Voyage à Alger : Pourquoi Macron devrait taper du poing sur la table

Presidents Macron And Tebboune Leave The Presidential Palace - Algiers, Algeria - 25 Aug 2022

Emmanuel Macron est depuis hier en Algérie. Deux grands enjeux dominent cette visite : un enjeu énergétique, avec ce gaz dont nous avons besoin, et un enjeu purement politique et diplomatique lié à l’immigration.

À première vue, pour nos compatriotes, l’enjeu le plus brûlant, alors que l’automne et l’hiver approchent, c’est le gaz. Impossible, pour le Président français, de laisser les Français grelotter de froid cet hiver. Impossible de fermer nos usines, faute de gaz pour les faire tourner.

Pendant cette visite, la France a donc les yeux rivés sur le gaz algérien. Mais, en réalité, nous n’avons pas grand-chose à espérer de l'Algérie comme fournisseur de gaz et il suffit d’entrer dans le concret pour le comprendre.

Car le gaz ne se transporte pas aisément. « L’Algérie consomme la moitié de celui qu’elle produit, explique Philippe Charlez, expert énergéticien de l'Institut Sapiens, auteur de nombreux articles très précis pour Boulevard Voltaire. Elle vend le reste à l’Espagne via deux pipelines dont un fonctionne peu ou pas à cause des mauvaises relations avec le Maroc. Elle en vend aussi à l’Italie via un troisième pipeline qui n’a plus qu’un très faible débit lorsqu’il arrive en France après avoir traversé les Alpes. » Changer cela nécessiterait d’énormes travaux. Le reste, c’est du gaz naturel liquéfié. Nous en achetons 4,5 milliards de m3 par an à Alger - c’est 10 % de la consommation française. Alors, la France peut sans doute acheter un peu plus de gaz algérien, mais Emmanuel Macron ne trouvera pas en Algérie, à court terme, les 8 milliards de m3 que nous fournit jusqu’ici la Russie.

En attendant, la France a des atouts à faire valoir dans ses relations avec l'Algérie. Sur le gaz, rappelons que la France est la cliente de l’Algérie, c’est elle qui signe les chèques. Ensuite, depuis 2021, la France achète plus à l’Algérie qu’elle ne lui vend de biens ou d’énergie, gaz compris. Enfin, la communauté algérienne de France envoie chaque année des milliards d’euros gagnés en France vers l’Algérie.

Libéré de cette dépendance hypothétique, notre Président a donc bien les mains libres en Algérie pour négocier le vrai dossier chaud, celui de l’immigration. Il doit absolument en profiter pour régler enfin le vieux conflit avec l’Algérie sur ce point : Algériens emprisonnés en France (A propos, combien d'Algériens parmi les étrangers et les doubles nationalités présents dans nos prisons ?), dettes non payées envers les hôpitaux français, fraude aux retraites touchées en Algérie et, surtout, pression migratoire continue de l’Algérie sur la France.

L’affaire des laissez-passer consulaires est emblématique. En 2019, près de 16.000 Algériens ont fait l'objet de mesures d'éloignement de la France, 1.600 seulement ont été exécutées, soit 10 %... faute d’accord de l’Algérie ! La situation s'est agravée depuis. En septembre dernier, Gérald Darmanin avait tapé du poing sur la table et menacé de réduire le nombre des visas accordés aux Algériens. Sans résultat.

Plus qu’une question de gaz, c’est donc une question de politique au sens noble qui se joue à Alger, une question de crédibilité du président de la République auprès des Français, une question d’autorité de la France sur le terrain international, une question de prestige et de souveraineté. Les débats mémoriels savamment entretenus par l’Algérie ne servent qu’à prolonger une situation inacceptable par la France. Macron fera-t-il enfin preuve d’autorité ? Emportera-t-il enfin un succès, un vrai, à l’international sur un point aussi crucial pour l’avenir de la France ? Dieu sait pourquoi, on a des doutes…

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Les algériens aiment affronter des personnalités de caractère. Elles les respectent. Notre premier de cordée est loin de répondre à cette exigence. C’est un soumis. Il sera toujours mené en bateau.

  2. Il faudrait que ce pauvre garçon, égaré dans un costume bien trop grand pour lui, ne déclenche autre chose que de gigantesques éclats de rire ou des soupirs de consternation lorsqu’il s’exprime à l’international… et pas qu’à l’international d’ailleurs…
    Donc pour la crédibilité, l’autorité, le prestige et la souveraineté, on devra repasser

  3. Qui peut « avoir des doutes au sujet de l’efficacité diplomatique » de macron ? Depuis mai 2017, quels ont été les succès de ce pantin « à l’international » ? La repentance « en même temps » que les grandiloquents discours pour « honorer les morts pour la France » ? A l’image de la décapitation de Samuel PATY, et de tous les autres « martyrs » de son quinquennat, il n’a jamais respecté ni ces morts ni les vivants français … Il stigmatise, fait de certaines catégories des parias et continue à parler de « souveraineté européenne » en allant se coucher au pied de toute la planète … « Stop » ou « encore » ?

