Volodymyr Zelensky : de la dialectique du bien et du mal

zelensky

Il semble loin le temps où, en 2016, Volodymyr Zelensky jouait du piano debout avec ses attributs. Ou qu’il se produisait dans des danses lascives en body-cuir et talons aiguilles. Il a, depuis, conquis ses lettres de noblesse auprès d’une partie de l’intelligentsia occidentale qui fait de cet ancien bouffon devenu président le parangon de la démocratie depuis que Vladimir Poutine a envahi l'Ukraine.

Si l’irrationalité apparente de la décision de Poutine interroge, après plus d’une semaine de combats, la réalité saute aux yeux : il a généré l’inverse de tout ce qu’il semblait vouloir provoquer. Au premier chef, le sentiment national ukrainien s’est cristallisé en cet ambigu Zelensky, qu’on disait marionnette fantoche de puissances oligarchiques, compromis et fragilisé, en septembre dernier, par les révélations des « Pandora Papers » sur l’opacité de ses transactions à l’étranger, après qu’il se fût pourtant déclaré champion et « serviteur du peuple » contre la corruption lors de la campagne présidentielle de 2019.

La résistance massive des Ukrainiens qui déjoue les pronostics de victoire rapide du Kremlin a-t-elle aussi surpris l’ancien saltimbanque qu’ils ont porté à leur tête ? En tout cas, il nous démontre aujourd’hui qu’il a su prendre en main les commandes de la « Providence » avec une habileté consommée où transparait son professionnalisme de communicant. Conviction ou posture, il a surtout su s’approprier et mettre en scène la dialectique du Bien et du Mal à destination de l’Occident libéral.

Ce vendredi, dans une mise en scène sobre en un lieu indéterminé pour raisons de sécurité, veste kaki et mal rasé, il exhortait une nouvelle fois les Européens en termes dramatiques sur le danger de l’ogre russe qui nous menacerait tous, présentant son pays comme un rempart : « Si l'Ukraine ne tient pas, l'Europe ne tiendra pas. » Une dialectique pour émouvoir nos sensibilités par la simplification dualiste : « Soutenez notre liberté, parce que cette victoire, ce n'est pas seulement contre les militaires russes, c'est la victoire du bien contre le mal. » Disons-le tout net, Volodymyr Zelensky est dans son meilleur rôle. Celui de sa vie !

N’aurait-il pas déjà échappé à trois tentatives d’assassinat ? C’est ce que dit le Times. Vrai ou faux, peu importe. Les médias occidentaux retrouvent avec lui le héros romantique « guévarien » de la liberté qui plaît à l’universalisme moral ; le David démocrate qui brave le Goliath totalitaire. Et les vieux va-t-en-guerre à l’émotion sélective du nouveau Café de Flore, BHL en porte-drapeau, réactivent la mythologie de leurs jeunes années : pour lui, Zelensky, c’est Gavroche, Allende et Churchill à la fois. Face à un Poutine vieilli, cireux et cravaté derrière son bureau old fashion soviétique, vu et dépeint en dictateur usé, ce personnage trouble a d’ores et déjà gagné, en France et en Europe, la bataille du texte et de l’image grâce à sa propre mise en scène et aux louanges de ses multiples défenseurs.

Mais, acculé au tragique imposé par la guerre, n’est-il pas devenu, quoi qu’on en pense, par ses déclarations irresponsables qui veulent entraîner les Européens et l’OTAN jusqu’à l’irréparable, l’imprévisible pyromane de l’escalade militaire la plus dangereuse qui soit ? Comme un mauvais génie de combat eschatologique, bien éloigné du modèle idéal des héros de la liberté dont rêvent pour nous BHL et sa clique.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/03/2022 à 8:32.
Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

Vos commentaires

132 commentaires

  1. Et si on voulait bien se rappeler que Zelensky, président, a laissé son armée faire au Dombas ce qu’il reproche à Poutine de faire à l’Ukraine aujourd’hui. Toute proportion gardée, ça me rappelle le coup de boule de Zidane à Materazzi en 2006. Tout le monde a focalisé et n’a vu que le geste. Personne ne s’est demandé pourquoi ? Ceci, sans l’excuser, aurait peut-être expliqué cela. Et si l’arbitre avait rappelé à l’ordre l’italien quand il tirait le maillot de Zizou ou insultait sa mère…

  2. Rappelons que la photo qui illustre l’article ne vient pas du front et n’est pas récente. Elle remonte à quelques mois, lors d’un exercice bien inoffensif.
    Par ailleurs, il voudrait nous refaire le coup de la Pologne en 1939; mais aujourd’hui les ambitions ne sont pas les mêmes, bien qu’on essaye de nous le faire croire.
    Toujours la même attitude: faire monter la peur.

