Vœux de Macron : carte postale à paillettes et boule à neige
Pour Emmanuel Macron, 2024 fut sans doute l’annus horribilis de trop de son long et pénible règne. Défait aux élections européennes, alors que l’Europe est au cœur de son action politique, pour ne pas dire messianique. Défait aux élections législatives après une dissolution fracassante, genre « un coup je passe, un coup je casse », comme chantait la délicieuse Corynne Charby lorsque nous étions jeunes et beaux, faisant ainsi passer ses troupes à l’Assemblée nationale de 250 à 180 députés. Défait par procuration avec la censure du gouvernement Barnier, trois mois à peine après sa nomination. Mais Emmanuel Macron a préféré, en guise d’introduction à ses vœux du 31 décembre, nous envoyer une belle carte animée avec tout plein de paillettes et d’étoiles dedans, faisant un peu oublier ces – comment dire ? - légères déconvenues qui l’obligent – Oh miracle ! - à esquisser un début d'ébauche de tentative de reconnaissance qu’il n'a peut-être pas tout fait tout bien en dissolvant l’Assemblée.
En tout cas, il y a mis tout son cœur, Emmanuel Macron, pour qu’elle soit jolie, sa carte de vœux. Comme un enfant à l’école qui fait un beau dessin pour sa maman et son papa à l’occasion des « fêtes de fin d’année ». « Ensemble, nous avons prouvé qu’impossible n’était pas français », lance la voix off, qui n’est autre que celle d’Emmanuel Macron. Il fait ça très bien. Et d’égrener ces (ou ses ?) réussites (collectives) dont la première n’est autre que l’inscription dans la Constitution du droit à l’avortement. Nous sommes les premiers au monde : il fallait le faire, on l’a fait. Comme si on avait escaladé l’Annapurna ! Et sur ce « nous » collectif qui permet de s’approprier tout plein de choses, passe aussi l’évocation du procès Pélicot. Est-ce bien le rôle d’un chef de l’État que d’évoquer une affaire judiciaire ? La question se pose. Mais passons. Viennent ensuite les images du 80e anniversaire des débarquements de Normandie et de Provence. Devoir de mémoire. Mais était-il obligé, dans cette courte évocation, de nous infliger les embrassades de Brigitte à un ancien combattant ? Que l’on sache, la dame n’est ni reine consort, ni reine mère. Bien sûr, vient ensuite la réussite des Jeux olympiques et la restauration de Notre-Dame. Œuvres collectives dont les Français peuvent être fiers. Les JO ont permis à Macron de faire traîner en jouant la montre avant de nommer un nouveau gouvernement. La réouverture de Notre-Dame, quant à elle, lui a offert pour son album souvenir de bien belles photos sur papier glacé avec les grands de ce monde. Il adore ça, faire le baise-main aux dames et taper sur l’épaule des présidents et des rois.
Plein de choses, encore, dans cette carte postale qui, pour le coup, ressemble aux images de propagande au temps de Tito : «… en ouvrant des usines… », nous narre le Président qui, visiblement, sait mieux conter que compter. Là, on se dit que, peut-être, il ne vit pas dans le même pays que nous. Plus de 65.000 défaillances d’entreprises, à la fin 2024 (chiffres de la Banque de France), soit une augmentation de 18 % par rapport à l’année précédente, des centaines de plans sociaux en perspective avec du chômage à la clé. N’avait pas de place pour tout mettre sur le dessin.
Après la carte postale, Emmanuel Macron nous a offert, en guise d’étrennes du 1er janvier, une belle boule à neige pour nous envoyer du rêve à pas cher. On pourra la déposer, soit sur la télé, soit dans un coin de la cuisine à côté du calendrier de La Poste. Pas tant pour faire joli que pour nous en souvenir. Le rêve d’un ou plusieurs référendums. Le mot n’est pas prononcé, mais on peut le comprendre ainsi lorsque le chef de l’État, se faisant visionnaire pour les décennies qui viennent, alors qu’on ne sait pas si son gouvernement passera l’hiver, déclare, prophétique : « Pour le quart de siècle qui vient, je veux que nous puissions décider et agir, avec 2050 en ligne de mire. Nous aurons des choix à faire pour notre économie, notre démocratie, notre sécurité, nos enfants. Oui, l’espérance, la prospérité et la paix du quart du siècle à venir dépendent de nos choix aujourd’hui. » C’est beau. Et d’ajouter : « Et c’est pour cela qu’en 2025, nous continuerons de décider. » Qui ça, « nous » ? Lui ? Visiblement, il n’a pas compris qu’il n’a plus de majorité pour faire ce qu'il veut. Mais bon, laisse tomber la neige ! « Je vous demanderai aussi [c’est gentil de penser à nous !] de trancher certains de ces sujets déterminants. » Lesquels, quand, comment ? Tout le monde, prenant ses désirs pour des réalités, a pensé « référendum », mais on a connu par le passé le Grand Débat, les conventions machin-bidule et tout ça… Il n’en dira pas plus pour ce soir. Mystère et boule de neige qui retombe au fond de la boule.
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133 commentaires
Comme d’habitude, et comme à peu près tout le monde, je n’ai pas écouté. Mais mon voisin me dit que c’était son testament. Ce serait donc enfin la fin ?
