Violeur en liberté vs. policier en prison : la Justice inverse la culpabilité

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Il y a une semaine, un homme suspect a été intercepté par les services de sécurité de l’hôpital d’Argenteuil. Il est accusé d’avoir agressé sexuellement, peut-être violé, deux dames de 93 et 95 ans. Quelques heures après les faits, l'une des deux dames décédait. Puis, il y a seulement quelques jours, la seconde dame est, elle aussi, décédée.

Comment ne pas imaginer que les agressions qu’elles ont subies ont un lien direct avec leur santé ? Et donc que le violeur d’arrière-grand-mères est non seulement violeur mais aussi meurtrier. Mais comme si ces crimes monstrueux n’étaient pas suffisants pour faire grandir le scandale public, la Justice a aussi pris une décision incompréhensible.

En effet, 48 heures après le début de sa garde à vue, Samir B., le principal suspect, a été présenté à un juge. Selon Europe 1, il est d’ailleurs déjà connu pour des faits similaires d’agression sexuelle.

Pourtant, contre toute attente, tout bon sens et toute justice, le juge des libertés et de la détention n’a pas placé Samir B. en détention provisoire. En attendant son procès, il est placé sous simple contrôle judiciaire.

Cette mansuétude interroge au regard de la gravité des crimes auxquels cet homme est lié. Elle interroge également lorsque mise en comparaison avec la détention provisoire toujours en cours de Florian M., le policier accusé d’avoir tiré sur Nahel Merzouk à Nanterre, toujours en prison depuis bientôt quatre mois.

Comment expliquer ce deux poids deux mesures ? Comment la Justice peut-elle être aussi laxiste avec un homme au casier judiciaire rempli, suspecté de viols et de violences physiques et psychiques ayant entraîné la mort ?

Le progressisme pénal dans ses œuvres

Ces décisions prises par des juges ne sont pourtant pas qu’individuelles. Elles sont le fruit de courants de pensée puissants dans le milieu pénal, et notamment parmi les magistrats, comme « la défense sociale nouvelle » ou le marxisme judiciaire pratiqué par le Syndicat de la magistrature.

Née en Italie, la défense sociale nouvelle a été remise au goût du jour par un professeur de droit français, Marc Ancel, à partir des années 1950.

Son idée maîtresse est que « la peine a pour fonction primordiale la réadaptation sociale du délinquant », car son objectif final est de restituer au criminel « sa pleine valeur de personne humaine consciente de sa dignité et de sa responsabilité ».

La « défense sociale nouvelle » estime donc que la peine ne doit plus punir, ne doit plus expier et ne doit même plus dissuader, car elle décrète ces objectifs inutiles.

L’idéalisme à souhait de cette doctrine trouve immédiatement un public parmi les jeunes juristes, et son auteur, Marc Ancel, est vite élevé au rang de prophète du progressisme judiciaire. Mais Marc Ancel n’est pas le seul à attaquer la conception traditionnelle de la justice.

En juin 1968, le Syndicat de la magistrature naît, d’abord pour contester des pratiques au sein de la hiérarchie judiciaire, puis pour politiser – à gauche - une Justice accusée d’être déjà politique.

Puis, apportant de l’eau à leur moulin (et réciproquement), Michel Foucault théorise notamment le refus de la prison, institution bourgeoise d’oppression des plus faibles, dans Surveiller et Punir » (Gallimard).

De la confusion à l’inversion de la culpabilité

Ces philosophies pénales des années 1950 à 1970 ont convergé vers un but commun : la confusion, puis l’inversion de la culpabilité. Cinquante ans plus tard, la pensée dominante en matière pénale ne sait plus qui est coupable et qui est victime.

En effet, le violeur, l’agresseur ou l’assassin n’est plus une personne responsable de ses actes mais une victime de la société. Et plutôt que de juger l’acte qu’il a en face de lui ou de protéger le public, le juge est invité à réparer les torts que la société a occasionnés au coupable.

Et de son côté, la vraie victime, celle qui a subi une intrusion chez elle de nuit ou qui a ordonné à un chauffard dangereux de s’arrêter, doit s’incliner devant l’impératif de réadaptation sociale du condamné.