  4. Depuis l’indépendance de l’Algérie les relations ont toujours étaient tournées vers l’hypocrisie ce n’est pas aujourd’hui que ça changera surtout avec Macron.
    Est-ce n’est pas son entêtement à savoir le pourquoi du comment de la colonisation française qui changera quoi que ce soit. C’est une forme de soumission. Il y a donc de l’eau dans le gaz.

  5. Ne rêvons pas, Macron ne fera rien sauf courber l’échine et se couchera devant l’Algérie comme tous ses prédécesseurs. C’est plié d’avance !

  6. Si macron était un président conscient de son rôle vis à vis des français il négocierait un nombre de visas égal au nombre de OQTF acceptés pâr l’Algérie. La France a 5 ou 6 millions de chômeurs donc elle n’a pas besoin de la main d’oeuvre algérienne ni de chômeurs supplémentaires qui viennent dans notre pays uniquement pour percevoir les aides sociales et ensuite percevoir des retraites de centenaires perçues malhonnêtement.

  7. Deux grands enjeux? Le gaz en premier et l’immigration en second. Je pense que ce sera le gaz en premier et l’immigration il faudra encore patienter. Car en effet ce sera évidemment le point de négociation pour obtenir du gaz. Mais la marionnette européiste va encore brasser de l’air et risque de revenir sans le premier et intensifier le second.

    • en fait non, le gaz n’est pas notre priorité (il l’a dit) mais celle de l’Allemagne. Donc, Macron va négocier au nom de Sholtz.
      Par ailleurs, l’Italie vient de signer un contrat pour une augmentation de son approvisionnement.
      En résumé, dans la mesure où l’Algérie ne semble pas pouvoir augmenter sa capacité de production et d’acheminement, elle privilégie l’Italie afin, peut être de faire chanter un peu plus notre roitelet ou le discréditer aux yeux de l’Allemagne n’ayant rien pu obtenir.
      En revanche, pour les visas, l’Algérie gagnera sur tous les tableaux puisque le président a dit qu’il allait simplifier et faciliter la mobilité des Algériens . Donc, il faut comprendre, vos ressortissants pourront venir autant qu’ils le voudront, et nous garderons aussi vos délinquants.
      Qu’attendre d’un président qui dit « nous n’avons pas de leçons à donner » ?

  8. Il faut encore qu’un président français aille se mette a quatre pattes ,alors que le gaz algerien on le paye déja au prix fort !!

  9. Macron n’a visiblement aucune fibre diplomatique ,à la rigueur on dit qu’il était bon banquier , j’ai des doutes quand je constate l’état économique de la France . N’oublions pas ses déclarations sur le génocide des colons français en Algérie ,une fois de plus il oublie de prendre de la hauteur et avec grande honte et demande de pardon parce que très vulgairement populaire , « il se la fait mettre une fois de plus  » avec ce voyage ,pas grave les français sont aujourd’hui sans le sou et en plus tous endettés paieront

  10. Bonsoir, je ne crois pas une minute à une avancée sur le mémoriel, et le reste. Jupiter va faire du vent. Il y a pourtant les moyens de taper sur la table. Ensuite, à moi, on me demande si je suis toujours vivant ! Chez eux, il y a des centaines, voire plus de centenaires qui continuent à toucher la retraite, ou plutôt la famille. Les fausses cartes vitales, la dette qu’ils doivent aux hôpitaux, et je pourrais en aligner encore un paquet. Nos dirigeants sont des lâches sur ces sujets.
    Nos harkis et nos soldats doivent se retourner dans leurs tombes.

    • Jupiter va surtout passer les années qu’il lui reste à voyager aux frais des contribuables et oui comme vous dites à brasser du vent et à dépenser l’argent qui ne lui appartient pas.

  11. Macron taper du poing sur la table , autant demander à un cul -de- jatte de courir le marathon!
    Déjà, il est allé se recueillir au monument des martyrs du FLN , ça veut tout dire , tout comme l’avait fait Darmanin.
    L’Algérie indépendante depuis 60 ans , n’a rien fait pour développer les richesses mises ne valeur par les méchants colons. Certes, il y a eu des actions pas toujours glorieuses commises par des Français , mais souvenez vous du massacre d’Oran en juillet 1962 , des centaines de morts. Alors la repentance à sens unique ça suffit. Pour le gaz , la Norvège nous fourni 36 % de notre consommation , à voir si ils ne peuvent pas augmenter cette part …..

  12. L’Algérie consomme la moitié de celui qu’elle produit, Elle vend le reste à l’Espagne via deux pipelines dont un fonctionne peu ou pas , Elle en vend aussi à l’Italie via un troisième pipeline : cela fait 3 moitiés. Le pipeline espagnol inutile ne nous intéresserait pas?

  13. Macron part en Algérie la tête rasée couverte de cendres, la corde au cou, un cilice autour de la cuisse et en se flagellant au nom de sa sacro-sainte repentance.

  14. Je propose que le nombre de visas accordés par la France soit aligné sur le nombre de laisser-passer consulaires accordés par l’Algérie. Le problème des OQT pour les délinquants algériens devrait pouvoir se régler rapidement. Et après on verra.

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