Xavier Bertrand ou le TOC antifa

Capture écran BFMTV
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Interrogé sur l’absence de Xavier Bertrand dans sa liste gouvernementale, François Bayrou a déclaré : « Il n'est pas vrai que quelque influence que ce soit se soit exercée sur moi. » L’argument a fait sourire tout le monde, mais a au moins pour utilité de désamorcer un peu la polémique sur d'éventuelles pressions du RN sur Matignon. Le communiqué de l’intéressé donnait, en effet, une tout autre explication, comme le soulignait BV, hier : « Le Premier ministre m'a informé […] qu'il n'était plus en mesure de me confier la responsabilité du ministère de la Justice en raison de l'opposition du Rassemblement national. » Xavier Bertrand a lui aussi provoqué l’hilarité générale en tentant, ensuite, de faire croire qu’il avait finalement lui-même refusé d’entrer au gouvernement : « En dépit de ses nouvelles propositions, je refuse de participer à un gouvernement de la France formé avec l'aval de Marine Le Pen. » Fin du tragi-comique duel d’ego.

L’issue, elle, n’était pas vraiment une surprise. Dimanche dernier, Sébastien Chenu prévenait que l’entrée de Xavier Bertrand au gouvernement constituerait un « bras d'honneur » fait au RN. « La pression pour une censure sera difficile à contenir », faisaient savoir des proches de Marine Le Pen. Commentant le communiqué de l’évincé, Laurent Jacobelli s’est ensuite montré très clair : « Xavier Bertrand n'a vraiment sa place dans aucun gouvernement […] On le savait insultant, méprisant, inefficace... on le découvre rageux. »

Très vieille querelle

Si le ton est moqueur, le propos rappelle que la querelle est ancienne, qu’elle a longuement macéré. Mais elle est surtout l’aboutissement d’une lente mais constante dérive de Xavier Bertrand. Rembobinons le film jusqu’à 1989. Xavier Bertrand a alors seize ans et s’engage au sein d’un RPR au discours encore musclé, à l’époque. Homme de droite et souverainiste assumé, il s’engage dans l’Aisne en 1992 pour le « non » au traité de Maastricht. Mais 1995 constitue pour lui un tournant. Devenu adjoint au maire de Saint-Quentin, il y participe à un projet d’esprit très progressiste : la mise en place de « la plage de Saint-Quentin », similaire au futur « Paris Plages » de la gauche parisienne. Et le 11 mars, il est initié au sein de la loge Les Fils d’Isis du Grand Orient de France, dont il n’aurait démissionné que 17 ans plus tard. Si elle n’a pas été influencée par son entrée en maçonnerie, l’évolution idéologique de Xavier Bertrand date bien de cette époque. En visite en Chine en octobre 2009, il y signe un mémorandum entre l’UMP et le PC chinois qui fait beaucoup jaser, dans les rangs du nouveau parti des Républicains et centristes. En 2011, nouveau virage à gauche, puisque Xavier Bertrand défend le « ni-ni » (ni Parti socialiste ni Front national) aux cantonales.

Dérive antifa

Son anti-lepénisme devient virulent, lors de la présidentielle de 2012, lui valant son inscription par Marine Le Pen sur une liste noire des personnalités PS ou UMP ayant montré à l'égard des « électeurs FN un comportement particulièrement méprisant, haineux, insultant et antidémocratique ». En 2015, Xavier Bertrand se faire élire aux régionales grâce à un front républicain et au désistement du candidat de gauche Pierre de Saintignon. Le 27 juin 2021, alors qu’il est lui-même en campagne régionale, il apporte son soutien à des candidats communistes face au RN aux départementales : « Je vous appelle à un sursaut républicain pour que le Front national ne gagne aucun canton. » Au candidat mariniste qui lui demande si « c'est bien sérieux », Xavier Bertrand répond qu’il « vaut mieux être avec les communistes qu'avec les identitaires ».

Et lorsqu’il remporte la région face à Marine Le Pen, se vantant d’avoir réussi à « briser les mâchoires du Front national », il se voit répondre qu’on « ne peut pas parler comme une racaille de banlieue, ou alors, après, il ne faut pas se plaindre des violences que subissent les élus ». Sans surprise, lorsque Xavier Bertrand est battu au congrès des Républicains, quelques mois plus tard, la présidente du RN donne son explication : « Je ne vous cache pas que j'ai toutes les réserves, humainement, sur Xavier Bertrand, mais au-delà de ma satisfaction personnelle, c'est politiquement intéressant, parce que Xavier Bertrand est le seul des candidats qui a toujours exprimé une hostilité, voire de la haine, à l'égard du Rassemblement national, et de moi-même d’ailleurs. »

