Xavier Raufer : « Rétablir la loi et l’ordre dans les quartiers ? C’est possible, il faut en avoir le courage politique ! »
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Depuis plusieurs semaines, les forces de sécurité font face à une spirale infernale de violences urbaines dans « les quartiers de reconquête républicaine », partout en France.
Au micro de Boulevard Voltaire, Xavier Raufer analyse ce phénomène et développe les stratégies à mettre en place pour y rétablir la sécurité.
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Depuis plusieurs semaines, de nombreuses villes sont en feu et dans des états d’émeutes permanentes. Qu’est-ce que cela traduit ?
Cela traduit essentiellement une profonde, une énorme et une affligeante erreur de diagnostic du gouvernement et notamment du ministre de l’Intérieur. Monsieur Darmanin a confondu les effets et les causes, ce qu’il ne faut jamais faire. Lorsqu’on arrive dans un des quartiers appelés quartiers difficiles, le plus choquant et le plus immédiat c’est qu’il y a du trafic de drogue. Des individus sont en train de rabattre des clients vers des escaliers, des caves ou des cours où ils peuvent trafiquer tranquillement. Certains préparent la drogue et d’autres la vendent. C’est une espèce de commerce illicite de stupéfiants. C’est naturellement choquant et scandaleux.
Ce phénomène énerve la population et la perturbe, et les enfants ne peuvent plus jouer dans la cour. C’est ce qui se passe lorsque des bandits ont mis la main sur une communauté. Darmanin et son entourage au ministère de l’Intérieur ont décidé de faire une opération publicitaire en s’en prenant à ces points de deals. C’est l’origine de toute l’affaire. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose en soi que de s’en prendre à ces endroits où on vend du poison, mais naturellement il ne fallait pas s’y prendre comme cela.
Lorsque vous faites une opération coup de poing qui vise à faire entrer des policiers, des gendarmes et des forces de sécurité dans un endroit où elles ne sont pas d’ordinaire, les gens sur place appellent du secours. Le secours arrive vite puisque chacun à un téléphone portable sur lui. La police qui n’est pas prise comme une force de sécurité, mais plutôt pour la bande adverse, se fait tirer des mortiers d’artifice et jeter des cailloux.
C’est le ministre de l’Intérieur, qui par cette manœuvre maladroite, a tout déclenché.
Comment fallait-il s’y prendre ? D’abord, on remet de l‘ordre dans la cité et on fait en sorte qu’elle soit pacifiée. Et dans un deuxième temps seulement, lorsque la cité et pacifiée, on y interdit tout ce qu’il y a d’illicite, c’est-à-dire la prostitution des mineurs, les marchés aux voleurs, le désossage et la vente en pièces détachées des voitures volées et le trafic de stupéfiants.
Comment pacifie-t-on une cité ?
C’est simple et c’est même prévu. Des forces de sécurité et notamment la gendarmerie nationale ont prévu qu’un jour cela risquait de se produire. Cela consiste à prendre les cités les plus effroyables que l’on appelle quartiers de reconquête républicaine et au milieu on installe un poste de gendarmerie. Ce dernier rétablit la loi et l’ordre dans le quartier. A savoir que l’on a plus le droit d’y faire des choses illicites, on se comporte normalement avec les gens et on ne mobilise plus les escaliers et les ascenseurs pour y planquer de la drogue, obligeant des mamans avec des poussettes de monter à pied au septième étage. Une fois que la section de la gendarmerie est sur place et que les habitants apprennent qu’elle est là pour durer, immédiatement tout le monde va les voir pour leur dire ce qui ne va pas. Les gens ne font pas cela lorsqu’il y a des opérations coup de poing. Si jamais les policiers ou les gendarmes repartent après l’opération coup de poing, les habitants sont à nouveau livrés aux bandits.
Qu’attendons-nous pour l’appliquer ?
