Voiture électrique : crash violent dans le mur des réalités

Avant de décider ce qui constitue une révolution complète, aucune étude d'impact n'a été faite...
@chuttersnap/unsplash
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L’Europe l’a décidé : à partir de 2035, c’est la fin des voitures thermiques neuves. C’est comme ça, on ne discute pas ! Et puis, c’est facile, c’est pas cher et ça peut rapporter gros sur le marché des élections, ont dit nos crânes d’œuf bruxellois.

Alors, en mars 2023, malgré le rétropédalage des constructeurs européens confrontés à une réalité que personne n’avait étudiée, il a bien fallu entériner les décisions de l’Union européenne. Qu’importent les coûts, jamais évalués, qu’importent les difficultés techniques, jamais évaluées non plus, qu’importent les réticences des automobilistes qui voient grimper les prix à mesure que s’envole celui de l’électricité : aucun véhicule neuf vendu à partir de 2035 ne sera équipé d’un moteur thermique.

Les constructeurs freinent des quatre roues

D’abord enthousiasmés par l’idée de voir s’ouvrir un nouveau marché, les constructeurs freinent aujourd’hui des quatre roues. Ils le disent tous : avant de décider ce qui constitue une révolution complète sur le plan technologique, social, environnemental, aucune étude d’impact n’a été faite.

Déjà, les acheteurs ne sont pas vraiment au rendez-vous, et pour cause. En période d’inflation la voiture électrique est un luxe. « En France, par exemple, il faut débourser plus de 35.000 euros pour la Peugeot 208 électrique, soit 57 % de plus que la version à essence, même en tenant compte des aides publiques. Un prix en augmentation de 20 % sur les trois dernières années », lit-on dans La Tribune. Le patron de Mercedes, lui, a déclaré : « Il n’est pas possible de prédire exactement si nous vendrons notre dernier moteur thermique en 2030, 2033 ou encore 2035, car ce sont nos clients qui décideront », et l’Allemagne a obtenu de l’UE de pouvoir utiliser des carburants synthétiques.

Accusé, comme d’autres constructeurs européens, d’être « sur le côté conservateur de la transition énergétique », le président de Renault, Jean-Dominique Senard, était entendu, le 20 mars, par la commission des Affaires économiques du Sénat. Il a évidemment déploré qu’aucune étude d’impact n’ait été faite en amont. Conséquence : « Une fois que la décision a été prise, tout le monde a découvert ou a fait mine de découvrir que nous avions un énorme problème autour des ressources nécessaires pour alimenter les usines de batteries. » On s’est tout à coup aperçu que « l’Europe était dépourvue d’accès significatif aux mines (de métaux rares) nécessaires à la fabrication des batteries ». Bref, de ce fait, « l’industrie automobile s’est trouvée devant des défis majeurs qui n’avaient pas été anticipés ».

L’Asie, elle, a anticipé, comme l'atteste le dirigeant de Renault : « Depuis 25 ans, la Chine […] a mis la main sur une quantité significative de mines. » Et d'ajouter que « la Chine domine entre 60 et 70 % de l’accès aux mines de métaux nécessaires pour la production d’énergie électrique ».

Oui, mais voilà, faute d’études en amont, « ce constat-là est apparu après la décision et non avant ». Et puis, il y a « l’autre sujet », celui d’une « demande d’énergie électrique considérable » et pour laquelle nous ne sommes pas davantage prêts. Déjà, l’Allemagne reporte la construction de son usine de batteries, et chez nous, tout projet d’ouverture est violemment contesté…

Ce lundi matin, sur Europe 1, Emmanuelle Ducros consacrait son « Voyage en Absurdie » au sujet. « Les constructeurs sont échaudés par les errements politiques », dit-elle. Et d’expliquer que la première raison de cette situation, c’est que « l’UE a la fâcheuse habitude de penser qu’elle peut fixer un objectif sur un coin de table, et que cela suffit à faire une politique publique, sans jamais se demander comment, ni avec quels effets ». C’est d’ailleurs exactement ce qu’on a fait avec l’agriculture. Et puis, faire une étude d’impact, c’était inévitablement « confronter la pensée magique à la réalité, une réalité qui supposait de tordre le cou à un certain nombre de dogmes écolos, et cela n’a pas bonne presse ». Plus dur sera l'impact.

