Vitraux de Notre-Dame : et si M. Barnier mettait fin au « caprice » de Macron ?

Notre-Dame

L’affaire des vitraux de Notre-Dame de Paris, que BV a évoquée à plusieurs reprises (voir les articles de Marie Delarue et Samuel Martin), peut paraître pliée. En effet, la semaine dernière, le ministère de la Culture a annoncé que le processus de consultation pour installer des vitraux modernes dans six chapelles latérales de Notre-Dame allait bon train. La liste des huit finalistes du concours lancé pour ce projet a été publiée. Ces finalistes devront rendre leur projet définitif avant le 4 novembre et le lauréat sera choisi par le président de la République et Mgr Ulrich, archevêque de Paris. Son nom pourrait être annoncé à l’occasion de la réouverture de la cathédrale, le 8 décembre prochain. L’alliance du satrape et du goupillon. Peu importe que la commission ad hoc ait donné un avis défavorable à un projet dont il est légitime de se poser la question de la congruité : ne s’agit-il pas de démonter les vitraux installés par l’architecte Viollet-le-Duc à la fin du XIXe siècle pour les remplacer par des vitraux contemporains, alors même qu’ils n’ont pas été endommagés par l’incendie !

L’archevêque et l’hôte de l’Élysée ne sont pas propriétaires de leur charge

Certes, la cathédrale est la propriété de l’État, mais l’État n’appartient pas à Emmanuel Macron et, dans un État de droit – notion à laquelle Macron ne cesse pourtant de se raccrocher dans son combat messianique contre les méchants populistes -, être président de la République ne lui donne pas le pouvoir constitutionnel d’être l’arbitre des élégances et du bon goût. Certes, cette volonté régalienne répondrait à la demande de l’archevêque de Paris, si l’on en croit un communiqué du ministère de la Culture daté du 11 mars dernier : « Lors de sa venue sur le chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris le 8 décembre 2023, le président de la République a fait savoir qu’il donnait une suite favorable à la demande de Monseigneur Laurent Ulrich, archevêque de Paris, d’installer des vitraux contemporains dans les fenêtres de six chapelles du bas-côté sud de la nef. » Mais l’archevêque, tout comme l’hôte de l’Élysée, n'est pas propriétaire de sa charge. Du reste, on peut se demander quels ont été les avis de la commission d’art sacré de l’archidiocèse de Paris, quand on sait qu’elle a pour devoir, sous l’autorité de l’évêque, d’entretenir « des relations ordinaires avec les services des Monuments historiques et de la Conservation, pour une collaboration active dans la sauvegarde du patrimoine » (texte relatif à la constitution des commissions diocésaines d’art sacré établi par l’Assemblée plénière de l’Épiscopat), alors même que ces vitraux sont classés… Par ailleurs, une lecture saine de la loi de séparation des Églises et de l’État rappellerait simplement que si Notre-Dame est affectée au culte catholique à titre exclusif et perpétuel, il n’appartient pas à l’affectataire – en l’occurrence l’archevêque de Paris – de décider des transformations relevant du propriétaire, dans la mesure où ces transformations ne remettent pas en cause l’exercice du culte. Certes, il s’agirait d’une demande, mais on peut imaginer qu’Emmanuel Macron a dû s'empresser de s’engouffrer dans cette sollicitation pour imposer sa marque dans ce chantier du siècle, voire du millénaire.

Affaire pliée, donc ? Voire ! À ce jour, la pétition lancée par Didier Rykner et La Tribune de l’art pour conserver les vitraux de Viollet-le-Duc vient de passer les 150.000 signatures. En vingt-quatre heures, cette pétition aurait même gagné 7.000 signatures, ce qui n’est pas rien. Et les circonstances politiques du moment sont peut-être l’occasion de remettre, sinon l’église au milieu du village, les pendules à l’heure. Appartient-il à un président de la République de décider « en boucle courte » de la modification, pour ne pas dire du saccage, d’un patrimoine séculaire ? Or, un nouveau Premier ministre vient d’être nommé. Dans quelques jours, un gouvernement sera constitué. Selon la Constitution, ce gouvernement aura pour mission de déterminer et de conduire la politique de la nation. Michel Barnier serait donc tout à fait dans son rôle d’arrêter les frais de ce « caprice », pour reprendre le mot de Didier Rykner. Une décision, plus que symbolique, qui marquerait clairement et définitivement que Jupiter est renvoyé au musée des antiquités, là même où il voulait reléguer les vitraux de Viollet-le-Duc.

 

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

87 commentaires

  1. S’il osait il ferait poser des vitraux avec sa tronche dessus. Mais cette histoire n’est pas finie et il est fort à parier qu’il sera quelque part sur un vitrail.

