Arterra, un santonnier entre tradition et innovation

santons

Sur le marché aux santons de Marseille, sur le quai du Port, parmi les vingt-deux exposants, un santonnier attire nombre de regards. Les « santoun » (« petits saints », en provençal) signés Arterra, tranchent avec leurs voisins. Sur l'étal de la boutique éphémère de cet atelier marseillais, pas de joueur de l'Olympique de Marseille ou de professeur Raoult pour séduire le chaland mais des personnages dans la plus pure « tradition provençale » et en argile, comme l’explique à BV, Christophe Hernandez, le gérant de l’entreprise.

La matière première employée est une des spécificités de ce santonnier. Dans la grande majorité, ses confrères confectionnent leurs pièces en plâtre. Ce n’est pas la seule particularité de l’atelier Arterra. Il propose également une collection de santons blancs. Sur ces personnages originaux, une partie est toujours laissée à nu pour « mettre l’argile à l’honneur ». Cela leur confère un caractère plus moderne, voulu par le santonnier : « Avec cette collection, on a participé au renouveau du santon. »

Tradition et innovation…

En 1996, lorsque Christophe Hernandez décide de changer de vie (il était informaticien) et de devenir santonnier, il constate que cet art est « figé ». Il veut le dépoussiérer. Commence alors un travail d’une grande minutie car pour ce nouveau santonnier, les détails sont très importants : « Chez nous, on détoure les pattes des animaux, on dessine les yeux et on ne met pas de contrefort derrière les santons. » Des subtilités extrêmement chronophages qui rendent ces santons particulièrement fins et permettent à la marque de se différencier.

Le pari est réussi. L’atelier Arterra se démarque. Il n’est pas un santonnier parmi tant d'autres. Bien qu’ancré dans la tradition, il a sa propre identité et attire, de ce fait, une clientèle différente, « plus jeune ». Christophe Hernandez en est sûr, grâce à ses santons, il a permis à une partie de la population de « renouer avec la tradition » de la crèche.

…au service de la crèche

Depuis, les jeunes ont fait connaître aux moins jeunes sa collection mais, surtout, l’atelier Arterra a fait bouger les lignes, côté fabricants de santons. Les autres artisans, souvent santonniers de pères en fils, ont été poussés à ne pas rester sur leurs acquis, à évoluer. Sur les étals voisins, l’influence Arterra se voit à l'œil nu. Ces dernières années, des santons aux teintes plus claires sont apparus, un important travail sur les couleurs a été fait par de nombreux artisans et des sujets bruts ont été mis à l’honneur. Grâce à sa vision novatrice, Christophe Hernandez a remis la tradition et le savoir-faire du santonnier au centre et au service de la crèche.

Il a aussi montré qu’avec passion et patience, il est possible de se faire une place dans ce milieu sans y être né. Aujourd’hui, son entreprise, implantée dans le quartier du Panier (IIe arrondissement), emploie quinze personnes toute l’année pour confectionner des centaines de Jésus, Marie et Joseph, les personnages les plus vendus, mais aussi des rois mages, des bergers, des moutons et divers autres sujets comme des boulangers, des étameurs, des fileuses ou des lavandières qui s'invitent, chaque année, dans les foyers de France du premier dimanche de l'Avent à la Chandeleur, le 2 février, pour attendre pendant quatre semaines et adorer les six suivantes.

Avec ses santons, Arterra démontre que tradition et modernité peuvent s'accorder, mais aussi qu'il peut y avoir du progrès sans progressisme.

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