Ils attendent l’avis des principaux intéressés, les policiers de terrain et les gendarmes. C’est une question de volonté politique. Cela pourrait se faire demain matin si on le voulait. C’est une histoire de courage politique. A l’heure actuelle, les dirigeants politiques n’en ont pas. Ils vivent obnubilés par l’avis de leur conseiller de communication. Comme bien entendu, nous sommes en France, il y a toujours une élection au coin de la rue. A l’heure où nous parlons, il reste à peu près 390 jours avant l’élection présidentielle. Ils se font peur à eux-mêmes et par conséquent n’agissent pas. C’est pourtant simple. Il s’agit de faire en sorte que l’ordre et la loi règnent dans les quartiers nord de Marseille exactement autant qu’ils règnent à Romorantin, à Cricqueboeuf-le-petit ou à Lamotte-Beuvron. Ils n’ont pas envie de le faire. Quel est le nom de code pour ces histoires de quartiers difficiles ?
Lorsque monsieur Macron est devenu président, il a dit qu’il était meilleur que les autres et qu’il allait nous montrer. Il a créé un comité présidentiel des villes et a dit que les quartiers difficiles étaient pleins de promesses et d’avenir. C’est possible, mais en aucun cas ces quartiers-là ne peuvent être pleins de promesses et d’avenir, tant qu’ils seront aux mains des gangsters ou des imams salafistes. A partir de ce moment-là, il a commencé à se faire ouvrir les dossiers et a fait venir monsieur Borloo. Lorsqu’il a compris ce qu’il faudrait faire pour rétablir l’ordre, il a remis le couvercle de la marmite, il a renvoyé monsieur Borloo dans ses buts et n’a plus touché au dossier. Le comité présidentiel des villes ne s’est plus réuni depuis lors. Il est mort-né. Un enfant très jeune est capable de comprendre que lorsque quelque chose est anodin, il suffit de ne pas s’en occuper et cela passe tout seul. En revanche, lorsqu’on ne s’en occupe pas, il s’aggrave. D’où les émeutes plus fréquentes. Les enfants sont à chaque fois plus jeunes parce qu’ils bénéficient du coup de baguette magique de madame Taubira, qui a mis la jeunesse en dessous de 18 ans, hors de portée de la police et de la gendarmerie. Vous laissez un jeune dans l’impunité, libre de faire ce qu’il veut. Eh bien, généralement, il fait le pire.
Effet de mode médiatique ou non, on a l’impression que ces guerres de gangs entre très jeunes hommes se multiplient. Récemment, un jeune de 15 ans est mort d’un coup de couteau. Est-ce le même problème que les émeutes dans les banlieues ou est-ce un phénomène social distinct ?
C’est le même problème à différents moments de la journée. Selon les policiers de terrain souvent en civils, ces phénomènes impliquent les mêmes individus à 90 %. Naturellement, vous savez comment fonctionnent les médias. Les médias ne parlent pas des trains qui arrivent à l’heure, mais plutôt des trains qui n’arrivent pas à l’heure. Il faut que quelque chose se soit produit pour que cela vaille la peine d’en informer les gens.
Nous qui suivons ces affaires-là au quotidien, je peux vous garantir qu’il y a des émeutes tous les jours depuis le début de l’année 2021. Nous avons une base de données et nous en tenons le décompte très précis. En 2020, on compte 187 jours d’émeutes quelque part en France métropolitaine, c’est-à-dire un peu plus d’un jour sur deux.
Monsieur Darmanin peut dire ce qu’il veut, insupportable, inqualifiable, mais ces actes sont sérieux et parfois sont des actes graves. On ne peut pas dire que cela n’existe pas. Ce ne sont pas toujours des phénomènes très graves, parfois ce sont des petites échauffourées, mais le fait qu’elles se multiplient signifie concrètement que ceux qui se livrent à ces actes prennent les policiers pour des bouffons et n’ont plus peur d’eux. Ils s’en prennent donc à eux pour les faire cavaler à chaque fois qu’ils le peuvent. Voilà la réalité.
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