  2. Mais on aura tout vu et tout entendu avec ce président
    Notre patrimoine nous appartient, nous le peuple.
    Pourquoi détruire ce qui n’a pas été saccagé par le feu?

  3. On ne peut qu’être effondré devant un comportement pareil . Et dire que l’on considère que l’exemple vient d’en haut ;

  4. La cathédrale appartient à tous les français et non à Macron , en même temps ce dernier ce fiche pas mal des religions, car pour lui la seule religion est la finance.

    • Religion dans laquelle il pense avoir brillé . Mais l’état des finances de la France nous laisse pensifs!

  5. Soyons factuels : La cathédrale Notre Dame est un monument légalement protégé, la conclusion est simple, me semble t-il…..

  6. Stop Mr Macron on en à plus que marre de vous et de vos dépenses inutiles et surtout du saccage de la France et de ses joyaux.

    • Tout a fait , il faut signer cette pétition. Macron voudrait mettre son empreinte à cet édifice , n’a t-il pas fait assez de dégâts dans notre pays pour que nous nous souviendrons longtemps de son passage?

      • Une « empreinte » ? Impossible de rester poli pour mettre des mots plus justes. Macron n’a aucune légitimité pour modifier en quoi que ce soit le symbole qu’est Notre Dame de Paris aux yeux des Chrétiens, des Français et du monde entier.

  7. C’est une évidence, ce n’est pas l’affaire du président de la République.
    Les nouveaux vitraux doivent évidemment s’inscrire dans le contexte historique et artistique.

    • Et de la foi chrétienne. N-D de Paris c’est pas Le Corbusier qui l’a dessinée et c’est pas pour y chanter « Jesus revient » accompagné d’une guitare dans une ambiance MJC. Les vitraux en style Picasso, c’est très bien pour le musée d’Antibes !

  8. Évidemment on se réjouit que Emmanuel Macron et les français soient attachés à Notre-Dame de Paris et à leur patrimoine, les enquêtes d’opinion l’ont déjà montré. Mais de cette histoire de vitraux j’y vois une autre manœuvre. Comme une volonté que Notre-Dame de Paris, comme toutes les cathédrales dans chaque ville, ne soit plus un lieu de culte, mais une œuvre architecturale à préserver pour ne servir que d’attrape-touristes, tel la Tour Eiffel qui n’a jamais servi à autre chose. Donc oui c’est bien qu’on soit attaché au patrimoine, mais est-ce que les gens si attachés à leurs vieilles pierres sont ayant attachés à ce qu’on conserve leur fonction d’origine…

    • On est attaché aux vielles pierres pour la fonction mais aussi aux gens qui ont précédé et ont construit l’édifice. Si pas convaincu, songer aux monuments érigés par le nazisme et si emblématiques, on s’est empressé de les détruire après la guerre.

  9. Pour votre maison dans un site classé vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez alors pour un tel patrimoine seule la DRAC et l’ABF devraient décider ce que nos impôts financeront et pas l’archevêque ni Macron !

  10. Je me demande de plus en plus souvent si ce monsieur est intelligent et même l’a été un jour. Comme tous ses prédécesseurs il veut que l’on se souvienne de son passage, alors, au lieu de chercher à dénaturer un monument qui nous appartient collectivement et auquel nous tenons, il n’a qu’à faire le bilan désastreux de son passage pour la France et les Français. Qu’il se rassure, tout le monde se souviendra de ce plus mauvais président pendant des siècles et des siècles, Amen !

    • « Je me demande de plus en plus souvent si ce monsieur est intelligent et même l’a été un jour. »

      Oui, hélas. C’est un anti chrétien et il sait manipuler les textes, les idées pour arriver à installer son pouvoir même sur l’Eglise et détruire la chrétienté. N’oublions pas qu’il a fait son mémoire sur Machiavel.

  11. Au nom d’un progressisme disruptif et de l’anticatholicisme primaire, ils seraient capables de demander à Thomas Jolly de concevoir ces vitraux.

  12. Dès le lendemain du soir de l’incendie de Notre Dame, c’est avec les larmes aux yeux que j’ai versé un don. Je voulais aider, à mon humble niveau, la reconstruction de la cathédrale à l’identique. Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, l’improbable d’il y a cinq ans devient réalité. Les vitraux épargnés doivent rester à leur place, il n’y a aucune raison d’utiliser mon argent pour les remplacer. Président et archevêque, vaquez à vos occupations, n’interférez pas dans l’Histoire qui ne vous appartient pas.

    • Comme vous avez raison ! Comment peut-on envisager le remplacement de vitraux qui n’ont pas souffert de l’incendie (dont l’origine reste bien mystérieuse) ?
      La pétition doit recueillir un maximum de signatures.

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