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

79 commentaires

  1. Il existe une technologie française , créée en France , alternative au lithium , dont le prototype a été testé avec succès .
    Trois chiffres : autonomie : 2.500 kilomètres ; prix de revient kilométrique sur le cycle de vie complet , de la construction au recyclage : 7 (sept) centimes d’€ ; temps de changement de la batterie : 90 secondes. Malheureusement , les journalistes et politiciens vivent dans un univers parallèle .

  2. Et tout ça à partir de l’hypothèse indémontrée -et contestée par des milliers de scientifiques de haut niveau-, que le CO2 provoquerait une hausse des températures !

  3. Décision purement idéologique. l’Europe se fait une virginité sur le plan climatique à bon compte. Elle exporte toutes les activités générant de la pollution à l’extérieur, industrie, agriculture, etc et ne comptabilise pas le coût environnemental des biens que l’on consomme. C’est tout bénéfice. Prenons le cas de l’élevage, une vache élevée en France ou au Chili pollue tout autant, le transport de la viande vers l’Europe quel qu’il soit pollue. Mais ce n’est pas comptabilisé dans la pollution de l’Europe. Donc, l’Europe à leurs yeux est un bon élève. Ce qu’ils oublient, c’est que le dérèglement climatique est mondial et que la pollution soit produite en Amérique du Sud ou en Europe ne changera rien au problème

  4. Une fois encore on a mis la charrue avant les boeufs, il est surprenant de voir les constructeurs d’automobiles se fourvoyer en choeur dans cette galère. Ils paieront le prix des errances de l’UE qui décrète des directives sans en mesurer les conséquences.

  5. Un fonctionnaire a dit et tout le monde doit faire ! On se demande bien pourquoi l’UE est en train d’exploser à tous les niveaux, en commençant pas les agriculteurs suivis des énergies renouvelables, des voitures électriques, des criminels immigres tranquilles etc etc etc.
    Cette UE « fédérale » bâtie sur des mensonges politiques et le refus de ces peuples doit mourir au plus vite, pour être reconstruite sur des bases saines et solides. Sinon, ce sera l’explosion totale !

  6. l’électrique se heurte au mur de ses capacités comme le condensateur qui accumule la dite électivité patiemment avant de la décharger. Il en est de même des batteries, variété de super condensateurs, lesquels ont souvent besoin de passer à la pompe, mais avec un petit bémol : la durée pour faire le plein à 80%, la rapidité pour se décharger si vous êtes pressé et le souci de trouver une pompe. Et je ne vous parle pas du prix de kWh que certains vous vendent au prix de l’or noir TIPP et TVA incluses, « of course ».

  7. N’importe qui peut comprendre que cette décision de l’arrêt des moteurs thermiques programmé pour 2035 est absurde. Que le tout électrique est non seulement irréalisable mais, en plus, ne signifie en rien une diminution de la pollution face à la production de batteries et autres éléments que cela exige. Les décideurs autoproclamés ne s’interdisent jamais de faire supporter à des pays moins riches ou supposés comme tels de nous débarrasser de nos propres déchets, ces derniers n’appliquant pas les mêmes normes que nous. Dans tous les domaines que ce soit l’agriculture (produits non contrôlés), l’informatique (récupération des matières dangereuses), ou la santé publique (désamiantage de vieux cargos par exemple), ils n’ont aucun scrupule à exporter notre pollution pour laver plus blanc que blanc. C’est ainsi que nos agriculteurs sont désavoués, que nos industries sont délocalisées, que les recherches scientifiques, dites d’avenir, se font ailleurs et que la France comme tous les pays qui forment l’Europe, au final, se décomposent. On en meurt de tout ça.

