Wauquiez dénonce le dispositif « zéro artificialisation nette » et prend date

WAUQUIEZ

Laurent Wauquiez était silencieux depuis des mois. On l'avait même vu déjeuner à l'Élysée avec Emmanuel Macron. Et voilà que le présidentiable LR sort du bois au nom du développement des campagnes et de la ruralité. Il vient, en effet, d'annoncer qu'il retire la région Auvergne-Rhône-Alpes du dispositif « zéro artificialisation nette ».

La loi Climat et Résilience, adoptée en 2021, confie en effet aux régions la tâche de fixer un objectif de réduction de la bétonisation des terres dans leur planification afin d'atteindre ce fameux « zéro artificialisation nette » en 2050, ce fameux point ZAN. Pour y arriver, elles doivent répartir l’effort de réduction entre les différentes zones de leur territoire, décliner l'effort sur les schémas de cohérence territoriale au niveau du département et, ensuite, sur les plans locaux d’urbanisme (PLU) des communes. Pas besoin d'être énarque pour sentir dans ce ZAN le pire de la technocratie ni d'être élu pour imaginer d'ici le casse-tête qu'il va représenter pour les maires et le mécontentement qu'il va créer dans la population. Laurent Wauquiez ne s'y est pas trompé puisqu'il a annoncé sa fronde devant l'Association des maires ruraux de France (AMRF), à l’Alpe-d’Huez en Isère, et après avoir consulté les départements de sa région Auvergne-Rhône-Alpes.

Certes, l'objectif est louable pour préserver nos paysages et contenir l'urbanisation. Mais dès que le mot « planification » et l'objectif « zéro » interviennent, sans prise en compte des spécificités des territoires, on peut être sûr qu'on court à la catastrophe. 70 ans de planification soviétique n'ont visiblement pas instruit nos technocrates, prêts à céder aux injonctions écolos. C'est cet angle d'attaque - justifié - qu'a d'abord choisi Laurent Wauquiez.

C'est également au nom de la défense des territoires ruraux que Laurent Wauquiez a dénoncé cette loi « ruralicide ». Beau néologisme, apparu des décennies après le commencement de la chose. « Mettre sous cloche les décisions des permis de construire sur la ruralité, cela signifie qu’on s’interdit toute forme d’avenir. [...] Chez nous, a déclaré Wauquiez, si les gens viennent, c’est précisément parce qu’il y a un peu d’espace, sinon, quelle est notre chance ? [...] On a des gens qui vont être sur des terrains où, normalement, ils peuvent construire et où on va leur dire "vous n’aurez pas votre permis". Ça va créer une rancœur et une colère considérables. »

C'est aussi au nom des classes populaires et moyennes qui, avec la remontée des taux, l'inflation, et les normes écologiques, voient s'envoler leur projet de devenir propriétaires. La crise du logement est bien là et elle vient remettre en cause les diverses planifications écolos du gouvernement qui sont d'ailleurs en partie à l'origine de la crise. Déjà, Bruno Le Maire lui-même a émis l'idée de reporter certaines contraintes. Et ce samedi soir, c'est Édouard Philippe qui met en garde le gouvernement contre la colère sociale que pourrait provoquer l'interdiction de louer les passoires thermiques. Lui aussi est présidentiable et en perte de vitesse face à Marine Le Pen, lui aussi se met à craindre une « bombe sociale ».

Évidemment, Laurent Wauquiez s'est attiré les foudres des ministres planificateurs. L'ancien LR Christophe Béchu lui a opposé le dogme habituel : « Lutter contre l’artificialisation des terres n’est pas une option, c’est un impératif, pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences. » Le pire, c'est que ledit ministre est censé être celui, non seulement de la Transition, mais aussi de la la Cohésion des territoires… Quant à la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, Sarah El Haïry, elle a qualifié de « profondément populistes » les propos de Laurent Wauquiez. C'est exactement cet adoubement populiste que Laurent Wauquiez venait chercher pour exister, à l'heure où Marine Le Pen progresse encore dans les milieux populaires.

Anti-technocratique, anti-écolo-dingo, rural et périphérique, populiste : la ligne est claire, mais le créneau commence à être bien occupé. Il faudra que Laurent Wauquiez se montre sincère et convaincant pour pouvoir espérer y réussir. En tout cas, sa première escarmouche antimacroniste, sur le ZAN, est plutôt une bonne idée.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Il n’est pas crédible, comme présidentiable. Ce n’est peut-être pas le plus Macron compatible, mais les sujets sur lesquels il se penche, ne sont pas de première urgence. Dans la politique, il faut traiter les sujets par ordre d’urgence et de gravité, sans quoi on fait du « chiraquisme », et là on a déjà donné.

  2. il est membre du parti des traîtres qu’il n’a jamais osé quitter. La conséquence est claire. oublions le.

  3. Aucune confiance en celui là il mange à tous les rateliers , fait tout pour une bonne petite place mais le sort de ce pays lui importe pas . A ignorer parce que ce menteur ne mérite pas notre attention .

  4. Nos politiques en gouvernance aiment se baptiser de tous les noms d’oiseaux possibles, de tous les noms en isme, développant ainsi la richesse de leur vocabulaire de retardataires pour ne pas dire de déficients. Font-ils avancer la France avec cette perte d’énergie . Non , ils jouent, affichant leurs désolantes médiocrité, impuissance. Il faut bien qu’ils les compensent par quelque chose. La nature a horreur du vide. Le pire c’est qu’ils en sont inconscients. Ils sont « heureux », des béats bêtas.

  5. Il est surprenant de constater que ceux qui favorisent l’immigration de masse imposent zero artificialisation. 400 000 immigrés nécessitent la construction de quatre villes comme Besançon.

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