Yacine Mihoub : itinéraire d’un assassin
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Que s'est-il réellement passé, le 23 mars 2018, dans ce modeste appartement HLM du XIe arrondissement de Paris, avant que les pompiers, appelés pour éteindre un incendie, ne découvrent le cadavre calciné lacéré de onze coups de couteau de Mireille Knoll, cette octogénaire de confession israélite ?
C'est ce que, durant les deux semaines et demi qu'aura duré le procès, les jurés de la cour d'assises de Paris ont tenté de comprendre. Il leur aura fallu dix longues heures avant de rendre leur verdict et condamner Yacine Mihoub, reconnu coupable du meurtre de l'octogénaire, à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Une peine maximale, donc. « C'est le mieux que je puisse faire », commente l'avocat de la famille Knoll, Maître Gilles-William Goldnadel, compte tenu de l'arsenal législatif. Daniel Knoll, le fils de la victime, avait fait part de son regret de l'abolition de la peine de mort...
Gilles-William Goldnadel nous trace le portrait de l'assassin qu'il décrit comme un « criminel pervers hors du commun » et insiste : « Il m'a rarement été donné d'avoir affaire à un type aussi sympathique et intelligent. » Ce qui explique comment « une brave dame bienveillante et indulgente comme Mireille Knoll lui ait accordé sa confiance ». Car la victime et l'assassin sont de vieilles connaissances. Ils habitent le même immeuble et se fréquentent depuis des années. Moyennant un peu d'argent de poche, le jeune homme accompagne la vieille dame au marché et l'aide à faire ses courses. « Une relation de confidents », selon Yacine Mihoub, qui déclarera aux enquêteurs considérer Mireille Knoll comme « sa grand-mère de substitution » jusqu'à ce jour où les relations se dégradent. Nous sommes en 2017 : Yacine Mihoub est incarcéré, coupable d'agression sexuelle sur une toute jeune fille de 12 ans, la propre enfant de l'aide familiale de Mireille Knoll.
À entendre Maître Gilles-William Goldnadel, ce n'est pas ce jour-là que tout a basculé pour Yacine Mihoub. Cet individu « qui a l'alcool mauvais et peut devenir violent » est déjà connu pour des faits de violences dans son entourage. Avec son comparse Alex Carrimbacus, il fustige régulièrement ces juifs qui ont trop d'argent. Un père absent et alcoolique, une mère décrite comme « perverse, calculatrice et illettrée » (elle aussi impliquée et condamnée, lors du procès, pour dissimulation de preuves) n'expliquent pas tout. La convoitise non plus (on découvrira les vols d'effets bien modestes dérobés à la vieille dame). Car Yacine Mihoub baigne dans un milieu imprégné de cette culture antisémite plus politique que religieuse propre à certains quartiers. Nourrie de victimisation autour du conflit israélo-palestinien.
« Yacine Mihoub n'est pas Mohammed Merah, ni même Salah Abdeslam, il est plus politisé », poursuit notre avocat. Celui qui a toujours été « pris en charge par la France », scolarisé, logé et nourri par elle, déteste le juif comme il déteste la France. Sur son torse, il porte, tatouée, une carte de l'Algérie et fustige « ce putain de pays qui fait une montagne du meurtre de cette femme juive et qui aurait décerné une médaille si on avait tué une Arabe » (propos relevés lors d'écoutes d'une conversation téléphonique avec sa mère). Lors de son séjour en prison, il écrit sur les murs de sa cellule : « Vive les frères Kouachi et Coulibaly. » Il est connu des services de police pour avoir proféré de fausses alertes à la bombe, qu'il explicitera auprès du président de la cour d'assises par un élégant : « C'était pour les faire chier. »
Pour Gilles-William Goldnadel, cette effroyable affaire dépasse la communauté juive : cet antisémitisme islamique dénié par l'extrême gauche est « une détestation de l'État-nation occidental en son entier » et « la détestation du Blanc son premier ingrédient ». Daniel Knoll l'a parfaitement compris, qui s'est courageusement opposé à la volonté du président du CRIF d'exclure Marine Le Pen de la marche blanche organisée en hommage à Mireille Knoll, quelques jours après le meurtre, « appelant tout le monde sans exception » à y participer. Comme pour Arnaud Beltrame, l'affaire Mireille Knoll est un signal d'alerte, un symptôme de ce cancer dont souffre notre société.
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