[VIVE LA FRANCE] De Brest à Douarnenez, d’une fête maritime à l’autre

@Cyrille161/Wikimedia commons
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Des centaines de petits triangles blancs au large de Brest illuminent le bleu de la mer d’Iroise. Près de 800 vieux gréements se balancent au gré de la houle du large, à quelques encablures du port finistérien, pour dire un dernier au revoir à ces inoubliables rencontres qui ont réjoui pendant une semaine les cent mille visiteurs venus participer aux Fêtes maritimes Brest 2024. Le soleil console les nostalgiques qui assistent à la descente vers le sud de ces beaux voiliers, témoins d’une époque lointaine où les pêcheurs, jeunes et moins, partaient affronter les colères de Neptune à la seule force du vent, maîtrisé autant que possible avec des voiles de coton ou de lin, lourdes, gorgées d’eau et rétives à la manœuvre. Aidés de rames raides, ils souquaient ferme pour contrer la vague et atteindre les lieux de pêche indispensables à la survie des familles. Aujourd’hui, ces mêmes voiliers remis à neuf par quelques passionnés paradent et font des ronds dans l’eau pour leur plaisir et celui des amateurs.

Après quelques jours en rade de Brest à jouer à vire-vire, à bord de ces embarcations surtoilées, pour remonter le vent et, le soir venu, boire quelques coups entre amis, se lancer des défis inutiles mais joyeux, faire visiter leur bateau aux promeneurs curieux, écouter des chants marins d’autrefois, les canots et leurs équipages reprennent le large. En route vers Le Goulet, avant de retrouver le large, plein sud, et passer le cap de la Chèvre pour contourner ces belles côtes de fin de terre, bifurquer à bâbord, plein est vers la Cornouaille pour rejoindre Douarnenez. Les promeneurs du sentier côtier jouissent d’un spectacle exceptionnel avec ces toiles qui parsèment la mer. En tête de la flotte, le Belem, dernier trois-mâts barque français à coque acier construit à Nantes, trace la route vers l’ancien grand port sardinier.

Célébrer l'amour de la mer

Le port de Rosmeur se prépare depuis des mois à accueillir ketch et yawl, gabare ou chasse-marée, pinasse ou goélette, car ils sont plus de 400 voiliers à chercher la moindre risée pour aller célébrer, comme tous les deux ans, la diversité patrimoniale maritime. C’était jeudi, Brest, après tant d’effervescence, se sentait un peu délaissée, malgré les milliers de touristes encore présents repoussant l’instant où il faudrait rompre le charme de ces rassemblements de marins. Depuis jeudi soir, c’est au tour de Douarnenez de célébrer jusqu’à ce dimanche l’amour de la mer, du vent, des embruns. Festoyer en chantant, au son des binious, les complaintes des matelots épuisés par la pêche, le froid, l’humidité, mais aussi la joie à la perspective de retrouver la terre, les copains, la famille. Des chants qui racontent la vie, des journées en mer qui célèbrent la joie de naviguer. Ces rassemblements offrent un spectacle unique sur l’eau comme à terre, ce qui explique leur succès populaire chaque fois renouvelé.

Concours de godille, concours de manœuvres, visite du Belem ou sortie sur Bessie Ellen ou Biche, le programme de ces journées est riche et varié. Les dizaines de milliers de spectateurs ne s’y sont pas trompés.

Patricia Colmant
Patricia Colmant
Journaliste indépendante

Vos commentaires

6 commentaires

  1. Coucou Patsy, tu nous donnerais envie de traverser la France pour venir assister à ces ballets de Navires ancestraux, caracolant !!! Merci de les faire revivre grâce aux ondes électroniques ! ! !

  2. Merci Patricia pour ce bel article qui traduit parfaitement l’ambiance des fêtes maritimes de Brest -Douarnenez

  3. « les lieux de pêche indispensables à la survie des familles. » Tellement beau et romantique que j’en pleurerais. Dommage que ce soit faux. De tout temps, la pêche hauturière a été une entreprise commerciale, rien de plus.

    • Mr Guilhon
      Je pense que vous avez une méconnaissance totale de la vie des pêcheurs de la fin du 19 ème siècle et début du 20 ème siècle
      Leur vie était très dure et difficile et ils partaient en mer pour nourrir leur famille et leur femme travaillait à la conserverie 50 heures par semaine pour également nourrir les enfants dans des conditions également très difficiles pour un salaire de misère
      Jacques de Thézac avait créé les abris du matin pour leur venir en aide
      Et vous parlez de romantisme !

  4. Profitons pleinement de ces beaux moments de réjouissance parce qu’à l’allure ou tout se dégrade dans ce pays , ou l’on nous prive de toujours plus de nos coutumes et traditions nous ne savons pas combien de temps encore nous pouvons faire revivre ainsi ces bons spectacles qui nous rappellent notre histoire , notre passé . Ceux qui ont le pouvoir veulent nous effacer , nous remplacer . Macron affirme bien que ce pays n’a rien , pas de passé , pas de culture ……

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