[VIVE LA FRANCE] Près de Brive, la dernière corderie artisanale fait sa pelote
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Brin, pelote, ficelle, cordage : à la corderie Palus, en Corrèze, on retord, on toronne, on commet des cordes de plus de cent mètres dans la plus traditionnelle des manières depuis 1908. La dernière corderie artisanale de France n’est en effet pas la fameuse Corderie royale de Rochefort, où seules des initiations au « commettage », c’est-à-dire à la confection de cordages, sont proposées. C’est en pleine campagne, à Saint-Pantaléon-de-Larche (Corrèze, à quelques encablures de Brive), qu’un atelier émerge des champs voisins.
Des magiciens du cordage traditionnel
Aux côtés du corps principal qui abrite plusieurs machines très modernes, un bâtiment étroit et vieillot court sur 280 mètres sous ses tôles ondulées. C’est sous cette charpente presque centenaire que les artisans de la corderie manient avec dextérité les fibres de chanvre, de lin, de coton, de sisal pour commettre haussières, cordages, longes, amarres. Depuis la pelote de ficelle de trois millimètres jusqu’à la corde septain, c’est-à-dire un assemblage de six torons de trente-cinq millimètres autour d’une âme centrale qui pèse dix kilos le mètre, les cordiers de Palus restent des magiciens du cordage traditionnel.
Cette volonté de maintenir un savoir-faire ancestral, l’entreprise la doit à Stéphane Assolari, un entrepreneur dans l’âme qui s’est emballé pour cette corderie et s’est associé à Deborah Bannier, une des héritières de Palus. Pourtant, il ignore tout de ce monde souvent associé à la marine. D’ailleurs, en dehors de la Corderie royale, avec laquelle l'entreprise Palus travaille, Stéphane Assolari a peu de contacts et peu de commandes émanant du monde de la mer. « J’avais repéré cette entreprise dès 2014 », raconte l’entrepreneur. À l’époque, c’était une descendante directe d’Alphonse Palus, le fondateur qui la dirigeait. « En 2018, j’ai pu la reprendre avec ses 5 salariés dont Fatima sur laquelle je me suis appuyée. C’était la mémoire de la corderie. Elle y a travaillé 40 ans. Elle maîtrisait tout le savoir-faire », se souvient ce patron, qui avoue travailler sept jours sur sept pour faire tourner la boîte et sa dizaine de salariés.
Depuis, la corderie Palus s’est orientée vers de nouveaux secteurs pour compléter son offre, comme la décoration et les loisirs créatifs en fabricant le cordage destiné au macramé. « En ce moment, on fournit une entreprise grecque chargée de l’aménagement d’un grand hôtel et on a un autre client français dans le luxe. On surfe sur la mode du cordage », se félicite Stéphane Assolari, qui a relancé l’apprentissage.
Deux jeunes gens s’activent dans l’atelier, ficelle tendue dans une main, ils courent d’une machine à l’autre pour s'assurer que l’enchevêtrement des brins se fasse correctement et devienne longe. C’est précis, physique et traditionnel. Les machines datent de l’entre-deux-guerres. Dans sa partie récente, la corderie abrite de belles machines électroniques tressant les cordages en matières synthétiques, propylène ou nylon, et les sandows en caoutchouc naturel. Cette partie industrielle de l’entreprise est source de fierté, même si Stéphane Assolari puise son énergie dans son désir de défendre un patrimoine et perpétuer un savoir-faire.
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18 commentaires
Bravo !! Félicitations mais qui en parle ?? Merci à BV
Magnifique