[VIVE LA FRANCE] Vichy, la pastille qui pétille

Du calisson d’Aix aux bêtises de Cambrai, du nougat de Montélimar à la praline rose du Lyonnais, la France des bonbons, ce n’est pas que les fraises Tagada. Des confiseries artisanales régionales, souvent familiales, font vivre un savoir-faire souvent plus que centenaire pour le plus grand régal de nos palais. La pastille Vichy, qui fête son 200e anniversaire ce week-end, fait partie de ces délicatesses françaises au succès sans cesse renouvelé. Il serait consommé 1,4 million de pastilles par jour, lit-on sur le site Carambar & Co, qui a le monopole de la production de la « pastille Vichy » pour le compte de la ville. Pour une petite pastille de sucre, d’arôme et d’eau riche en minéraux, c’est un joli succès. Auquel contribue largement la maison Moinet, la plus ancienne confiserie de Vichy et unique fabrique familiale et artisanale depuis sept générations. En effet, elle produit et vend aussi les pastilles octogonales depuis 1852. Toutefois, c’est sous le label « bassin de Vichy », car sa production est alimentée par la source Roger située à Hauterive, de l’autre coté de l’Allier et dont les propriétés sont semblables à celles de la source de la ville.
Au départ, un médicament
« Créée en 1825, ce bonbon était au départ un médicament », rappelle Yves-Jean Bignon, adjoint au maire, en charge du patrimoine et du thermalisme. Le chimiste Jean-Pierre Joseph d’Arcet, venu effectuer en 1824 une cure estivale dans cette ville d’eau prisée, avait apprécié les propriétés digestives de l’eau chargée en bicarbonate. Il est rentré à Paris avec des bonbonnes d’eau dont il isola les minéraux, les comprima dans une petite boule sucrée qui ne prendra sa forme actuelle qu’en 1856. À l’époque, c’est la Compagnie fermière de Vichy, propriété de l’État, qui gère l’exploitation de la source, appréciée depuis les Romains.
Ce week-end, la mairie a lancé les festivités autour de cet anniversaire unique, « car aucune autre friandise ne peut se targuer d’une telle longévité », précise Yves-Jean Bignon. Le maire de Vichy, Frédéric Aguilera, a inauguré cette semaine, au parc des sources, onze sculptures, sortes de pastilles géantes, chacune œuvre d’un artiste d’une des autres grandes villes d’eau européennes consacrées par l’UNESCO en 2021. Ces villes, par leurs richesses patrimoniales, sont un témoignage exceptionnel du phénomène du thermalisme qui se développa à partir du début du XVIIIe jusque dans les années 1930. Pour Vichy, cette année 2021 a été doublement bénéfique, car c’est aussi l’année où l’État a enfin, après des décennies de tractations, cédé à la ville, moyennant la coquette somme de 25 millions, cette ressource, véritable trésor qui émerge des profondeurs de la terre après 15.000 ans d’errances.
« C’était un décret de Napoléon Ier qui décida de la création du parc des sources, à la demande de sa mère qui prenait les eaux à Vichy, et c’est Napoléon III qui favorisa le développement du thermalisme », nous précise Antoine Paillet, en charge de l’exposition qui s’ouvrira le 21 juin autour de l’histoire et des bienfaits de ce petit fruit de la terre, né de l’imagination d’un chimiste altruiste. Monsieur d’Arcet céda sa trouvaille au pharmacien de l'établissement thermal et tenta, plus tard, de lutter contre la malnutrition avec un produit à la gélatine mais, surtout, créa des vernis et peintures de qualité au service des artistes.

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Un commentaire
Ville agréable et bien calme , de plus y mange bien