Xavier Bertrand, un « gaulliste social » Macron-compatible pour Matignon ?

Xavier-Bertrand-fait-savoir-qu-il-a-refuse-Matignon-a-Francois-Fillon-et-Nicolas-Sarkozy

Ce lundi 5 août, un nom est sur toutes les lèvres (Aurore Bergé, Valérie Pécresse, etc.) : Xavier Bertrand, pressenti pour succéder à Gabriel Attal à Matignon. Bien que le principal intéressé aime se définir comme un homme de droite « gaulliste social », il a en fait toujours été bien plus Macron-compatible qu’il n’aimerait le dire… Piqûre de rappel.

 

Xavier Bertrand est un homme ambitieux. D’abord agent d’assurance pour l’entreprise Swiss Life, il s’intéresse très rapidement à la politique. Il devient notamment membre du Grand Orient de France. À ce sujet, François Fillon aura cette remarque assassine, en 2008 : « Je le savais maçon, mais franc… » Xavier Bertrand poursuit un cursus honorum classique : adjoint au maire, assistant parlementaire, député… Il entre au gouvernement lors du second mandat présidentiel de Jacques Chirac en tant que secrétaire d’État chargé de l’Assurance maladie. C’est à cette occasion qu’il se distingue pour la première fois en mettant en place la réforme instaurant les franchises médicales, une somme restant à la charge de l’assuré en cas de remboursement par l’assurance maladie. Essentiellement, cela a créé une inégalité entre riches et pauvres dans l’accès aux soins. C’est également la réforme qui a vu naître la notion de « médecin traitant ». Cette dernière s’est également révélée désastreuse sur le long terme, en multipliant les déserts médicaux, et pénalisante pour les patients modestes, puisqu’elle actait des non-remboursements si les patients se rendaient chez un spécialiste sans prescription préalable du « médecin traitant ». Ainsi, le premier vrai fait d’armes politique de monsieur Bertrand fut d’avoir posé sa pierre à la libéralisation et à l’américanisation progressive de notre système de santé. Gaulliste social, donc ?

Il fut également, en 2005, un grand soutien du « oui » au référendum sur la Constitution européenne. Comme on le sait, les Français s’opposèrent à celui-ci avant que le gouvernement Sarkozy ne le leur impose sous une forme détournée, deux ans plus tard. Quand on sait ce que pensait de Gaulle de l’idée de souveraineté supranationale, on peut légitimement se demander ce que monsieur Bertrand a de gaulliste. Mais alors, s’il n’est ni social ni gaulliste, qu’est monsieur Bertrand ? Il semble bien plus être un libéral pur jus.

Droite identitaire ou gauche mondialiste ? Xavier Bertrand a choisi

Pour un homme prétendument de droite, Xavier Bertrand se distingue surtout par ses constants ralliements à la gauche mondialiste. N'est-il pas l'homme qui décrétait préférer les « communistes aux identitaires du RN » ? Plutôt l'Internationale que la France, donc ? C'est une idée de fond qui guide sa vie politique. Qu'ont donc à se reprocher les défenseurs de l'identité française qui puisse pousser un « gaulliste » à se jeter dans les bras du communisme ? Toujours est-il qu'il est l'homme des petites mesquineries. Celui qui « quitta » les Républicains en 2017 car il jugeait la ligne de Laurent Wauquiez trop à droite, avant de demander le soutien de sa famille politique en 2022... Celui qui, ensuite, appela à exclure le président du parti, Éric Ciotti, car celui-ci eut l'outrecuidance de vouloir réaliser l'union des droites avec le RN qu'appelaient pourtant de leurs vœux une majorité de sympathisants LR... Xavier Bertrand est lui aussi un homme du célèbre « en même temps » macroniste. Capable tout à la fois de fustiger les méchants identitaires et d'écrire une tribune dans Le Monde pour défendre l'identité française...

Tout cela permet de mieux comprendre pourquoi Emmanuel Macron pourrait être tenté de le choisir, alors que la France s’apprête à être placée sous la tutelle de Bruxelles (bientôt du FMI ?). Qui de mieux qu’un européiste convaincu pour mener un « gouvernement technique » dont le rôle serait d’appliquer une politique d’austérité tout en donnant des gages à la gauche ? Monsieur Bertrand réunit ainsi plusieurs qualités : plusieurs fois ministre et à la tête de la région Hauts-de-France depuis 2016, il dispose d’une sorte de gravitas dont peu d’autres politiciens idéologiquement alignés peuvent se targuer. Cela lui confère une légitimité technique, certes, mais non populaire. Candidat malheureux à la primaire de son parti pour l'élection présidentielle de 2022 - parti n'ayant réuni que 5,41 % des suffrages aux dernières législatives -, comment pourrait-il prétendre rassembler les Français en cette période de crise ? Une situation ubuesque résumée par la députée RN Laure Lavalette :

Alors, Xavier Bertrand, simple bulle pour la mi-août ?

Louis de Torcy
Louis de Torcy
Etudiant en école de journalisme

Vos commentaires

95 commentaires

  1. Dès le début, j’ai souhaité que Bertrand soit nommé premier ministre car, contrairement à ce qu’il pense sans doute, cela le grillera définitivement pour 2027 (alors qu’il a longtemps laissé penser qu’il voulait se présenter à la Présidentielle). Et ce qui serait encore plus drôle, c’est que s’il est nommé, et s’il veut rester quelque temps à ce poste, il sera obligé d’adopter le pacte législatif proposé par Laurent Wauquiez, sous peine de recevoir une motion de censure dans la figure. Dans la mesure où il avait quitté LR à l’époque de la Direction Wauquiez parce qu’il le trouvait « trop à droite », la situation ne manquerait pas de piquant !