Mais rien n’arrête plus sa dérive haineuse à l’encontre du RN. En juin 2024, il dénonce l’alliance d’Éric Ciotti avec Marine Le Pen : « L’ADN de la droite, c’est jamais les extrêmes, jamais le Front national, jamais le Front national », et s’emporte contre la « menteuse […] reine de la magouille » dont le parti « prospère sur la colère et la misère ». Aux législatives de l’été dernier, il appelle d’abord à ne soutenir ni Mélenchon ni Le Pen au premier tour. Puis, après avoir demandé la démission d’Éric Ciotti de la présidence des LR, il appelle à voter, au second tour, pour le communiste Sébastien Jumel dans la sixième circonscription de Seine-Maritime. Jamais aucun footballeur n’avait marqué autant de buts contre son camp.

Vos commentaires

50 commentaires

  1. Celà fait 20ans que l’on sait que Bertrand est de gauche. Il a lui-même avoué avoir des relations proches avec le Grand Orient (franc-maçonnerie soi-disant humaniste). Que fout ce personnage à droite ? EN tous cas, à la Justice, il vaut mieux 100 fois un Darmanin qu’un Bertrand.

  2. Il aurait dû savoir que l’on n’insulte pas l’avenir impunément …..surtout en politique! Tellement imbu de sa supériorité morale sur le RN, il s’est joint à la meute gauchisante pour contribuer à la diabolisation du parti et de MLP, en perdant de vue que le RN pèse plus de 10 Millions d’électeurs. Bien fait pour lui!

  3. Le problème de ce « petit baron » qui se croit plus gros qu’il ne l’est, c’est que plus il vieillit, moins il devient crédible et raisonnable. Il a amplement participé au bouillon dangereux et désastreux qui nous baigne, alors qu’il le boive jusqu’à la lie et se fasse oublier.

  4. Tout comme Faure, Bertrand n’assume pas ses fautes. Reconnaissons à Marine Lepen sa fidélité envers ses électeurs. Que l’ont soit pour ou contre, elle garde toujours le même cap et jusqu’à ce jour ne tombe pas dans les profondes magouilles du bloc dit « républicain » totalement enlisé dans son marécage. Bayrou aura bien des difficultés à tenir la tête de tout ce petit monde hors de la vase. On nous reparle déjà d’une nécessité de l’éducation sexuelle en maternelle. Avec qui ? Tout l’année scolaire? Pour dire quoi ? Dans un autre temps, on se contentait de l’étude des « Sciences Naturelles » et apparemment les enfants n’étaient pas des voyous sexuels et pas spécialement agressés par les adultes. Mais il est vrai que nous sommes dans une période « progressiste ». Alors là …

  5. Xavier est un habitué du zig-zag et de la parole irréfléchie. Il fût dans sa jeunesse une sorte d’Eric Ciotti, mais c’était avant, bien avant qu’il ne fasse qu’entrer et sortir dans son parti politique au gré des opportunités.

  6. Au lieu de s’interroger sur l’absence de Xavier Bertrand au gouvernement, il vaudrait mieux se réjouir de son absence. C’est un politicard sans convictions ni capacités… C’est grâce à lui et ses semblables que la France se trouve dans la situation calamiteuse d’aujourd’hui.

  7. bertrand devrait faire de la politique et pas toujours essayer de nuire au RN. Nous sommes 11 millions à avoir voté le RN et ce type pense vraiment qu’on est 11 millions d’abrutis ? L’abruti c’est lui à force de combines politiques on finit par recevoir un retour de bâton .

  8. Quant on se rend compte de l’état qu’est devenu la santé en France et qu’on se rappel qu’il a été ministre de ce secteur sous Chirac/Villepin le début de l’effondrement on peut se demander s’il n’y est pas pour rien dans ce naufrage. Quant a son ministère du travail sous le gouvernement François Fillon c’est un autre sujet pas triste non plus.

  9. Bertrand homme politique ,peut etre ! Homme d etat surement pas .Cet homme à ruiné les societes de dispositifs medicaux en France apres des positions dogmatiques apres le scandale des protheses PIP .
    Incompetent dans tous les sens du terme

  10. Avec Xavier Bertrand qui n’a pas le poste de ministre de la justice on là échappé bel, ce monsieur qui depuis de longue années ferait mieux de tourner cinq fois sa langue avant de s’en servir, avec monsieur Darmanin qui cause beaucoup on attend toujours les résultats, il en sera de même avec la Justice c’est a craindre tellement qu’elle est a réformer de fond en comble.

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