Voile islamique : Pour Louis Boyard, Zemmour et le régime iranien, c’est pareil
5 minutes de lecture
La France insoumise n'en finit pas de nous étonner. Hier, Adrien Quatennens, esprit frappeur, aujourd'hui, Louis Boyard, ancien dealer et député de fraîche date. Tout est parti d'un tweet d'Éric Zemmour : « En Iran, les femmes se battent pour retirer leur voile. Dans les écoles françaises, on les menace quand elles demandent à des élèves de le retirer. Terrible contraste. » Même si un homme politique de gauche pourrait trouver à redire sur le bien-fondé de cette comparaison, les deux éléments sont incontestables. En Iran, le probable meurtre d'une jeune fille pour mauvais port du voile par la police des mœurs de la république islamique a déclenché une vague d'opposition dont l'avenir nous dira la puissance. De même, il est difficile de contester qu'en France, une jeune fille à qui on demande de retirer son voile risque fort de menacer le professeur ou de provoquer des menaces de la part d'une communauté d'élèves majoritairement soudée autour d'une vision sociale, orthopraxique et bornée de l'islam.
Sauf que, sauf que... cette comparaison a, pour la gauche, deux inconvénients majeurs : d'abord, c'est un tweet de Zemmour. Nauséabond par construction. Cela seul pourrait suffire à le disqualifier. Ensuite, et surtout, cette déclaration met sur le même plan deux choses par nature incomparables dans l'esprit d'un gauchiste : l'oppression par le pouvoir et l'oppression venue du groupe social. En Iran, c'est le pouvoir qui force les femmes à mettre un voile ; en France, c'est l'entourage. Louis Boyard ne l'entend pas de cette oreille : pour lui, mettre ou enlever son voile islamique, c'est un choix individuel des femmes. Zemmour ou les ayatollahs, au fond, c'est pareil. Lisons sa réponse, toujours sur Twitter : « Il n’y a aucune différence entre un Zemmour qui se bat pour arracher le voile des femmes et les dirigeants Iraniens qui se battent pour le leur imposer. Les deux sont des ennemis de la liberté des femmes à choisir pour elles-mêmes. »
Il n’y a aucune différence entre un Zemmour qui se bat pour arracher le voile des femmes, et les dirigeants Iraniens qui se battent pour le leur imposer.
Les deux sont des ennemis de la liberté des femmes à choisir pour elles-mêmes. https://t.co/RTtFYlIfjY
— Louis Boyard (@LouisBoyard) September 21, 2022
Bon. Par quoi commencer ? D'abord, Zemmour, s'il était Président, ne ferait pas enlever et battre à mort les jeunes filles qui porteraient le voile. Dans un pays, la France, où une amende pour port du voile intégral a provoqué, il y a quelques années, l'embrasement de tout un quartier, il serait déjà compliqué de faire passer une loi sur l'interdiction du hijab. Ensuite, si le port du voile fait partie de la foi musulmane, chiite comme sunnite (voir Coran, sourate 33, verset 59 par exemple), le non-port du voile en France pose une question différente. La France est, depuis quelques siècles, un pays laïc, mais qui vit sur un héritage chrétien omniprésent. La République refuse de le reconnaître et voudrait bien mettre toutes les religions sur le même plan -pourtant, l'Histoire parle bien plus fort que les discours creux des politiciens interchangeables.
Il y a toujours eu, dans ce vieux pays catholique, des Juifs, par exemple (avec des épisodes de persécution assez bien documentés et répandus dans toute l'Europe). Il y a eu, à partir de la Réforme et jusqu'à la révocation de l'édit de Nantes, des protestants, souvent brillants et riches. Il n'y a pas eu, en revanche, de musulmans sur le sol français avant la conquête de l'Algérie, à qui la France a donné ses frontières et son nom. Jusque-là, l'endroit était nommé Barbarie et son peuple les Barbaresques. Leur activité principale était le rezzou, qui consistait à assaillir la côte d'Azur pour tuer, piller, violer et enlever les populations du rivage.
