses prises de position sont discutables ». Dominique de Villepin a-t-il évolué, est-il un homme de droite qui est lentement passé à gauche ? Pour Arnaud Benedetti, « Villepin a toujours voulu incarner quelque chose à part, l’homme politique en dehors des partis. Il n’est pas de gauche, mais il a toujours voulu plaire à cet électorat ». Une stratégie qui a ses limites. Si le discours de Villepin semble plaire à beaucoup de monde, à gauche, il ne fait pas l'unanimité. Il ne séduit pas, par exemple, le militant communiste révolutionnaire Anasse Kazibe selon qui Villepin est « une ordure de politicien bourgeois ».

Villepin cherchera-t-il à se radicaliser pour plaire à toute l'extrême gauche ? Rien n'est moins sûr, d'autant que de la séduction à la compromission, il n’y a qu’un pas…

 

Vos commentaires

39 commentaires

  1. La plupart des LR et surtout des centristes ont toujours eu le cœur à gauche et le portefeuille à droite : la politique qu’ils ont menée depuis bien trop d’années et qu’ils souhaitent encore poursuivre avec le bilan catastrophique de la France dans tous les domaines ne le prouve-t-elle pas ? Il serait temps que les Français, pour un certain nombre du moins, descendent de leur petit nuage en suspension avant que l’orage qui gronde ne le fasse.

  2. La solution à deux états !! Sauf que les Palestiniens n’en veulent pas. Ce qu’ils espèrent, c’est la disparition pure et simple d’Israël. La preuve par les cartes géographiques, proposées dans les écoles, ne mentionnant pas ce pays !

  3. Un opportuniste en mal de notoriété qui a besoin d’être reconnu, pas par moi en tout cas.
    Un joli bonimenteur de la politique qui sait tout,a tout vu et sait tout faire. Ce qu’il ne sait pas, ils sont légion comme lui.

  4. Villepin a déclaré il y a quelques années que Israel était une parenthèse de l’histoire et que dans cent ans ce pays n’existerait plus .
    Quelles sont ses sources de revenus en ce moment ? il prodigue des conseils aux pays musulmans du Moyen Orient .
    La solution a deux Etats , Israel est un Etat démocratique , l’Etat palestinien serait une théocratie musulmane.

  5. Précision : on dit que la France est à droite parce qu’on se base sur le seul biais de l’immigration et de la sécurité. C’est un raccourci trompeur. Dans l’esprit des gens la droite n’est plus que ça car elle s’est alignée sur la gauche pour tout le reste. Quant au RN, je disais qu’il se soumettait sur l’Ukraine et le covid mais on peut y ajouter la censure, l »UE totalitaire, la vassalité à Washington…Il n’y a plus qu’une seule pensée en France. Tout ce qui s’en écarte est diabolisé (complotisme, fascisme, racisme et j’en passe et des meilleures) et aucun parti n’a le courage de s’en extraire.

  6. Vous cherchez des raisons du mauvais côté, il faut toujours regarder sous la table, Villepin a tout simplement une entreprise de conseil qui vit en partie dres subsides Quatariens, il ne faut pas chercher plus loin, la pensée de Villepin passe par son portefeuille.

  7. La droite de Sarkozy à Villepin a toujours voulu plaire à la gauche. Du coup, sans s’en rendre compte, ils sont tous passés à gauche sans se l’avouer mai,s au fond, ils le savent très bien. Il n’y a plus de droite en France. Quant au RN, il a un programme social à faire pâlir la gauche et sur le reste il s’écrase où suit le mainstream (Covid, Ukraine) pour ne pas trop lui déplaire. Les commentateurs politiques disent que la France est à droite. C’est faux, elle est bien ancrée à gauche. L’échiquier politique s’est fortement décalé vers sa gauche. Les français avec. Ce qu’on appelle extrême droite aujourd’hui était le centre droit des années 80.

  8. Dernière chose. Le gaullisme, c’était la démission de Macron, dès les européennes et au plus tard à l’issue du 1 ° tour des législatives. Le reste c’est du baratin.

  9. C’était facile en 2003 de voir ce à quoi jouaient les Américains : ils mentaient, ils reniflaient l’odeur du pétrole, quand ils n’étaient pas d’une ignorance CRASSE. Voir le film d’Oliver Stone sur G W Bush. Bien se souvenir de Cheney, Rumsfeld, Wolfowitz, Rice & C° C’est sidérant. Villepin a fait son brillant numéro. Il ne les a pas raté, mais il ne fallait pas sortir de l’ENA pour savoir ce qui allait arriver en Irak et en Afghanistan. Et il capitalise. Mais depuis qu’est -il devenu ? Un affilié du Qatar. Un avocat d’affaires très largement rémunéré par des clients qui doivent apprécier ses positions. Pour certains c’est la Chine, pour d’autres ce sont les pétrodollars.

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