Vitraux de Notre-Dame : 4 millions d’euros, le prix d’un caprice
Le remplacement des vitraux de Viollet-le-Duc par des vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris aura un coût et, vu le secret ménagé autour de l’addition par l’Élysée, le ministère de la Culture et le diocèse, ce coût relèverait-il du honteux ? En octobre, Le Monde parlait d’une enveloppe de 3 millions d’euros. La Tribune de l’Art, de 4 millions, en se fiant à « une source bien informée du ministère de la Culture ». Aujourd’hui, tout le monde est d'accord sur le chiffre de 4 millions, que les autorités n'ont pas infirmé.
Montage obscur
Autour de cette somme, le montage demeure obscur. Stéphane Bern, qu’a interrogé Ouest-France, pense que ces 4 millions seront prélevés sur la manne offerte à la cathédrale par les donateurs après l’incendie. Il le regrette, car il reste encore des restaurations à faire (pinacles, arcs-boutants) : « L’argent serait mieux utilisé ainsi que dans des vitraux contemporains à la place de ceux de Viollet-Le-Duc. » Didier Rykner (La Tribune de l’Art) imagine le schéma usuel : création des nouveaux vitraux financés par le budget de la « création artistique » ; dépose et conservation des anciens vitraux payées par le budget des monuments historiques - « le ministère de la Culture financera entièrement cette lamentable opération », et ce, en plein contexte de restrictions budgétaires.
Stéphane Bern a parfaitement raison de le penser et de le dire. Ce patrimoine appartient aux Français d’aujourd’hui, d’hier et de demain, un dirigeant ne peut pas par caprice attenter à ce patrimoine inestimable. https://t.co/t66Lcj20pT
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) December 29, 2024
Pourquoi dissimuler au public, avec autant de soin que de gêne, le coût et le montage financier ? Parce qu’Emmanuel Macron, tout fier est-il de son « geste contemporain », piétine allègrement droit et conseil. Son « geste » va contre l’avis de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Il va tout simplement… contre la loi. « On ne peut pas enlever des vitraux classés monument historique », explique Stéphane Bern. Et de donner cet exemple : « Sinon, je vais faire la même chose pour mon musée. Soyez sûr que la Direction régionale des affaires culturelles me mettrait une amende. »
Droit moral bafoué
Autre aspect du dossier dont Macron n’a pas à se glorifier : le droit moral, ou droit d’auteur. Si on bazarde les vitraux dessinés par Viollet-le-Duc pour les chapelles latérales sud de Notre-Dame de Paris, les artistes et les plasticiens de tout poil (de pinceau) pourront légitimement s’inquiéter du précédent créé. En 2018, Daniel Buren avait demandé le retrait d’une œuvre de street art [art urbain, NDLR], exposée au Palais-Royal, pour « atteintes à l’intégrité » de ses colonnes à rayures, qui s’en trouvaient « dénaturées ». Le ministère de la Culture avait aussitôt retiré l’œuvre blessant la vue de M. Buren : « Nous sommes le ministère de la propriété intellectuelle et artistique, donc du droit moral des auteurs et [des] créateurs [...] il y a une question d’exemplarité. »
Les Tartuffe! C’est le même Buren qui a concouru pour remplacer les vitraux de Viollet-le-Duc, lequel n’a personne pour défendre sa création, et surtout pas le ministère de la Culture, qui organise ce remplacement au mépris de sa mission. L’artiste retenue, la peintre Claire Tabouret, a expliqué de son côté que son projet, retenu, intégrera des motifs des vitraux en place, « en hommage à Viollet-le-Duc ». Est-ce bien assez Tartuffe, aussi, cet « hommage » à l’artiste expulsé…
Vous avez dit État de droit ?
Déplorant « des querelles d’un autre âge » autour de cette question des vitraux, Rachida Dati a été renvoyée dans les cordes par Didier Rykner : « Les modernes, ce sont ceux qui protègent le patrimoine (et respectent la loi). Les anciens sont ceux qui pensent qu’on peut vandaliser le patrimoine pour y mettre sa marque. » On attend, maintenant, que l’association Sites & Monuments, qui se disait prête à un combat judiciaire, lance l’offensive. « Pourquoi l’État s’affranchit-il des règles qu’il impose aux autres ? s’indigne Stéphane Bern. Juste parce que le Président le veut ? » Contre un caprice à 4 millions d’euros, il est temps de rétablir le fameux État de droit.
Les modernes, ce sont ceux qui protègent le patrimoine (et respectent la loi). Les anciens sont ceux qui pensent qu’on peut vandaliser le patrimoine pour y mettre sa marque. Emmanuel Macron est un ancien. Nous sommes modernes. https://t.co/KiGBS5dBQT
— La Tribune de l'Art (@ltdla) December 30, 2024
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124 commentaires
Hormis le fait que vouloir remplacer les vitraux de Viollet Le Duc est illégal, l’investissement financier que représente ce délit ajoute au scandale quand on pense à tous les édifices historiques en danger… Une partie de ces quatre millions pourrait sauver notre patrimoine en danger !
