[VIVE LA FRANCE] Virtual Regatta, le jeu qui fait naviguer les internautes

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Vous auriez rêvé faire le Vendée Globe ou la Route du Rhum, deux courses océaniques à la voile en solitaire mythiques, mais vous n’avez pas le pied marin ? Pire : vous êtes sujet au mal de mer et attaché à votre petit confort. Ne renoncez pas à votre rêve ! Philippe Guigné, navigateur passionné désireux de faire partager et démocratiser ce sport, a inventé la solution, il y a près de vingt ans. Et depuis 2006, son jeu vidéo, Virtual Regatta, propose à tous les amateurs d’évasion sur canapé, de passionnés du monde virtuel ou de marins en mal de mer, de se mesurer aux meilleurs skippers mondiaux quelle que soit la course, même à l’autre bout de la planète. Ce jeu vous permet de prendre le départ à la même heure que les coureurs du large ; et si, par mégarde, vous avez manquez le coup de canon, l’application vous hélitreuille avec votre bateau au milieu de la flotte.

Il est donc encore possible de rejoindre, virtuellement, les 39 skippers qui sont encore en course dans le Vendée Globe après deux semaines de mer. Vous ne serez pas seul car, à la veille de ce week-end, pas moins de 687.843 marins numériques participent au Vendée virtuel. Lors de l’édition de 2019-2020, ils étaient 1.071.415 joueurs à s’être inscrits et 424.767 ont bouclé leur tour du monde.

Un jeu très réaliste avec la météo en direct

Comme les skippers qui galèrent en ce moment physiquement dans le pot au noir, cette zone autour de l’Équateur où les caprices de la météo rendent la navigation très erratique, les internautes doivent repérer les nuages porteurs de risée, choisir leur cap, louvoyer dans la mer croisée, puis chercher de l’air au plus près des côtes brésiliennes, histoire de se glisser dans le train d’une dépression et pointer sur le cap de Bonne-Espérance. Grâce au petit skipper qui guide vos premiers pas avec beaucoup de pédagogie et d’encouragements, ce jeu permet au néophyte de comprendre pourquoi, en voile, il est parfois plus judicieux d’aller à tribord pour atteindre un point à bâbord.

C’est tout le paradoxe de ce sport que souhaitait faire comprendre Philippe Guigné en concevant Virtual Regatta. « Passionné de bateau, je voulais pouvoir naviguer, l’hiver, chez moi. J’ai donc conçu ce jeu même si je ne suis pas un accro aux jeux vidéo », se souvient le créateur de ce qui est devenu une e-compétition mondiale. « Je me suis pris au jeu et je me suis dit que c’était une façon de démocratiser la voile, d’aider les curieux à se familiariser avec ce monde au vocabulaire parfois hermétique », poursuit Philippe Guigné, qui tenait à ce que ce soit un jeu gratuit. C’est le cas de la formule de base, mais les vrais mordus peuvent acheter des voiles complémentaires ou des foils et autres équipements qui les aideront à se surpasser. Parmi les nouvelles fonctions, le jeu prend en compte le nombre de virements de bord qu’effectue l’internaute qui, ainsi, puise dans ses réserves physiques au risque de manquer, dans une manœuvre, de l’énergie nécessaire. C’est réaliste car en mer, les skippers, souvent, hésitent à faire un changement de voile, conscients de la fatigue qui en découle. Le jeu intègre la météo mondiale qui est mise à jour. En revanche, pas de démâtage ou de cheville foulée, comme pour Maxime Sorel, qui a dû abandonner, la première semaine de course.

Désormais, Virtual Regatta appartient à 52 Entertainement, une société française leader mondial du bridge en ligne et un des leaders du divertissement numérique. « J’ai vendu car je n’avais plus assez de temps libre pour naviguer... », avoue le créateur du jeu, qui rappelle : « La première grande course de Virtual Regatta a été la Route du Rhum 2006. Et le succès, depuis, n’a cessé au point de devenir le jeu numéro un mondial. ». À 54 ans, Philippe Guigné n’est pas à la retraite : « Je travaille sur un projet pour faciliter la tâche des arbitres voile qui ont très peu de moyens pour surveiller les régates sur des plans d’eau immenses. » L’homme est heureux du succès de son invention. Il ne regrette pas de l’avoir vendue, même s’il reconnaît qu’il n’avait pas anticipé l’ampleur de l’engouement pour Virtual Regatta. Il reste en contact avec ceux qui l’exploitent en se félicitant d’avoir ouvert le monde de la voile à des centaines de milliers d’internautes. Dont certains sont devenus des navigateurs.

Patricia Colmant
Patricia Colmant
Journaliste indépendante

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