  8. La voiture est la vache à lait de l’état . De qui se moque t on acheter une voiture à 35 000 € pour être limité dans ses déplacements pour les recharger faire un parcours du combattant sans compter le renouvellement d’une batterie. Si ce n’est qu’il faille payer pour la destruction sans compter une fiscalité à venir !!!. tout cela pour faire plaisir aux écologistes qui nous pompent l’air du temps et mettent le chaos dans le pays

  9. l’électrique a accumulation (batterie) est un non sens total a tout les niveaux, polluante de par l’extraction et la transformation des métaux pour les batteries , polluante de part sa consommation en énergie électrique du fait qu’il faut construire des centrales et des éoliennes pour alimenter tout les véhicules, polluante de par sont recyclage notamment des batterie.
    Seul la filière a Hydrogène blanche est une alternative viable a long terme , cette solution ne sera disponible que dans les années 2040-2050 , nous n’en somme qu’au stade des recherches; en attendant il va falloir se coltiner les lubies écolo bobo.

  10. Des études d’impact étaient-elles vraiment nécessaires pour comprendre dès le départ l’ineptie totale des voitures électriques ? Dès le début, on savait que nous ne disposions pas des matières premières nécessaires ; nous savions que le coût global de construction d’une voiture resterait très élevé et que les batteries devraient être changées avant même que la voiture dans laquelle elles se trouvaient aient besoin d’être remplacées. La vraie et seule solution est soit l’hydrogène (grâce à l’énergie nucléaire bon marché) ou peut-être mieux encore, le carburant végétal non alimentaire, ne nécessitant aucune modif sur nos moteurs thermiques, et permettant de redynamiser nos campagnes, sont des solutions un peu intelligentes. J’ai cru comprendre que les Chinois allaient commercialiser leur première voiture à hydrogène en 2026. A bon entendeur….

  11. Rappelons que le GPL a été totalement sacrifié en France pour protéger
    – le lobby automobile : les moteurs au GPL durent bien plus longtemps
    – le lobby pétrolier. : Le GPL est moins cher
    – l’Etat : moins de taxes à encaisser

  12. Si vous souhaitez acheter une voiture électrique d’occasion , il n’ y a rien de plus simple, il y en a déjà des milliers à vendre . des propriétaires déçus par les difficultés à  » faire le plein  » , le temps passé à le faire . Le peu de distance parcourues entre deux chargement d’électricité … Et j’en passe . Ceux qui en ont fait l’acquisition cherchent maintenant à s’en séparer .

    • Sauf les bobo-écolos qui vont à vélo, ne font pas d’enfants, et vivent dans des cités où sont développés les transports en commun sans se préoccuper le moins du monde de leurs voisins. Mais qui cependant acceptent, de temps en temps, les inconvénients de la voiture électrique pour en faire la promotion. Car pour eux, tout ça, c’est tellement amusant !

  13. Le PDG de Renault se réveille bien tardivement, il aurait du se montrer solidaire du PDG de Stellantis qui dénonce cette folie depuis longtemps.
    La fin du moteur thermique voulue par l’UE n’est qu’une des nombreuses conséquences du délire climatique dont les adeptes traitent de complotiste celui qui se permet simplement de douter de cette religion.
    Si certains se réveillent enfin, c’est uniquement parce que les acheteurs ne sont pas au rendez-vous.
    Moralité : le consommateur a infiniment plus de pouvoir que le citoyen !

  14. De voir toutes ces absurdes pubs télé sur la promotion des voitures électriques on vois bien que les gens ne sont pas partant, essayez un covoiturage de Paris vers la Méditerranée avec une voiture électrique, vous aurez vite compris et comme le dit la publicité, vous aurez l’occasion de vous ressourcer de nombreuses fois. rien ne vaut un bon vieux diesel qui, contrairement à ce que certains disent ne pollue pas plus qu’un moteur essence, mon diesel à dépassé les 500 000 Kms sans réparation à part les pièces d’usures avec ne consommation ne dépassant pas les 6 litres aux cent, un essence aurait du être remplacé au moins deux fois, mesurez la pollution de les construire.

    • Pour ce qui est de du moteur a essence, pas sur pour le remplacement, 380 000 kms sans problèmes et au final une voiture qui ne passait plus le contrôle technique pour cause de corrosion. Mais le moteur partait au car de tour même
      en hiver.

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