  3. S’il n’avait pas fourni à Poutine le prétexte pour intervenir en faisant massacrer les populations du Donbass par ses groupes néonazis, s’il n’avait pas imposé la langue ukrainienne à des populations russophiles, la situation n’aurait pas dégénéré. Il est largement responsable de l’intervention russe. Qu’il ne vienne pas jouer au gentil héros, maintenant.

  4. Ras le bol de ce bouffon pas rigolo du tout.
    Le clone du notre.
    Vive Poutine et dégageons l’autre!

  5. Il faut se souvenir que l’Ukraine a participé à la farce tragique mise en place par Georges W Bush junior en 2003.l
    Visiblement les américains ne sont pas pressés de renvoyer l’ascenseur au clown Zelensky qui d’ailleurs n’a pas très envie d’en parler non plus.
    À l’époque,il était vraiment un clown!

  6. C’est facile, d’ironiser à propos d’un homme qui fut un comédien comique, mais les gens sont sous les bombes, femmes et enfants fuient, et on n’ironise pas à propos du lanceur de bombes.L’ironie ne peut avoir lieu devant tant de malheur.

  7. ce bonhomme est un grand malade ( il se croit dans un film )j’espère que les services secrets russes vont le capturer avant que ce criminel nous amène tout droit à la troisième guerre mondiale ….car cet individu refuse toute négociation avec POUTINE et assume de faire massacrer sa population , alors qu’il est conscient (malgré l’appel aux européens ) que POUTINE va le détruire tôt ou tard ….il refuse les couloirs humanitaires vers la Russie et la Biélorussie aux pro-russes, POURQUOI ?

  8. Zelensky est-il le bien absolu? Il est comme nous tous : une part de bien, une part de mal. Or l’objectif de chacun est d’exclure le mal. C’est lui qui a tout fait pour saborder les accords de MINSK élaboré par la France et l’Allemagne. Mais ces accords ne plaisaient pas aux US qui veulent installer l’OTAN aux portes de la Russie. un dicton connu dit: qui tire trop sur la corde elle casse. En attendant ce sont les populations qui en paient le prix. Aime-t’il son peuple?

  9. Cela fait des années que Volodymyr Zelensky ce Président venu de la comédie, pitreries, appuyé par les US via CIA semble s’être satisfait d’une guerre à l’extrême est de l’Ukraine (Donbass), avec parait il plus de 14 000 morts….Qu’ont ils tous fait, l’O.N.U., le G7, etc …? Vous savez ce que le GDG disait de l’O.N.U. ? le grand machin !!

  10. Cette ironie déplacée à l’égard d’une nation et de son chef qui se battent courageusement me met mal à l’aise. La soumission au nouveau tsar de toutes les Russies qui transparaît dans les commentaires me révulse. Curieux de voir ainsi validées a posteriori les méthodes de feue l’URSS qui ont laissé tant de bons souvenirs en Europe de l’Est. Je ne me reconnais pas dans cette droite new-look !

  11. Cette guerre n’est pas la nôtre. Nous pouvons aider et secourir les réfugiés. Mais de là à fournir de l’armement voire participer tel que Zelinsky le demande c’est pure folie. Ce serait inévitablement une guerre mondiale destructrice comme jamais.
    Son comportement avec le Dombass depuis des années devrait faire réfléchir.

  12. Les Français ne réagissaient pas ou très peu face aux violences envers les gilets jaunes, et sont près semble t’il à mourir pour  » leurs frères » Ukrainiens, attendons pour voir si cela se confirme…

  13. Les admirateurs du président-saltimbanque-musicien-membré de la malheureuse Ukraine se rendent-ils compte du risque que fait courir ce pitre à l’Europe tout entière? Quant à l’origine de ce qui ne devait être ( là est sûrement l’erreur de Poutine) qu’une rapide opération militaire, pourquoi ne dermande-t-on jamais aux habitants du Dombass ce qu’ils subissent depuis des années de la part des Ukrainiens? BHL supporterait-il le passage du caviar au rutabaga? A méditer peut-être…

  14. Zelensky veut internationaliser ce conflit, mais Poutine aussi, il emploie des bataillons tchéchènes islamistes, et d’après Valeurs Actuelles il voudrait utiliser des Syriens.
    Une guerre civile fratricide qui va s’internationaliser et devenir religieuse entre islamistes et mécréants.

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