Villiers prévoit un « collapsus » : avec Barnier, c’est le « système » qui tombe

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Peur sur la ville. Les Français s’inquiètent et ils ont de quoi. La mutation politique en cours dépasse en effet largement les habituels changements de locataires de l’hôtel Matignon où un centriste mondialisant remplace un européiste béat. Cette fois, c’est autre chose qui se joue et chacun le sent, au RN, au centre comme à l’extrême gauche, parmi les médias et chez les électeurs. Ce n’est pas d’un changement de Premier ministre qu'il s’agit, ni d’un changement de ligne – un peu plus d’économique ou un peu moins de social -, non. La guerre du budget, qui a toutes les chances de provoquer la chute du gouvernement Barnier, plonge ses racines bien au-delà des nuances politiques auxquelles nous nous sommes habitués faute de mieux, du rouge peint en vert au vert peint en rouge. Les questions de fond se posent. Et si la probable chute du gouvernement sur fond de déroute du macronisme marquait une étape dans la sortie progressive de ceux qui ont gouverné la France quarante ans durant ? Si cette destruction systématique de la nation, à force d’ouverture des frontières, de laxisme, d’effondrement des naissances et de destruction de l’école, si cette politique était en train de s'enfoncer lentement dans le passé ? Si l’on vivait un retournement ? Si les Français étaient précisément, par leurs votes de juin et dans les sondages qui ont suivi, jusqu’aux soubresauts parlementaires d’aujourd’hui, en train de tourner la page ?

Philippe de Villiers et les défis de souveraineté

Pour Philippe de Villiers, interrogé ce 3 décembre par Sonia Mabrouk sur Europe 1, « nous ne sommes plus dans une crise d’alternance mais dans une crise de régime, une crise institutionnelle ». L’auteur de Mémoricide (Fayard) rappelle que la IVe République est morte car elle fut incapable de résoudre le problème de la décolonisation. Pour Villiers, la Ve se meurt car elle échoue à résoudre les défis de souveraineté. « Cette crise va nous entraîner vers un collapsus qu’il va falloir surmonter », prévient-il.

Sans jamais oublier de diaboliser leurs adversaires, les partis au pouvoir ont en effet soigneusement préparé le collapsus, en cumulant les échecs et les erreurs… Première erreur, pour sauver le « système », le Président Macron et son propre avenir politique, Gabriel Attal a mis en place, lors des dernières législatives, des alliances diaboliques allant du NFP jusqu’aux LR. Il a ainsi mis en lumière cette coalition que Marine Le Pen nomma l’UMPS. Le RN devrait lui adresser des fleurs. Attal a ainsi installé peu à peu dans les esprits cette conclusion logique : tout vrai changement passera par le renversement des partis jusqu’ici au pouvoir. Le front républicain souffre ainsi de son propre poison. La bonne volonté de Retailleau, agitée comme un chiffon rouge devant l’électorat RN, n’aura pas suffi. Deuxième erreur, la ligne politique de Barnier s’inscrit dans le sillage des quarante années dramatiques qui ont précédé : pas de rupture.

Trois erreurs du système

Or, les faits sont têtus, les maux de la France graves et identifiés. Face à la faillite du pays, Barnier ne touche pas à l’AME (1,3 milliard), ne dit rien de la fraude sociale, ne remet pas en cause la facture migratoire (20 à 50 milliards), ni la facture européenne (23 milliards), ni la PAC, ni la politique migratoire dans son ensemble ; et la liste pourrait être longue. Il se contente d’augmenter les prélèvements dans un pays lesté de près de 3.300 milliards de dettes, le plus gourmand en taxes et impôts de l’OCDE. Perseverare diabolicum. Troisième erreur, le « système » des anciens partis de gouvernement a cru à ses propres manœuvres : l'équipe Barnier aura pensé qu’elle pouvait continuer à ignorer le RN, comme avant, à condition de nouer des alliances « antifascistes ». Sauf que l’antifascisme a fait long feu, que le RN n’a plus le même poids au Parlement et que Marine Le Pen ne peut se déjuger auprès de ses électeurs pour sauver le soldat Barnier. Le grand négociateur du Brexit échoue sur la négociation...

