Vox passe, en Espagne, de 24 à 52 députés. Merci, Sánchez !

Vox

Quand il a dissous le Parlement, le socialiste Sánchez escomptait, bien sûr, augmenter sensiblement le nombre de ses députés. Il en avait 123. Las ! Il n’en a obtenu, ce dimanche, que… 120.

Il aurait bien aimé renforcer aussi sa politique d’alliances. Par exemple, avec le parti Ciudadanos, cette chose qui ressemble le plus en Espagne au « macronisme ». C’est, d’ailleurs, Ciudadanos qui a fait appel, à Barcelone, au sieur Manuel Valls, bien connu du public français. Las ! Ces élections ont représenté la déroute absolue pour Ciudadanos. Ils avaient 57 députés. Ils en sont désormais réduits à 10.

En profanant la sépulture de Franco, en piétinant le droit sacré de tous les morts à être enterrés là où leurs proches le souhaitent, en rouvrant de la sorte les blessures de la guerre civile, Sánchez croyait emporter le soutien des forces « anti-fascistes ». Il est maintenant manifeste qu’il n’en a rien été.

Sánchez avait aussi, sans doute, le but d’arrêter la progression de Vox, le parti du diable, de la xénophobie et du racisme. En avril, les patriotes espagnols de Vox entraient pour la première fois au Parlement, avec 24 députés. Désormais ils en ont… 52 ! La progression est foudroyante.

Marine Le Pen s’est, d’ailleurs, déjà empressée de le remarquer dans le message de félicitations envoyé à Santiago Abascal. Celui-ci a reçu aussi les compliments de Salvini, ce qui est encore plus significatif, vu les clins d’œil que le dirigeant de la Lega italienne avait eu le culot d’adresser aux séparatistes catalans.

Or, aussi foudroyante que soit la progression de Vox, l’addition de ses députés à ceux du Partido Popular ne permet toujours pas de constituer un bloc capable d’avoir la majorité et de faire barrage aux mainmises des socialistes.

Dans ces conditions, quel gouvernement pourrait bien former Pedro Sánchez ? L’addition de ses députés à ceux des communistes-libertaires de Podemos est toujours insuffisante si l’ensemble des autres partis votent contre un tel gouvernement. Les socialistes ne pourraient donc être aux commandes que s’ils comptaient avec le soutien des communistes plus celui des sécessionnistes catalans et basques. C’est une possibilité : la plus terrible, certes, pour l’Espagne. Mais qu’importe l’Espagne à ce frimeur qui ne pense qu’à jouir du pouvoir ? Or, pour ce faire, Sánchez devrait payer un prix énorme, insensé, en termes de discrédit aux yeux de l’Espagne qui veut rester espagnole dans tout le sens historique, culturel et affectif du mot. Il n’est donc pas tout à fait sûr qu’il se décide à faire tomber le pays dans un tel abîme.

Reste l’autre possibilité : celle d’une grande coalition (que ce soit par un gouvernement conjoint ou par un simple appui parlementaire) entre le Parti socialiste et le Partido Popular. Comme le disait récemment Santiago Abascal : tous les deux pensent en réalité la même chose. Tous les deux ont le même but : le maintien du Système. Qu’ils s’allient donc. Allez-y, les gars ! N’hésitez pas ! Les compromissions, les concessions et les trahisons vont alors aller bon train. Tant mieux, en un sens. Le peuple espagnol verra alors plus clairement où, eux, ils se tiennent. Et où nous nous tenons.

Javier Portella
Javier Portella
Écrivain et journaliste espagnol

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