[VU D’ARGENTINE] Les incroyables objectifs de Javier Milei pour 2027

Les répercussions du tremblement de terre géopolitique du salon ovale de Washington sont arrivées passablement atténuées à Buenos Aires. Les embrassades effusives entre le Président Javier Milei et Volodimir Zelenski lors de la passation de pouvoir de Décembre 2023 sont tombées dans l’oubli (certains disent : effacées des réseaux sociaux présidentiels). L'alignement avec les États-Unis et Israël est réaffirmé et un accord économique avec les USA semble dans les tuyaux. Javier Milei peut manquer souvent de prudence mais c’est un homme pragmatique et en ce sens il s’inscrit dans la tradition du pays qui s’était décidé à déclarer la guerre à l’Allemagne en mars 1945…

75 % des objectifs atteints

Mais de toute évidence, ce n’est pas ce sujet qui attire particulièrement son attention. L’année politique commence en Argentine au début mars. C’est l’occasion pour le Président de prononcer devant le congrès un discours de politique générale très semblable au discours sur l’état de l’Union aux USA. Chaque gouverneur en fait autant dans sa Province.

Devant un parterre orphelin de la plupart des opposants durs, qui n’avait pas daigné effectuer le déplacement, comme on pouvait s’y attendre, Javier Milei n’a pas adopté un profil bas. Ce n’est pas son style. Dans la première partie, il a enfoncé le clou sur la description des incroyables résultats obtenus sous le parapluie du sacrosaint dogme de l’équilibre fiscal. La liste des batailles gagnées est impressionnante… Impossible d’entrer dans le détail. Un seul chiffre suffira. D’après Javier Milei, en 14 mois, 75% des objectifs prévus pour les quatre années de mandat auraient déjà été atteints.

Pour la suite prononcée sur un ton qui se situait très en dessous de toute empathie minimale, il n’a pas employé sa chère tronçonneuse mais une sorte de massue qui n’est peut-être pas aussi efficace que l’autre instrument. La barre était située très haut, trop haut peut être si la composition de la prochaine Chambre ne comblait pas la totalité de ses aspirations.

Un agenda très ambitieux

Voici une liste non exhaustive des objectifs que le Président veut atteindre avant le terme de son mandat fin 2027 :

• En ligne avec la poursuite du dégraissement de l’État, les dépenses devront se situer sous la barre de 25 % du PIB.
• Une révolution fiscale qui réduira à six le nombre des impôts significatifs.
• La privatisation de toutes les entreprises nationales.
• Une ouverture douanière progressive pour mettre en concurrence ce qu’il appelle « les baby entreprises presque nonagénaires » qui n’ont cessé d’être protégées depuis leur création par Perón.
• Un accord de libre-échange avec les USA avec ou sans le Mercosur.
• Une refonte totale du droit du travail qui pénalise actuellement entreprises et travailleurs au profit des syndicats en perte de vitesse.
• Une modification des codes civil et surtout pénal en alourdissant considérablement les peines et en abaissant à 13 ans l'âge de responsabilité pénale. Une réforme de code de procédure pénale visant à accélérer les temps invraisemblablement longs de la justice. La nomination de 40% des juges qui sont en attente d’un poste verrouillé par des tripotages politiques.
• En ce qui concerne l’immigration, les problèmes se posent de manière très différente qu'en France. L’Argentine, avec une population de 46 Millions d’habitants et une superficie 5 fois supérieure, est et restera une terre d’immigration. Elle entretient de bons rapports avec ses voisins avec lesquels elle partage une même langue et surtout une même civilisation. Le durcissement que propose Mileil est la lutte contre le coûteux tourisme médical et universitaire de masses incontrôlées qui viennent se faire soigner ou éduquer gratuitement, engorgeant les structures payées par le contribuable. Ces services seront désormais payants pour les étrangers non-résidents.

Le prochain grand défi à venir est la préparation des élections.

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