Visite d’Emmanuel Macron en Dordogne : le ras-le-bol des élus de campagne !

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Ce mardi 7 novembre 2023, Emmanuel Macron était en visite à Boulazac, histoire d’inaugurer la nouvelle Marianne, à l’Imprimerie nationale Philaposte. Sur nos timbres figurera donc, à en croire Didier Chabanne, chef de projet Marianne à Philaposte, une « Marianne porteuse de sérénité, de confiance en l’avenir, de transition écologique et d’universalité. On retrouve ces notions, avec ses cheveux, qui sont des feuilles, en rapport à la transition écologique, le globe pour l’universalité et le sourire pour la confiance et la sérénité. »

Remarquez, tant de niaiserie satisfaite nous changerait presque agréablement de la précédente égérie républicaine à bonnet de Schtroumpf, le millésime 2013 ayant eu pour modèle Inna Chevtchenko, la matrone des Femen, qui déclarait alors : « Désormais, tous les homophobes, extrémistes et fascistes devront lécher mon cul pour envoyer une lettre ! » Osera-t-on dire que cette demoiselle était, elle aussi, un peu timbrée ? Oui, cachet de la poste faisant foi.

Une visite express plutôt qu'une grand-messe

Au-delà de ces considérations, notons que pour recevoir le président de la République, les édiles locaux avaient mis les petits plats dans les grands. Las, cette « visite qui devait au départ être une grand-messe de la ruralité » s’est transformée en « visite éclair » d’à peine deux heures pour cause d’actualité internationale. Certes, Emmanuel Macron avait à la fois piscine et Hamas, ce jour-là. Il n’empêche qu’il aurait peut-être été finalement plus élégant d’ajourner ce déplacement plutôt que de le réduire à une portion plus que congrue.

C’est, en tout cas, ce que semble estimer Thierry Boidé, maire de Saint-Géraud-de-Corps et premier vice-président de l’Union des maires de Dordogne : « Les maires que nous sommes en ont ras-le-bol, en ont assez. » Et d’affirmer avoir voulu lui dire « qu’il faut oser la ruralité. Dans ce pays, on n’a jamais osé la ruralité. » D’où ce souvenir humiliant d’une rencontre avec la secrétaire d’État à la Ruralité : « Elle était trentième secrétaire. Trentième poste dans la liste gouvernementale. On a fait des ministères de la Ville, jamais on n’a osé le ministère de la Ruralité. »

Fortuitement, Thierry Boidé n’a probablement pas pu dire tout cela au premier des Français, occupé qu’il était à s’en aller sauver le vaste monde. On imagine que ce maire n’en a pas été plus étonné que ça. Et puis, ces termes employés par la haute administration, ces fameux « territoires »… Ça leur écorcherait donc la bouche, à ces technocrates, d’employer les jolis mots de « campagnes » et de « provinces » ? Ce sont sans doute les mêmes qui parlent « d’exploitants agricoles » alors qu’existe depuis des siècles un si noble vocable, celui de « paysans ». La preuve en est qu’on parle de « paysannerie » et non point d'« agricolerie ». Mais c’est sûrement trop demander à ces gens si bien peignés.

Un mépris si bien partagé

Certes, ce mépris de Paris et des mégapoles vis-à-vis de ces Français dont le seul crime consiste à nous nourrir ne date pas d’hier. Pourtant, il a pris un tour encore plus cruel encore lorsque l’impayable François Hollande évoquait les « sans-dents ». Puis Emmanuel Macron évoquant ces Français se croisant quotidiennement à la gare du Nord, ceux qui « avaient tout » et ceux qui « n’étaient rien ». C’est bien la peine d’avoir été l’un des proches élèves du philosophe Paul Ricœur pour ignorer la différence fondamentale entre « l’être » et « l’avoir »…

Puis le discours haineux de certains journalistes parisiens, lors de la grande jacquerie de ces gilets jaunes tenus pour « homophobes », « racistes » et surtout coupables de ne seulement rompre avec leur traditionnel abstentionnisme pour s’en aller voter Marine Le Pen ; à croire que les médias dominants étaient en train de remettre à l’honneur la thématique des « classes sociales dangereuses », jadis théorisée par la grande bourgeoisie de la Troisième République.

À Boulazac, Emmanuel Macron aura donc commis une nouvelle bourde, consistant à encore snober la France des invisibles. Mais à force d’humilier ceux que les gouvernants tiennent pour des beaufs mal dégrossis, façon famille Tuche, ces derniers pourraient bien s’énerver une fois encore. Que ce soit dans la rue ou dans les urnes. Cela ne serait que justice.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Ces derniers pourraient bien s’énerver une fois encore. Que ce soit dans la rue ou dans les urnes. Cela ne serait que justice. C’est à espérer que le Français se réveille le jour où il ira déposer son bulletin de vote dans l’urne et qu’il utilise enfin son cerveau.

  2. C’est comme sa visite à Plougastel connu pour ses fraises et…son Calvaire. Il aurait mieux fait de s’y arrêter un instant.. « Un miracle SVP pour sauver…mon image ». Mais c’est vrai, nous somme un pays laïc…et le calvaire est pour les Français.

  3. Quand vous parlez de la différence entre l’être et l’avoir, je me suis, depuis longtemps, fait la réflexion que notre société est passée de : » je pense donc je suis » à  » je dépense donc je suis »!

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