Ce pauvre homme serait-il plus à plaindre qu’à blâmer ? Oui si la situation n’était pas si grave !
Heureusement j’ai trouvé un autre programme sur une autre chaîne . Depuis longtemps, je n’écoute plus ce camelot qui ne vent que du … vent .
Comme d’hab, l’insipide discours présidentiel suait l’insincérité. Quoi qu’il dise, cet homme a le talent de le vider de tout élan, de tout espoir. Le locataire de L’Elysee n’a rien à dire, c’est pourquoi ses propos sont vides. Il faut qu’il parte, c’est une urgence. Lui président, rien ne peut se faire. Nous voilà de retour aux détestables conventions citoyennes, de désolants assortiments d’individus prétendument tirés au sort, qui se gargarisent de mots et émettent des éructations pompeusement baptisées propositions. Grotesque. Et les référendums! Le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel prendront soin de les vider de tout intérêt, les seuls sujets importants (immigration, insécurité, place des juges) étant hors champ. Partez, Monsieur le Président, vous êtes une plaie pour la France!
Méfions-nous. Je crains que son premier référendum ne soit que pour nous demander de bidouiller le vote: la proportionnelle, qui assoira la IVe République, dont il est friand. Pendant ce temps il ira faire l’Européen.
L’empereur de la télévision est atteint d’une maladie rare, la « gonflite ». Je lui souhaite donc de dégonfler rapidement mais doutant sérieusement que ce soit possible.
Autre sujet de Référendum qu’il devrait nous proposer: »Inscrire son portrait sur le drapeau français en 2D ou en 3D? »
A vous de choisir!
Convaincu depuis longtemps, encore cette fois, j’ai fermé la télé avant son intervention !
Je constate avec une légère amertume que je n’ai même pas cherché à regarder en différé les vœux du Président Macron. Il est le symbole de toute la classe politique : globalement incompétente, inintelligente et immorale mais virtuose dans la manipulation et la combinaison des mots.
La « vérité » est plus profondément inscrite dans la chair et le cœur de la classe des gens modestes, humbles, courageux, travailleurs et plus lucides que cette classe politique. Il viendra nécessairement un temps où ils seront servis les premiers…
…Comme un enfant à l’école qui fait un beau dessin pour sa maman et son papa à l’occasion des « fêtes de fin d’année »…
C’est tout à fait cela. Il m’a fait penser en l’entendant (juste en passant car la colère me submerge à chaque fois que je le vois) à un comédien débutant au théâtre s’appliquant tout particulièrement à moduler ses intonations, à ralentir son débit pour les arriérés de gaulois que nous sommes à ses yeux !
C’était d’un ridicule affligeant…
Toujours le même type de discours : de l’autosatisfaction, des paroles, des mots, des paroles, des mots… et pas un mot sur les maux, bref le vide sidéral !
Pire en 7 ans, je peux me vanter de n’avoir écouté aucune de ses élucubrations .
Merci à Georges Michel pour cette présentation.
Pour ma part j’ai coupé le son et je n’écoute plus ce monsieur depuis 7 ans qui dit tout et son contraire.
Depuis 2005 où on nous a volé notre voix je n’ai plus confiance à ces gens. Pour mémoire le même Sarkozy à fait de Mayotte le 101ème département Français .
Quant à Macron depuis 7 ans il « consulte » les Français pour faire semblant alors je prends mon mal en patience et j’attends que ce personnage s’en aille.
Pour parler de lui, on pourrait intégralement reprendre le jugement bien connu de l’empereur Napoléon 1er à propos de Talleyrand: « Vous êtes un voleur, un lâche, un homme sans foi. Vous ne croyez pas à Dieu et vous avez toute votre vie manqué à tous vos devoirs, vous avez trompé, trahi tout le monde…. Tenez, Monsieur, vous n’êtes que de la m…e dans un bas de soie. » 28 janvier 1808, Les Tuileries.
Talleyrand était intelligent, lui…
Beaucoup comme moi, ont fermé la télé aux premières notes de la Marseillaise.
Depuis quelque temps cette introduction musicale précédant ses allocutions nous pousse à fuir.
Partant du principe que désormais je me protège, je n’ai pas écouté le charmeur des masses populaires.
Le bateau gîîîte et le capitaine s’accroche désespérément au bastingage espérant que le fond n’est pas trop… profond !
Un nouveau surnom pour lui : Persifleur!
Merci pour cet humour qui fait un bien fou.. » .il « n’a peut être pas de majorité mais il fait tout de même ce qu’il veut et c’est cela Machiavel … oui il est en tort par rapport au procès Pelicot car l’affaire n’est pas terminée, donc il s’ingère dans le judiciaire, et elle aura fait la une très rapidement et constamment ; il y a tout le reste et vous en parlez bien.. oui SA carte postale n’est pas complète, il ne parle pas, et cela m’a frappée, de tous ces parents qui ont perdus leurs enfants par manque de sécurité ! comment, avec ces – ses – voeux , peut il ne pas évoquer le nombre important de français qui ont été tués sur son propre sol ? ce sont des personnes qui n’ont pas de nom, pas d’âme, qui n’existent pas sinon 48h lors des obsèques ???