Il n'y a pas eu, ou de manière infinitésimale, d'importantes communautés musulmanes en France métropolitaine avant les années 60. La première revendication de port du voile à l'école (on disait alors « foulard ») remonte à Creil, en 1989. Depuis, par faiblesse et parce que l'avenir appartient aux minorités fanatiques (on le sait depuis le Que faire ? de Lénine, et même depuis son inspirateur, le Que faire ? de Tchernychevski), le hijab est visible partout dans l'espace public. Si l'œil a parfois du mal à s'y habituer, personne ne fait de remarques, sous peine de passer pour un raciste - comme si l'islam était une race - ou un islamophobe. Sur ce dernier mot, une remarque : « islam » veut dire soumission, « phobie » veut dire peur. Un islamophobe, ce serait donc quelqu'un qui a peur de la soumission ?
Enfin, le plus important : la liberté individuelle des femmes dans l'islam. Avez-vous demandé à une femme musulmane de vous décrire le paradis des femmes ? Vous devriez. On dit souvent que ceux (pardon, celles et ceux) qui critiquent l'islam n'ont pas lu le Coran ni les hadiths. C'est pourtant instructif : voici, par exemple, ce que le Coran dit de la place des femmes dans la société : « Restez au foyer et ne vous exhibez pas à la manière des femmes d'avant l'islam » (33 ; 33) ; ou encore de l'égalité entre chacune et chacun dans la répartition de l'héritage : « Voici ce qu’Allah vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils, une part équivalente à celle de deux filles. S’il n’y a que des filles, même plus de deux, à elles alors deux tiers de ce que le défunt laisse. Et s’il n’y en a qu’une, à elle alors la moitié… » (4 ; 23).
Voici, par ailleurs, ce que les hadiths (propos authentifiés de Mahomet, que l'on n'appellera pas « le prophète » sauf si on est musulman) disent des femmes : « La femme doit couvrir son corps. Quand elle sort de chez elle, Satan l’encadre. Pour être plus proche d’Allah, elle doit rester dans son foyer » (rapporté par Ibn Hibban et par Ibn Khouzaymah, authentifié par al-Albani, in « as-silsilah as-sahihah », 2688).
Ce n'est pas à moi de vous dire si l'islam est ou non une religion de paix, d'amour et de lumière. Ce n'est pas à Louis Boyard non plus, d'ailleurs. C'est aux musulmans et, en l'occurrence, aux musulmanes de montrer, par leur comportement, si la faculté de discernement de l'individu est (ou pas) supérieure à la loi qu'ils pensent dictée par Allah. C'est ce qui se passe en ce moment en Iran, seul pays musulman (par parenthèse) qui a toujours assuré une éducation brillante aux femmes. Un coup d'œil sur les spécificités du chiisme vous expliquera pourquoi. Ce n'est pas ce qui se passe en France. On ne peut pas mélanger combats féministes et défense de l'islam politique. Louis Boyard ne veut pas le comprendre.
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
24 commentaires
Mon tweet de réponse à celui de Louis Boyard :
« Vous devriez arrêter de fumer des produits prohibés, Monsieur le très jeune Député.
Sauf à vouloir faire, en permanence, le buzz sur Internet, vos propos sont d’une pauvreté intellectuelle du niveau de l’imbécillité pathologique.
À votre âge, je servais ma Patrie. Pas vous. »
Eh bien moi j’échangerais bien dix iraniennes qui revendiquent et s’insurgent contre le port du voile et ses déclinaisons contre une seule fanatique vivant sur notre sol qui se vêt par soumission ou provocation de nos institutions.
Louis Boyard, ancien dealer aurait mieux fait de continuer son activité , en effet , c’est bien dans ce genre d’activité que l’intelligence n’est pas nécessaire .
Monsieur Boyard n’a rien compris , ni aux femmes , ni a ce qu’elles subissent dans ces pays du tiers monde .Et si elles portent le voile chez c’est par obligation et par provocation car malgré la loi elles savent qu’en France elles ne risquent rien .Par contre si elles l’enlèvent dans leurs pays la sentence est lourde , nous en avons eu un bel exemple récemment .Bref avec Boyard nous comptons un idiot de plus , comme si nous n’en avions pas suffisamment parmi ces élus .