Xavier Bertrand croit casser la baraque LR, mais c’est déjà fait

LR : qu'en dire encore que nous n'ayons déjà dit, quand nous leur annoncions leur mort, depuis 2013, alors qu'ils se croyaient non seulement vivants, mais victorieux… Donc, puisque Macron est bon prince et a concédé au PS et à LR une survie à l'Assemblée, tenons la chronique, non d'une défaite - c'est fait, ni d'une mort, c'est acté -, mais d'une décomposition.

Et il faut dire que M. Bertrand nous y aide. Dans son entretien au JDD, il a choisi la métaphore du divorce : bien vu. "En réalité, il n’y a plus grand-chose en commun entre nous. Nous continuons à vivre ensemble, mais ça fait bien longtemps qu’on ne s’aime plus. Et on a peut-être plus grand-chose à faire ensemble."

Mais, comme il nous apparaît has been, ce brave M. Bertrand, dans ce rôle de liquidateur ! Il faut rendre justice à Macron et à sa prodigieuse entreprise de ringardisation : il a, en un printemps, fait tomber tous les masques de ces vieux jeunes loups de la droite et du centre, ceux qui l'ont rallié (Le Maire) comme ceux qui ont décliné l'offre, comme Bertrand. M. Bertrand, lui, essaie de le maintenir bien en place, ce masque du rénovateur qui tombe et auquel personne ne croit. Pour cela, il tire sur tout ce qui bouge - bougeait - dans sa maison : Fillon et Sarkozy, bien sûr. Tirer sur les anciens, ça fait jeune.

Il prend des poses de désintéressement : "Non, je ne serai pas candidat." Pensez donc, il a "pris un engagement vis-à-vis des habitants des Hauts-de-France et [il a] l’intention de le tenir" !

Il fait mine d'avoir des idées neuves : "Pour gagner, la droite et le centre doivent rassembler, et pas cliver, se réinventer, renouer avec la France populaire, parler à la fois à l’ouvrier et au chef d’entreprise, à l’infirmière et au chirurgien, à l’agriculteur et au fonctionnaire, au rural et à l’urbain."

Et, ce faisant, il montre qu'il n'a pas vraiment compris ce qui est arrivé. Un comble pour qui se prétend rénovateur. Quand il continue à nous parler de cette fiction (« la droite et le centre »), n'a-t-il pas vu que c'est ce mythe qui a explosé, d'abord avec Juppé à la primaire, puis avec Macron ? Et que c'est ce mythe qui a amené la droite là où elle est ? Le centre et tout ce qui y ressemble se retrouve et se reconnaît en Macron. Que n'y est-il allé lui aussi ? Je soupçonne ce filou de Bertrand d'avoir flairé le bon coup qu'il y aurait à racheter pas cher la vieille maison abandonnée. Mais je crois qu'aujourd'hui, au fond, il regrette, alors qu'il avait appelé à voter Macron, de ne pas avoir rejoint la dream team, comme Le Maire et Philippe. Car la vieille maison qu'il lorgnait est vraiment abandonnée et son potentiel très réduit !

Donc, M. Bertrand soutiendra la candidature de Pécresse. C'est vrai que les hommes vont souvent chercher les femmes quand le climat n'est pas propice à leurs ambitions. Car il ne veut pas "participer à une nouvelle guerre des chefs" et, c'est bien connu, quand il y a une cheffe candidate, ce n'est plus la guerre. Et puis, sur le créneau très républicain franc-maçon, il y a déjà Baroin. Pas de guerre entre frères non plus. Ainsi va la vie chez LR. Finalement, M. Wauquiez en deviendrait presque séduisant.

Pour ceux qui croient encore à la rénovation Xavier Bertrand, à sa "troisième voie" coincée entre le centre Macron, le centre UDI-LR Les Constructifs et ce qui devra bien s'organiser avec le Front national pour former « la droite », on peut vous donner les coordonnées de son think tank. Donc, si vous pensez qu'on peut "thinker" et "tanker" avec Xavier Bertrand, sa boîte s'appelle « La Manufacture ». Manufacture de quoi, on ne sait pas. Mais le mot d'ordre est clair : « ne pas cliver » ! Si notre ex-agent d'assurance arrive à vous refourguer ce contrat après que vous avez acheté du Macron tout ce printemps, alors oui, il a quelque chance d'avoir un avenir. Et vous de vous être fait avoir.

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