Je crois qu’on a tous mal compris : en fait Macron veut payer ces vitraux de sa poche, et non pas avec l’argent des contribuables puisqu’ils « ne sont rien ». C’est très généreux de sa part !
Comme dit la chanson : « Merci patron, merci patron ». Le ciel le lui rendra…BONNE ANNÉE !!!
N’est pas Mitterrand qui veut….Au moins, lui, était resté dans le domaine de la culture avec, entre autres, la pyramide du Louvre. Mais, là, Monsieur Macron joue les court-circuits en milieu spirituel et catholique. De quoi se mêle-t-il lui qui se permet de mettre à son crédit la reconstruction de N.D alors que seuls l’ensemble des donateurs ont permis ce presque miracle. Son intention est tellement malvenue qu’elle risque bien de capoter. Wait and see. Et quid alors des 4 millions d’€ de vitraux ? Pour décorer la Mairie du Touquet, peutêtre ?
Rien ne justifie la coûteuse démarche pour ces vitraux. Le plus étonnant est que la hiérarchie catholique s’en accomode. Il s’agit de l’une des dernières manifestations du fait du prince de l’Elysée, un prince qui a déjà perdu presque tous ses boulons. Une honte.
Ulrich et son costume de carnaval et sa crosse néon du meilleur mauvais goût n’est qu’un béni oui-oui. Aussi Macron en fait-il bon marché, qui n’aurait jamais fait ça avec Lustiger qui était d’une autre trempe.
Tristement d’accord avec vous. Un bémol XXL, tout comme certains autres lors de la cérémonie d’ouverture des JO. Bonne année pour vous.
quatre millions d’euros….Je connais mal les prix mais à vue d’oeil, c’est le prix de la reconstruction de quelques logements à Mayotte par exemple
Tout ça pour gommer Viollet Le Duc et ses goûts trop conservateur aux yeux des progressistes…..Jusqu’où peut aller la haine des biens pensants, encore une illustration
Viollet-le-Duc avait du talent, préserver ses vitraux que l’incendie a épargné semble inscrit au coin de bon sens, mais le « quoi qu’il en coûte » en a décidé autrement, peut-être pour laisser une trace de son passage. Il aurait pu s’en dispenser car sa trace s’apparente déjà à une ornière.
Je m’énerve quand j’entends que si ND a été restaurée en 5 ans c’est grâce à EM: je ne crois pas l’avoir vu sur les échafaudages! Je suis en admiration pour le travail de tous ceux qui ont participé, des pompiers à tous les artisans (et je dirais même ARTISTES). Sans oublier les archéologues.
C’est grâce surtout au pognon , des mécènes et non pas de l’état
Ne vous énervez pas, c’est le chef qui reçoit les honneurs ou la fessée du travail accompli. Pour une fois, peut-être la seule, il a fait tout pour ça réussisse en court-circuitant la nomenklatura des fonctionnaires.
Merci à BV d’avoir indiqué le montant (encore non confirmé), et le financement : je m’en posais la question.
Et cela ajoute à ma colère : intention dévoyée des généreux donateurs. Scandaleux. Honte à Laurent Ulrich, Emmanuel Macron – et Rachida Dati.
Ces 4 millions ont bien d’autres lieux où être investis, ou encore pourraient tout simplement être économisés. Voire, servir à la reconstruction des dégâts d’un cyclone !
Puisque tel est mon bon désir ! Quand cessent les caprices d’adolescents ?
Le Mozart de la gabegie frappe encore.
Du quoi qu’il en coûte du moment qu’il en est. Macron ? il ne comprend toujours pas qu’il faudrait « qu’il s’en aille, ce n’est plus sa bataille ».
Peut-on laisser libre cours à un seul homme , soit-il président pour imposer à tout un peuple ses lubies, je pense que NON!! de plus Stéphane Bern a une certaine notoriété auprès du président et de son épouse pour leur faire entendre raison . Si cela ne suffit point c’est au cercle ecclésiastique de décider en dernier recours et aux fidèles .
Et même!… on ne détruit pas des oeuvres classées du patrimoine d’un pays.
Totalement déconsidéré auprès d’une majorité de Français, Macron, n’ayant plus que cela à se mettre sous la dent, se cramponne, au mépris des avis unanimes et même de la loi, à son caprice coûteux, avec hélas l’approbation de l’Archevèque de Paris, qui doit sans doute craindre de passer pour rétro. Et alors que nous subissons déjà un autel d’une remarquable laideur.
Il serait peut-être urgent de comprendre que « manu de l’Elysée » ne possède que ce moyen pour prétendre à être inscrit dans l’Histoire de ce pays qu’il déteste tant, et que paradoxalement il déteste cette Histoire dans laquelle il veut figurer. Sinon, et il le sait, il tombera dans les oubliettes d’où personne n’ira le chercher dans un ou deux siècles…
Alors, caprice ? oui, mais attaché de mon point de vue à cet espoir de rejoindre le Panthéon historique de la France… il n’y a plus que ça qui le motive avant de prendre le commandement de l’EU derrière VDL…
Souhaitons simplement qu’un jour « on » ne découvre pas un Marcon dans le détail d’un vitrail !!!
Il ne manquerait plus que cela. J’irai y jeter un pavé.