[VIVE LA FRANCE] La Savonnerie du Midi, une PME qui fait rayonner la France

72% La Corvette

La Savonnerie du Midi a ouvert ses portes en 1894. Elle était, à cette époque, une savonnerie parmi tant d'autres dans le bassin marseillais. Guillaume Fiévet, son directeur général, raconte à BV : « En 1922, il y avait cent vingt-neuf savonneries à Marseille. » Aujourd’hui, dans toutes les Bouches-du-Rhône, elles ne sont plus que cinq à fabriquer du savon de Marseille authentique : Le Sérail, Marius Fabre, Le Fer à cheval, Rampal Latour et la Savonnerie du Midi.

Le mot « authentique » a son importance. Ces cinq savonniers sont les seuls à fabriquer du savon selon le procédé et les ingrédients définis dans l’édit de Colbert, en 1688. À savoir un produit composé d‘un minimum de 72 % d'huile végétale, de soude, d’eau et de sel marin et cuit dans un chaudron durant sept à dix jours. Elles sont porteuses d’un savoir-faire ancestral que la Savonnerie du Midi, PME installée dans les quartiers nord de Marseille, entend bien préserver.

Un savoir-faire ancestral...

Après avoir racheté la savonnerie, en 2013, l’entreprise familiale Prodef a fait de nombreux investissements. Cela a commencé par une étape de réindustrialisation avec « la rénovation du chaudron » avant de poursuivre, en septembre dernier, par de la modernisation via « l’ouverture d’une nouvelle ligne de production ». Guillaume Fiévet confie : « Grâce au plan France Relance, on a acquis une nouvelle ligne de transformation, fabrication et conditionnement qui permet d’augmenter la qualité du produit et d’avoir 40 % de production supplémentaire. » Cela permet aussi à la Savonnerie du Midi, à travers sa marque commerciale La Corvette, de rayonner, en France comme à l’étranger.

Le directeur général indique à BV : « La Savonnerie du Midi exporte environ 22 % de son chiffre d'affaires au niveau européen, au Japon, en Corée du Sud et à Taïwan. » Il ajoute : « On est fier de fabriquer en France nos produits, des produits iconiques et emblématiques. Le rayonnement à l’étranger est important pour nous. » Le rayonnement de la marque mais également celui de la France. Pour preuve, l’entreprise s’est associée à la Marine nationale, autre fierté française, pour créer une gamme de quatre produits : un savon de Marseille authentique, un gel douche, un savon liquide et un shampooing. Sur les étiquettes de ces produits sont représentés la très française marinière et le bachi bleu blanc rouge à pompon. Des symboles très « cocorico ».

...en mal de reconnaissance

Comme le montre cette nouvelle palette Marine nationale, la Savonnerie du Midi ne produit pas que du savon de Marseille traditionnel, mais « son ADN, c’est le savon de Marseille. C’est ça qui fait la légitimité de l’entreprise. » La légitimité de la PME vient de ce cube de 300 grammes marqué sur ses six faces, de ce cube de savon vert ou blanc, sans parfum ni colorant, et de la façon dont il est fabriqué. Un savon bien connu mais pas reconnu qui, selon Guillaume Fiévet, mériterait d'être protégé. Comment lui donner tort alors qu’à ce jour, 90 % des savons dit de Marseille ne respectent pas le procédé de fabrication marseillais et que 80 % sont produits à l’étranger ? Pour rappel, l’appellation Savon de Marseille n’est pas protégée et peut donc être apposée sur n’importe quelle savonnette.

L’entreprise, comme les cinq autres savonniers historiques, espère un jour avoir « la reconnaissance de l'État », mais le directeur sait que cela peut être très long : « J’ai en tête que pour le piment d'Espelette, ça a mis du temps. » En attendant, Guillaume Fiévet milite et fait la promotion du savon de Marseille authentique. Il ouvre ses usines au public et communique largement, il met en lumière le savoir-faire local. Avec plus de huit millions de savons vendus, chaque année, le moins que l'on puisse dire, c'est que son entreprise participe aussi massivement à la publicité de l'industrie française.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 04/11/2024 à 3:10.

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Grand merci pour ce reportage ..je ne sais comment me procurer ces produits, habitant beaucoup plus au nord , j’aimerais savoir où ils sont commercialisés dans ma région de Franche Comté

  2. Le savon de Marseille , c’est bien! Mais quand va-t’on réhabiliter le savant de Marseille, le Professeur Didier RAOULT ?

  3. Habitant à peu de distance de Salon-de-Provence, je m’y rends une à deux fois par an pour y faire mes emplettes de savons à la fabrique-usine de Marius Fabre. Ce déplacement est non seulement accompli dans un but utilitaire mais comme une découverte privilégiée. J’encourage l’achat de ces produits authentiques, également sans colorants. J’apprécie également les savons du Fer à Cheval, excellents. J’ignorais ceux de La Corvette. Et je déplore vivement que les véritables savons de Marseille subissent la concurrence déloyale de savons fabriqués en Chine ! Il est anormal que les lieux touristique proposent davantage ces savons que ceux de ces 5 fabriques de la région marseillaise. Il me semblait pourtant que la marque avait été déposée et jouissait d’une meilleure protection… Nos élus devraient avoir à coeur de défendre toutes les entreprises françaises de cette qualité et leur octroyer celui d’Entreprise du Patrimoine Vivant !

  4. Ouf, il reste quelque chose de bien à Marseille. Bravo à cette entreprise et il faut espérer qu’elle continuera à prospérer et à rayonner dans le monde. Espérons aussi qu’elle ne sera pas victime des gangs de barbares qui sévissent à Marseille, la « ville la plus algérienne de France » selon un reportage de la télé algérienne.

  5. COCORICO! Enfin une bonne nouvelle, parmi toutes les mauvaises, en effet notre industrie est à l’agonie par la faute de nos dirigeants ÉLUS, et même si pour le savon, c’est une bonne nouvelle, je ne pense pas que ce soit ça qui va rééquilibrer notre commerce extérieur. Hélas!

  6. Huile végétale:, cela veut dire? Huile de palme??? moi, je ne supporte que le savon d’Alep avec 72% d’huile d’olive ! (je ne supporte pas les autres savons) Et ici, il ne doit pas y avoir beaucoup d’huile d’olive! Mais à Alep, la qualité baisse aussi : les savons ne sèchent plus 5 ans, il faut finir le séchage chez soi! et donc avoir une bonne réserve en cours de séchage.(actuellement j’en ai 4 et 3 en utilisation!)

    • Je me suis posé la même question car j’utilise aussi du savon d’Alep justement pour sa composition avec de l’huile d’olive, depuis les conflits, je ne sais si l’entreprise a repris ses activités ou pas, j’ai toujours un doute quand j’achète, plus rarement depuis ,ce savon

      • Je fais moi même mes savons à l’huile d’olive, c’est facile à faire donc j’en connais la composition exacte et j’ai le sentiment d’avoir fait quelque chose d’utile.

    • Ne parlez pas sans savoir.Je prends du savon de Marseille,Marius Fabre et il est à 72% d’huile d’olive.
      Je le trouve très bon pour ma santé,et il est Français!!!

    • je suis né à Marseille, les savonneries, huileries étaient dans les « quartiers nord » et quand les rapatriés sont arrivés ils ont construit des barres d’immeubles . Mais bon il y a la douceur du climat le soleil et les bons cartiers 1 2 6 7 8 9èm sont bien et en plus les calanques! il faut par contre avoir une bonne alarme chez soi.

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