Heureusement, les magistrats ne succombent pas tous à cette idéologie, mais tous en sont frappés. Le Syndicat de la magistrature rassemble environ un tiers des voix aux élections professionnelles, c’est énorme, mais une majorité de magistrats ne peut pas être considérée comme idéologue.

Néanmoins, même minoritaires, ces activistes restent très vocaux et, à quelques exceptions près, parviennent à faire régner un conformisme au sein de la magistrature. Et pas n’importe lequel : un conformisme à gauche.

Impossible de dire avec certitude si Florian M. a été victime de la confusion des victimes ou de pressions politiques pour éviter d’autres émeutes. Impossible de dire si Samir B. a été laissé en liberté car le juge a voulu réparer les torts que la société lui a causés. Mais ce qui est certain, c’est que cette justice-là ne protège pas les Français.

Pierre-Marie Sève
Pierre-Marie Sève
Directeur de l'Institut pour la Justice

Vos commentaires

32 commentaires

  1. La justice française du ministre de la justice, Dupond-Moretti, lui-même en délicatesse avec « sa » justice qui marche sur la tête.
    Puis « on » feindra de s’étonner que les policiers au mieux démissionnent, au pire commettent l’irréparable en mettant fin à leurs jours.

  2. Et nos policiers dans tout ça ? je trouve qu’ils ont bien vite capitulés. Et que leur pauvre collègue abandonné de la nation qu’il a pourtant servie toute sa vie, doit se sentir bien seul….Privé de contact avec sa famille, peine scandaleuse, il doit avoir le temps de méditer sur l’ingratitude de ses compatriotes. Je serais de lui, une fois libre, je quitterais à tout jamais ce pays de traitres…

  3. Illustration des « valeurs de la république ». Et qu’on ne nous oppose pas que les prisons débordent. Car c’est justement en raison de l’application des valeurs de cette république, qui confond victimes et bourreaux.

  4. « Comment expliquer ce deux poids deux mesures ? » : tout simplement par la « pétoche » de ceux qui tentent désespérément de nous faire croire qu’ils gouvernent encore le pays…

  5. Mais les français ont entériné tout cela en réélisant Macron contre MLP. Chialez, éructez, mais subissez. Les français ont choisi, et il y a tout juste 17 mois…

  6. La France est peut-être le seul pays au monde où les policiers vont plus vite en taule que les malfrats ;voire les criminels. Les juges devraient être alignés sur le même régime que les policiers, au regard de leurs fautes professionnelles.

  7. mais quel justice,! de gauche bien sûr ! jusqu’à ce que bientôt les victimes fassent justice elles mêmes , et c’est ce qu’il va arriver !

  8. Si le violeur c’était appelé Pierre Durand, il serait en prison tout comme si le policier c’était appelé Samir B. serait libre. La « justice » rouge n’a pas pour objectif de protéger les Français de souche.

  9. Avec un garde des sceaux comme celui que nous avons actuellement allant ce faire applaudir a la prison de Freines tout un symbole ces adeptes de Baudot ont encore de beaux jours devant eux et ne sont pas prêt de rendre des comptes

  10. ce type est un « héros ». Il a éteint des retraites qui coutent cher. Il est en mission. Combien de retraite la justice va-t-elle lui permettre de clore. La justice, en France, marche sur les mains, comme un singe.

  11. Cette justice ne protège en effet plus les français qui vont devoir se défendre par tous les moyens . Souhaiter du mal à autrui n’est pas bien mais tant pis parce qu’on en vient à souhaiter que ceux qui agissent ainsi soit touché (eux ou leurs proches ) à leur tour par cette violence , ce n’est qu’ainsi qu’ils retrouveront le bon sens et la vraie définition du mot  » justice  » .

  12. Va t’il falloir une nouvelle révolution pour mettre à mal ces magistrats et politiques … je doute que les français aient le courage au contraire de nos nouveaux ennemis , oui j’emploie ce mot à propos d’une certaine fange de notre société

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