Visite de Macron en Arabie saoudite : le Louis de Funès de la diplomatie…

@Ludovic MARIN / POOL / AFP
@Ludovic MARIN / POOL / AFP

Le gouvernement de Barnier est sur le point de tomber, à ce qu’on dit. Le président de la République, lui, est en voyage, vers un Orient qui, comparé à notre classe politique, ne semble finalement pas si compliqué. 219 ans après la victoire de Napoléon à Austerlitz, par une cocasse ironie du sort, Emmanuel Macron posait le pied, ce 2 décembre 2024, sur le sol saoudien, espérant y décrocher des contrats importants. Le prince Mohammed Ben Salmane (MBS, pour la presse), souverain de facto – le roi son père étant très malade -, a engagé, on le sait, un ambitieux projet de transformation du pays, baptisé « Vision 2030 ». Certes, il a réduit la voilure, ces derniers mois, mais la France espère encore faire partie des prestataires…

En 2018, en Turquie, MBS avait fait arrêter, transporter à l’ambassade d’Arabie saoudite, assassiner puis couper en morceaux un journaliste répondant au nom de Jamal Khashoggi. Les caméras avaient saisi les sanglants pieds nickelés du renseignement saoudien en pleine action. Les témoignages, du médecin légiste notamment, lequel avait tronçonné ce brave journaliste en écoutant de la musique dans ses oreillettes, avaient achevé de scandaliser l’opinion publique dite internationale – en réalité, occidentale… Et pourtant, dès 2022, Emmanuel Macron, nouvellement réélu, avait accueilli MBS avec beaucoup de sympathie, mettant un terme, parmi les premiers, à l’isolement de l’héritier saoudien sur la scène internationale.

Servilité

Chose amusante, on trouve, dans cette délégation, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, à qui l’on doit déjà la gestion de notre expulsion du Tchad et du Sénégal, pas plus tard que la semaine dernière. Le manifeste des passagers de l’avion présidentiel a dû être fait avant le drame. On trouvera aussi une flopée de patrons français qui espèrent, donc, être sollicités par la pétromonarchie pour réaliser de grands chantiers, y compris, apprend-on par la presse, dans le domaine de l’intelligence artificielle. Tout cela est fort bien.

Côté visites, il y aura la découverte du métro aérien et la visite du site d’Al-Ula, sur la route de La Mecque : Riyad veut en faire un pôle culturel et le Centre Pompidou va y installer un musée dédié aux artistes contemporains issus du monde arabe. Et puis, côté discussions, il y aura sans doute la situation dans la région (vaste programme…), et singulièrement la question du cessez-le-feu au Liban. On sait que les Français vont être les adjoints des Américains dans la mise en place de ces accords – et ce, sans doute, en échange de l’immunité accordée par Paris à Benyamin Netanyahou. Que de chemin parcouru, depuis les accords Sykes-Picot, n’est-ce pas… Emmanuel Macron devrait se montrer préoccupé. Il fait ça très bien. Et puis, il a des raisons de l’être.

N’attendons pas, de cette visite, un seul mot sur les droits de l’homme, évidemment. Ni un mot sur la condition des femmes, la liberté religieuse, le traitement réservé aux travailleurs immigrés, l’empreinte carbone de la pétromonarchie, sans même parler des droits des LGBTXYZ ou de la laïcité. Ça, c’est pour les Français. Avec les Saoudiens, il convient de se montrer un petit peu plus poli. On peut même appeler ça de la servilité. Oppresseur de son propre peuple à qui il fait des leçons de morale incessantes, cireur de pompes à l’étranger face à des puissants qui lui marchent dessus, ainsi va notre Président, dans un rôle qui rappelle les personnages interprétés par Louis de Funès. Vous savez, ces petits chefs qui, devant plus fort qu’eux, font des courbettes jusqu’à s’en rendre minables et mettent des taloches aux braves gens trop gentils. Il est temps que cette comédie cesse…

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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