Xavier Raufer : « Christchurch : ce type de terroriste n’est pas si fréquent que ça. »
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Xavier Raufer replace la tuerie de Christchurch dans le contexte de la Nouvelle-Zélande, des attentats de Breivik, des attentats islamistes et dans le cadre d'une société hyperconnectée, mais de "foule solitaire".
La Nouvelle-Zélande est touchée par un terrible attentat. 49 personnes ont été abattues dans deux salles de prière différentes, a priori par le même homme bien qu’ils soient quatre à avoir été arrêtés. S’oriente-t-on vers un Utøya épisode 2 ?
Ça ressemble, en effet, franchement à ça. Dans les deux cas, ça se passe dans des pays loin de tout. En Nouvelle-Zélande, quand on vole un mouton, ça fait les grands titres de la presse pendant six semaines. La Norvège vit un peu cela, aussi.
On a affaire à un individu qui nourrit une secrète rancune contre le monde entier. Il le dit et il l’écrit. On va, sans doute, découvrir plus tard que, comme Breivik, il a utilisé des moyens détournés pour se procurer des armes et qu’il avait un confident. Dans le cas de Breivik, c’était sa maman, etc.
On dira aussi qu’il est passé à l’acte sans avoir été inquiété une seule minute et sans avoir été arrêté préalablement. Certes, la première fois, c’est difficile, comme au Japon, en 1995, lorsque la secte Aum met du gaz mortel dans le métro. On peut être surpris, mais quand il y a une deuxième fois et qu’on se laisse surprendre, ce n’est plus pardonnable.
Dans l’histoire du terrorisme plus récent, il existe des cas invraisemblables comme celui de Barcelone. C’est très exactement Molenbeek et les attentats de Bruxelles bis. L’issue est, bien entendu, différente, mais toute la gestation et toute la préparation ainsi que les individus sont identiques. Or, trop occupés sans doute à se chicaner entre Espagnols et Catalans pour des histoires de langue, bingo ! 14 morts.
Même si on se dit, dans une société de l’information, avec des caméras et de l’électronique partout, les gens ont parfois du mal à voir ce qu’ils ont sous le nez.
En tout cas, la plupart des attentats qui avaient frappé les sociétés occidentales étaient plutôt d’origine islamiste. Ici, ce n’est pas le cas. L’auteur est plutôt originaire de l’extrême droite. Peut-on craindre une accélération de ce genre d’attentats ?
Breivik, c’est 2011. Ce n’est donc quand même pas tous les quatre matins.
Nous en saurons plus dans 48 heures sur son nom et son profil.
Dans tous les cas, il faut être perturbé. Agir ainsi est évidemment contre-productif, y compris pour ce qu'il prône. Même s’il déteste les islamistes, ressouder comme ça un milliard de musulmans face aux dix millions aux opinions un peu déviantes et aux cent mille qui sont capables d’actes de djihad, c’est absurde.
Ce type de personnes nourrissent une haine d’autant plus féroce que la société est celle de la foule solitaire. Les gens ne peuvent pas vraiment se confier, se confesser ou avoir un copain qui pourrait leur dire "tu es un peu fou, allons boire un pot et oublions tout cela !"
Le type est tout seul. Sa tête devient une espèce de Cocotte-Minute® qui explose quand c’est trop plein. Résultat : 90 morts.
Fait particulier : le terroriste a commis son attentat en le diffusant sur Facebook live. Ce n’est pas commun...
Les gens ne sont pas sous cloche. Ils ont la radio, la télé, les réseaux sociaux. À partir du moment où les "petits chenapans taquins" de l’État islamique ont commencé à décapiter des gens en direct, les gens des cartels au Mexique ont commencé à faire la même chose.
Ce n’est pas plus difficile que cela à comprendre. L’être humain avance un peu en inventant et beaucoup en copiant. Mohammed Merah déjà, au printemps 2012, avait une caméra GoPro® et filmait les assassinats qu’il avait commis.
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