[Wokisme] Où mènent les restitutions « décoloniales » ?
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Aux États-Unis, des musées de New York, Chicago, Harvard, Cleveland… ont fermé leurs salles amérindiennes. Ils doivent s’assurer au cas par cas d’avoir l’autorisation des tribus d’exposer œuvres ou objets, ou les leur restituer. C’est l’application de nouvelles réglementations en la matière. Elles constituent, selon le texte gouvernemental américain, « une étape nécessaire pour remédier à l'héritage des injustices coloniales ».
En Europe, le transfert d’œuvres vers l'Afrique - dira-t-on leur remigration ? - est appelé à se poursuivre. En novembre 2021, la France a renvoyé au Bénin 26 trésors. En décembre 2022, l’Allemagne a rendu au même pays 20 bronzes. Le centre Marc-Bloch, institut binational situé à Berlin, vient d’être doté d’un fonds franco-allemand de 2,1 millions d’euros. Le but : financer des recherches sur la provenance des biens culturels issus d’Afrique subsaharienne et présents dans les deux pays. Nul doute que cette manne n’appâte des chercheurs autoproclamés ès sciences décoloniales.
Le funeste « rapport Savoy »
En la matière, le modèle du genre est le rapport de 2018 commandé par Emmanuel Macron à l’économiste sénégalais Felwine Sarr et à l’historienne de l’art Bénédicte Savoy. Commander, à deux auteurs convaincus d’une nécessaire restitution totale, un rapport sur la question revenait à se priver d’emblée de toute objectivité, d’autant que Bénédicte Savoy ajoutait à la touche décoloniale ce qu’il fallait d’ethnomasochisme. Pour Didier Rykner (La Tribune de l’Art), peu suspect d’être de droite, le rapport était, après analyse, bon à être mis à la poubelle. Mais c’est ce texte qui a décidé Macron à restituer des œuvres au Bénin.
La réécriture de l’Histoire veut que toute œuvre, tout objet ait été systématiquement pillé ou volé. Il n’en est rien. « Dès le début de la période coloniale, les Africains ont su répondre à l'engouement des Blancs pour l’"art nègre”. Trocs et ventes s'organisent, mais aussi créations d'objets spécifiquement fabriqués pour les Européens », écrivait Télérama (autre média peu suspect de sympathies coloniales). Souleymane Bachir Diagne, président du conseil scientifique pour le fonds de provenance mentionné supra, le dit expressément : « Il ne faut pas tomber dans l'idée simpliste selon laquelle si un objet se retrouve aujourd'hui dans un musée en Occident, c'est qu'il a été arraché par des moyens violents et illégaux. […] il y a des objets qui ont été légitimement acquis par leur nouveau propriétaire. » N’en déplaise aux wokistes selon qui il faudrait « tout rendre ».
Le wokisme, synonyme de la fin des musées ?
Mais les wokistes n’ont cure des objections. Ils sont occupés à faire croître et à exploiter un ressentiment décolonialiste. Le wokisme n’est pas une science ni même une attitude objective mais une pure pression idéologique. D’où la promptitude des gouvernements à le financer et la réactivité des musées à suivre les « recommandations » des wokistes. En novembre 2022, le Horniman Museum de Londres a réexpédié au Nigeria 72 objets. Par contre, lorsque Athènes exige de Londres le retour en Grèce des marbres d’Elgin, le Royaume-Uni n’est pas tenu par une quelconque culpabilité racialo-coloniale et n’obtempère pas, avec une constance notable. Trop blancs, les Grecs (et leurs marbres).
Alors, où tout cela mène-t-il ? D’abord, à la dispersion de collections dont on ignore le sort réservé dans des pays où les structures muséales ne sont pas des plus sûres. Surtout, à la fin du musée en tant qu’ouverture au monde et à d’autres cultures. Termes galvaudés, certes, mais qui correspondaient à une réalité : l’appétit de connaissances et de découvertes. Une fois que chacun aura repris ses affaires, que deviendra le musée du quai Branly ? Comment ferons-nous « l’expérience de l’altérité, de la différence, de la diversité » qu’il était supposé offrir, selon les mots de Manuel Valls ? En 2019, Bruno Maquart s’interrogeait sur l’avenir de « l’ouverture au monde » vue comme « une composante importante de la définition du musée, de tous les musées, du XXIe siècle ». Au train où les institutions cèdent au wokisme par lâcheté, les musées deviendront des lieux du repli sur soi… mais ce sera pour la « bonne cause ».
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Un vert manteau de mosquées
22 commentaires
Faut il regretter que cette mode des arts primitifs s’éteigne aussi vite qu’ elle s’est allumée.
Soyons objectif! Cet art primitif atteignait péniblement le niveau du paléolithique. Les égyptiens, les Grecques et les romains , bien avant les superbes créations du moyen age, bien avant la renaissance , bien avant Rodin, avaient développé un art digne de ce nom. Rendons aux Africains toutes ces choses dont ils ne sauront que faire. Ils n’ouvriront même pas de musée pour les exposer et ils auront bien raison car cela n’en vaut pas la peine; Il n’ y a que quelques bobos parisiens pour s’extasier devant ces choses sans valeurs mise en scène à grand frais dans un somptueux décors. Ce sont les mêmes qui s’extasient devant les croutes infâmes de l’art contemporain mise en scéne avec les mêmes moyens démesurés.Et fermons le musée des arts primitifs , dada tardif de Chirac qui ne savait comment gaspiller notre argent. Cela fera des frais en moins sur le budget de la culture. On pourra s’occuper de notre patrimoine dont la valeur est bien plus réelle.A Lerte
Excellente analyse pleine de bon sens car ces choses n’ont aucune valeur que celle du feu
Les Africains OQTF ou non vont etre contraries de ne plus voir dans les musées des oeuvres qui les rattachaient au pays de leurs ancêtres.
Il existe fort heureusement beaucoup de collections privées riches en oeuvres de l’Art Nègre, souvent magnifiques. Le vulgum pecus devra bientôt se contenter de subir les laideurs de nos « artistes » contemporains trop souvent exposées à la FIAC…voire dans les espaces publics parisiens!
Seront-elles en sécurité ? J’émets quelques doutes après les destructions des bibliothèques de Tombouctou ou les destructions des talibans et Daech lors des dernières décennies.