Confusément, les Français comprennent que « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître », comme le disait Gramsci. À quelques semaines de Noël, l’heure du choix approche. Stop ou encore. Gramsci précisait : « Et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. » Mais quand le bilan du système en place est monstrueux…

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

88 commentaires

  1. « Cette république échoue à résoudre les défis de souveraineté ». Par qui est attaquée notre souveraineté ?
    Par la mondialisation, évidemment, qui en est l’exact contraire. Il n’y a pas de souveraineté sans nation.
    Par quel moyen la mondialisation nous prive-t-elle de notre souveraineté ? Par une instance supra politique qui nous impose ses lois : l’union européenne.
    Comment s’en libérer et retrouver notre souveraineté qui, seule, peut prendre en charge nos intérêts et non pas ceux des autres ? En quittant tout de suite cette union européenne.
    C’est tellement évident, tellement basique, que je trouve curieux de devoir le préciser ici.
    Par ses lois, l’union européenne nous a apporté le malheur, économique, social, environnemental, liberticide. Nous a-t-elle apporté concrètement quoi que ce soit de positif ? Non, je ne vois pas, rien de positif, zéro.
    Pourquoi y restons, aussi stupidement ? Je ne sais vraiment pas ! Par incapacité de prendre des décisions par nous-mêmes ? Par crainte de devoir nous assumer en sortant de prison ? Par bêtise aveugle ?

  2. Nous croyons incrédules que l’époque de la révolution française était loin et ne se renouvellerait pas de sitôt , il n’en est rien. Avec la barbarie de cette période en moins , le décor est à peu près identique , les ententes d’hier sont les ennemis du jour , les extrêmes se rallient mais se haïssent , bref un monde en pleine tourmente et le citoyen lambda est pris en otage , quelle triste vision que nous offrons au monde. Les politiques en poste sont sur le couperet de la motion de censure mais essaient en vain de trouver un espoir en dénonçant les collusions des groupes hétéroclites , tel M. Retailleau qui invectivait ce mardi à l’assemblée nationale le RN pour son soutien à la censure proposée par le NFP , ce monsieur oublie que nombreux ont été ceux et celles de son groupe (ou apparenté) à avoir eu les suffrages de cette ultra gauche , pour ne citer que messieurs Wauquiez , Darmanin , et à un degré moindre notre chère députée de Savoie (celle là même qui a mis le feu aux poudres de la réplique de M. Retailleau). Avec toute cette mascarade politicarde comment faire encore confiance à nos représentants .

  3. Il faut se calmer quand on veut parler de souveraineté : ce sont les gafam, les multinationales, les institutions européennes et mondiales qui gouvernent ; et en France, il y a de nombreux contre-pouvoirs et notamment le Conseil d’Etat et le Conseil Constitutionnel. Donc, le gouvernement est faible. Mais les Français fainéants, individualistes, inciviques et dont nombreux collaborent avec l’islamo-gauchisme ont aussi leur part de responsabilité

  4. Si le RN vote la censure j’aurais un profond doute sur le sérieux de Marine Le Pen
    Voter la censure ne servira à rien à mon avis ; en tout cas pas à redresser la France
    La réforme du mode de scrutin aux Législatives (passage à la proportionnelle) est sur la table. Marine Le Pen devrait s’ en souvenir

  5. La France est devenue une écurie qu’il faut nettoyer eu égard à la course effrénée des politicouards pour conserver leurs places. Ils parlent en fonction de leurs intérêts depuis le sommet de l’échelle jusqu’en bas. La France n’est pas leur objectif contrairement à une majorité du peuple qui n’en peut plus. Les excellentes analyses de Philippe de Villiers sont dignes d’un visionnaire. Lui serait un grand président pour notre nation.

  6. Les analyses de Ph. De Villiers sont toujours pertinentes, c’est un excellent visionnaire du déclin de la France.
    Lors des élections à la députation, le RN sentait mauvais, il fallait à tout prix faire barrage au RN et des alliances avec le NFP étaient de rigueur, aujourd’hui le gouvernement a besoin des voix du RN et donc c’est le NFP qui sent mauvais (c’est vrai qu’il sent mauvais) et le gouvernement, barnier en tête dénonce une soi disant alliance du RN avec le NFP, mais ça n’a rien à voir, ce n’est pas une alliance, la censure est nécessaire pour que ce budget fait de taxes , d’impôts etc…. soit retiré. Macron se grandirait si il démissionnait, mais son orgueil est plus fort que son honneur.