  2. X. Bertrand n’est pas un « Gaulliste social » non plus un homme de gauche, ni un rassembleur : il va dans le sens du « mauvais vent » comme bon nombre de politiques qui ont rejoint Macron si toutefois il est nommé 1° Ministre.

  3. « Il semble bien plus être un libéral pur jus » … mais non, il est juste un (excellent) professionnel des mots, qu’il tricoté sans fin, à l’endroit puis à l’envers… c’est la caractéristique principale des politiques… curieusement c’est toujours pour le seul bénéfice du tricoteux… don’t la seule mesure de la qualité professionnelle est le nombre de fois où il doit expliquer qu’il a été mal compris…

  4. encore un pitoyable clown soit disant gaulliste mais compatible avec tout y compris les ennemis de la nation,puisqu’il a appelé à rayer de la carte 11millions de personnes , pourvu qu’il soit à la télé. C’est grâce à des gens comme lui que j’ai rendu ma carte du parti .De grâce évitons ce nouvel affront.

  5. Le plus petit dénominateur commun ? Si il est spécialiste du grand écart ça lui servira car il devra à la fois ne pas déplaire au NFP et au RN en même temps , tout en ayant l’aval de son employeur . Un champion olympique sinon rien !

  6. Macron est bien capable de désigner ce pseudo gaulliste qui est acquis à sa politique, au final Jupiter aura gagné

  7. Enfin récompensé (peut-être). Il est grand temps de donner le pouvoir à moins bon que soi. C’est de pire en pire

  8. Ce xavier bertrand est tout simplement de gauche comme macron ils sont socialistes du centre gauche et en plus avec ses 4% le pauvre homme.

  9. Ce mec et ses postures dès le début ne m’ont jamais plu. Ses changements de cap, ont confirmé son comportement de faux derche. A éviter d’avoir avec soi, et à fortiori derrière soi par gros temps. Et suite à ses déclarations haineuses sur le RN, c’est pour moi un ennemi. A combattre sans merci. Et je sais de quoi je parle.

  10. Merci d’éviter les mots Droite et Gaulliste quand vous parlez des Coppé, Estrosi, Woerth et autre Bertrand ! Ils ne savent même pas ce que c’est ! Vivement le coup de balai !

  11. Gaulliste mon oeil! Il a besoin du Centre Otanien et européiste pour être élu donc assurer sa gamelle!

  12. La notion de « gaullisme social » est étrange parce que le Général était très préoccupé par l’aliénation des salariés (je dis bien « aliénation » ; c’était le mot qu’il utilisait) dans le système capitaliste du type libéral. D’où son projet de Participation qui visait à donner, à terme, la majorité du capital des entreprises aux travailleurs. La mise en oeuvre de ce projet a commencé avec l’amendement Wallon de 1965 mais les libéraux (y compris Pompidou) l’ont saboté puis ont organisé la défaite du Général au référendum de 1969. De toute évidence, il existe de prétendus gaullistes qui ignorent tout de la pensée gaullienne. Bertand fait partie de ceux-là. Pour le Général, la nation était la valeur suprême, qu’il tempérait en y ajoutant l’impératif de respect des hommes, mais pour Bertrand, la nation n’est rien. Quant à son côté « social », on pourra peut-être en parler s’il met sur la table la Participation mais je pense que nous risquons d’attendre très longtemps.

  13. Je ne vois vraiment pas ce que cet individu a de gaulliste. C’est un François Hollande de centre droit ou quelque chose d’approchant. Sa seule et immense qualité, c’est qu’il ne fera pas d’ombre au monarque en place.

  14. Le seul point sur lequel Xavier Bertrand est différent de Macron, c’est que Xavier Bertrand est sympa et empathique. Vraiment. Pour l’avoir rencontré c’est le cas. Contrairement à Alain Juppé qui transpire l’insincérité, Xavier Bertrand a une réelle bonhomie. Ceci étant, sur le plan idéologique, oui, il est aligné sur Édouard Philippe. Une inconnue avec XB, c’est les sujets sociétaux. Il est plutôt conservateur en apparence, il était contre le mariage pour tous mais s’est renié depuis, il est contre l’euthanasie mais il va sans doute se renier. Le reniement, voilà pourquoi on ne fait plus confiance à ceux qui se sont autoproclamés héritiers du Général de Gaulle, car ils nous infligent cette fameuse phrase aussitôt « Il faut vivre avec son temps. ». Xavier Bertrand a beau être un type très sympathique, sa marionnette des Guignols de l’info lui confirmait ce trait de caractère, il a plus à perdre qu’à gagner à aller à Matignon, mais peut-être que ça devenait insupportable pour lui de ne toujours pas avoir fait son coming-out macroniste. Finalement, il partage beaucoup de points communs avec François Bayrou, qui lui non plus n’a pas l’air bien méchant mais politiquement c’est autre chose…

    • Les escrocs sont très souvent sympathiques, au début. Mais quand on connaît un peu les hommes, on s’aperçoit vite ce qu’est leur naturel. Et le sien est pourri.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois