[VIVE LA FRANCE] Le Village du Vendée Globe ouvre ses portes ce week-end

@IBridier
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Effervescence, ce week-end, aux Sables-d’Olonne qui viennent d’inaugurer le village du Vendée Globe, cette course mythique autour du monde en solitaire sur un voilier de course de 18,25 m, sans escale et sans assistance. Tous les quatre ans, c’est la même affluence, le même engouement pour voir de près ces « machines de guerre » et leurs skippers qui partiront le 10 novembre affronter les humeurs, souvent hostiles, des océans.

Nombre record de skippers

Depuis que le ruban tricolore a été coupé à 9 heures, samedi matin, les amateurs d’embruns, les aventuriers par procuration, les vieux loups de mer ou les doux rêveurs de grand large et les simples curieux sont nombreux à se presser sur les pontons où sont amarrés les 40 concurrents retenus pour cette dixième édition. C’est un nombre record de navigateurs. Ils étaient 33, il y a quatre ans, et 13 en 1989, lors de la première édition. Cette année, les organisateurs ont dû éliminer des coureurs, tant le succès de ce défi de l’extrême auprès de marins en quête de sensations fortes est grand.

Cette dernière aventure du monde moderne doit son existence à deux Philippe. Le premier, marin, Philippe Jeantot, qui est déjà plusieurs fois « tourdumondiste », parvient, en 1987 à convaincre le second, Philippe de Villiers, alors président du conseil général de Vendée, de parrainer une nouvelle course autour du monde. Elle s’appellera Vendée Globe et partira des Sables-d’Olonne dont l’image est, à l’époque, loin d’être installée dans le monde de la course au large. Après une boucle de la planète par les trois caps (Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn), les coureurs reviendront au point de départ. Un tour du monde d’ouest en est pour surfer sur la longue houle des quarantièmes rugissants. Lors des premières éditions, les concurrents pouvaient même couper la route en descendant se frotter aux cinquantièmes hurlants, au risque de croiser icebergs et growlers de tous les dangers. Le concept reprenait celui du BOC Challenge créé en 1982 par l’anglais Robin Knox-Johnston, mais sans les escales. Jeantot, vainqueur du BOC, trouvait que cela cassait le rythme…

Légende des grandes aventures humaines

La flotte de cette première édition est assez hétéroclite, les coureurs s’alignant sur ce que leur budget leur avait permis d’acquérir. Jean-Luc Van Den Heede, professeur de mathématiques, avait fait construire un long cigare en aluminium, tandis que le médecin Jean-Philippe Coste s’était aligné sur Pen Duick III âgé de 20 ans. Le 16 mars 1990, Titouan Lamazou, aujourd’hui peintre et écrivain (ses toiles sont à voir du 20 octobre au 2 mars au musée d'Art moderne et contemporain des Sables-d'Olonne [MASC] et son bateau Écureuil d’Aquitaine est exposé à Port Olonna), entre dans la postérité après 109 jours de navigation, devant Loïc Peyron, qui n’arrive que 18 heures plus tard…

Mais ce dernier peut s’enorgueillir d’avoir sauvé son camarade Philippe Poupon dont le ketch (deux mâts) s’est couché sur le flanc dans l’Atlantique sud. Loïc, le jeune Baulois, se déroute, lance une amarre au naufragé, tracte Fleury Michon qui, une fois délesté de son artimon par les soins de son skipper, finit par se redresser. Sauvetage spectaculaire et premier d’une longue série au cours des neuf éditions précédentes qui contribueront à faire entrer le Vendée dans la légende des grandes aventures humaines. Il y a quatre ans, on se souvient que Jean Le Cam, qui s’aligne cette année à 65 ans pour la cinquième fois, s’était dérouté au sud du cap de Bonne-Espérance pour sauver Kevin Escoffier, dont le bateau s’était cassé en deux et avait coulé en quelques minutes. Ce même Jean, apprécié de tous les amateurs du Vendée pour sa gouaille et ses reparties aux vacations, avait été lui-même sauvé en 2009, à l’ouest du cap Horn, par Vincent Riou, vainqueur en 2005, lorsque son bateau VM Matériaux s’était retourné et s’enfonçait inexorablement.

Au fil des éditions, les règles ont été renforcées, les bateaux désormais tous de la même classe IMOCA font des tests de retournement, la liste du matériel de sécurité s’est allongée, la préparation des marins s’est professionnalisée, le grand Sud autour du cinquantième parallèle et ses gros glaçons baladeurs est interdit, le report du départ, en cas d’avis de tempête comme cela avait été le cas en 1992 qui avait fait deux victimes, n’est plus tabou.

Cette belle aventure devenue régate autour de la planète a attiré plus de deux millions de visiteurs aux Sables-d'Olonne, vu deux cents marins prendre le départ mais seulement cent quatorze boucler les 24.300 milles nautiques, dont une petite dizaine de femmes. Car la voile est un sport mixte par excellence dans lequel les Français excellent, alors que ce sont les Anglais qui ont inventé, dès 1960, cette idée folle : un marin, un bateau et la mer.

Patricia Colmant
Patricia Colmant
Journaliste indépendante

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