  7. De là où ils sont, les Lola ,Philippine ,Thomas, Enzo, Paty, Bernard et les autres auront savonné la planche de Michel Barnier .Ils n’ont pas oublié le mépris de Dupont -Moretti et sa petite poloche .

  8. Michel Barnier, ancien député, ancien sénateur, ancien ministre, ancien député européen, ancien commissaire européen. Comment imaginer que la solution puisse venir de quelqu’un qui a contribué à créer le problème ? Il faudra chercher la solution ailleurs et la note va être salée, car les Français vont devoir la payer tôt ou tard.

    • « Comment imaginer que la solution puisse venir de quelqu’un qui a contribué à créer le problème ? » Le problème, justement, c’est qu’il y a encore beaucoup trop de gens à imaginer cela possible. Que ce soit par naïveté, bêtise ou ignorance crasse, le résultat reste toujours le même.

  9. Marine Le Pen fait un faux calcul, dans sa petite tête, voter la censure c’est contraindre Macron à démissionner et se trouver avant le jugement du tribunal, candidate à la présidence de la république et toujours dans sa t^te é, élue sans problème. Encore une grave erreur d’ignorance, si madame Le Pen avait une once de bon sens, elle aurait compris qu’un sociopathe narcissique comme l’est Macron , ne démissionnera jamais; elle va donc « foutre « le bordel en France pour rien, elle devrait de temps en temps jetter un oeil aux marchés financiers.

  10. Après l’échec de Zemmour contre le Rassemblement National, ce sera donc Philippe de Villiers, qui avait fait partie de son équipe que Bolloré a décidé de mettre cette fois sur orbite présidentielle. La campagne lancée par CNews contre « cette irresponsable » de Marine Le Pen n’en est qu’une première manifestation.

  11. Dans ce budget, Barnier n’a concédé à Marine le Pen, que quelques cacahuètes ; quel mépris total pour les onze millions d’électeurs considérés comme des ploucs fascistes ! Un budget daté, d’une autre époque maintenant, ne sachant que taxer à outrance (à l’européenne) un peuple entrant en agonie, alors qu’il aurait fallu toucher l’AME (1,3 milliard), la fraude sociale, remettre pas en cause la facture migratoire (20 à 50 milliards), la facture européenne (23 milliards), la PAC, les distributions gratuites à l’Afrique et même à la Chine ! etc.
    Barnier a raté l’occasion de rentrer dans l’histoire comme l’homme qui aurait relevé la France. Mais pour cela, il aurait dû abandonner l’idéologie européiste progressiste. Il s’est révélé n’être qu’un second
    couteau, un petit fonctionnaire gris, ne croyant pas à la grandeur de la France.

    • Vous devez penser sans doute comme Mélenchon que la dette n’est qu’un bout de papier ? Je trouve que Barnier a fait beaucoup de concessions à Marine Le Pen compte tenu de l’état du pays sans compter la promesse d’adopter la proportionnelle aux prochaines législatives.

      • Si on avait adopté les réformes structurelles, les dépenses inutiles et délirantes, la dette aurait pu être largement maîtrisée, l’argent économisé aurait pu être utilisé pour relancer l’économie… Quant à la proportionnelle, cela reste une promesse ; Macron avait déjà fait cette promesse. Et vous savez ce que l’on dit : “Comme la croûte des pâtés, les promesses sont faites pour être rompues.”

  12. Si les Français étaient précisément, par leurs votes de juin et dans les sondages qui ont suivi, jusqu’aux soubresauts parlementaires d’aujourd’hui, en train de tourner la page ? … écrivez vous ! …
    Il ne faut pas « tourner la page » mais bel et bien « renverser la table » et nettoyer de font en comble les « ors de la république française » tellement elle est en putréfaction ! …
    d’ailleurs Barnier a été « nommé » à point pour montrer que les système est vérolé de l’intérieur ! … Quel abruti aurait pu croire un seul instant que ce « petit homme gris » avait la volonté de redonner à la FRANCE toute sa souveraineté ?

    • La Vème République est bien faite mais pour des hommes comme de Gaulle et non par des petits bonhommes incultes, immatures

    • Oui, à ce stade de l’infection un drainage chirurgical de l’abcès est nécessaire. Si rien n’est fait, le stade suivant sera l’amputation pour éviter la septicémie.

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