Yaël Braun-Pivet ridiculise, malgré elle, l’intelligence artificielle française

braun pivet

Une intelligence artificielle censée « fluidifier les échanges », pas « remplacer les gens ». Fondée en 2023, l’entreprise française Mistral AI entend devenir un acteur incontournable de son secteur en prenant le contre-pied de ses rivales, ChatGPT, Grok et autres DeepSeek. Son patron, Arthur Mensch, était d’ailleurs présent au sommet international de l’IA à Paris, ces derniers jours, afin d’y faire valoir la spécificité tricolore face aux mastodontes américains ou chinois. « Nous sommes plus efficaces, plus frugaux, plus créatifs, plus rapides », a affirmé l’entrepreneur, persuadé du potentiel de son outil.

Une promotion plus ou moins adroite

Dans son plan de communication, l’homme peut compter sur le soutien de l’État ou, tout du moins, du chef de l’État. « Vive Le Chat ! », a ainsi posté vendredi 7 février Emmanuel Macron, avec un drapeau tricolore, sur le réseau social X. Rien à voir avec l’adorable félin. Il s’agissait du « Chat », le robot conversationnel conçu par Mistral AI. À la suite de ce coup de pouce présidentiel, l’application made in France s’est retrouvée numéro un sur l’Apple Store.

C’est animée des mêmes intentions louables que Yaël Braun-Pivet a pris la parole le mardi 11 février, au Forum de l’intelligence artificielle. « J’ai entré dans Grok, l’IA générative de X, et dans Le Chat de Mistral AI ce prompt : "Représente-moi deux personnes, l’une présidant l'Assemblée nationale, l’autre PDG d’une grande entreprise". Voilà le résultat ! » L’IA américaine a alors généré une illustration avec deux présidents de sexe masculin, tandis que Mistral a représenté un homme et une femme. « Et voilà ! », conclut la présidente de l’Assemblée nationale, triomphante.

Sauf que, statistiquement, les PDG des grandes entreprises et de l’Assemblée nationale sont plus souvent des hommes que des femmes. N’est-ce pas le rôle de l’IA de décrire le monde tel qu'il est, et non tel que les progressistes souhaiteraient qu’il soit ? Pour les fictions woke hors sol, nous avons déjà l’audiovisuel public, merci bien.

Un outil de propagande

« Nous faisons moins de politique », s’était pourtant vanté Arthur Mensch, semblant critiquer la partialité des autres intelligences artificielles. L’usage de Mistral AI dément quelque peu cette affirmation. Ainsi, quand on demande à son « Chat » quelle femme politique a le plus de chances de devenir présidente de la République, il cite en premier lieu Élisabeth Borne… Les résultats varient en fonction des termes choisis : dans certains cas, l’intelligence artificielle française suggère… Sandrine Rousseau. Grok, l’IA d’Elon Musk, en revanche, place Marine Le Pen tout en haut de sa liste, rappelant qu’elle a atteint la deuxième place dans les élections de 2017 et 2022.

D’autres requêtes s’avèrent éclairantes quant à l’orientation idéologique des IA.

Une « femme trans » est-elle une femme ? Mistral conclut qu’« une femme trans est une femme si elle s'identifie comme telle », tandis que Grok estime que la question « est complexe et dépend largement de la perspective adoptée - biologique, sociale, juridique ou personnelle ».

Le racisme anti-blanc existe-t-il ? Mistral ne tranche pas et professe que « ce concept est controversé car il est souvent perçu comme une tentative de détourner l'attention des formes de racisme systémique qui affectent les minorités raciales ». Grok atteste, lui, que « oui, le racisme anti-blanc existe ».

Qu'est-ce que le « Grand remplacement » ? Pour Mistral, il s’agit d’une « théorie du complot d'extrême droite » dotée d’un « caractère raciste et xénophobe ». Grok relaie lui aussi la dimension « conspirationniste » du terme, mais a au moins l’honnêteté de préciser que « les changements démographiques » sont bien une « réalité ».

En résumé, Mistral AI n’est pas moins idéologisé que ses rivaux. Loin s’en faut.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

6 commentaires

  1. Mon Dieu, quelle médiocrité chez ces gens qui nous gouvernent. Effectivement ils transforment l’IA en propagande. Ils n’ont jamais honte, la bêtise les stimule, l’envie de domination des peuples est leur moteur, la mort de la France est leur idée du progrès. Et pourtant, à chaque élection, les français remettent une pièce dans la machine comme dans un jour sans fin. C’est triste mais nous n’avons que ce que nous méritons.

  2. Quelles absurdités ! Des « scientifiques » ignares anglomanes, mais méconnaissant l’anglo-américain, ont traduit en 1954 Artificial Intelligence en « Intelligence Artificielle », croyant, probablement (?) qu’on doit traduire (voire « translater » …) Central Intelligence Agency en « Agence Centrale de l’Intelligence » ou Intelligence Service en « Service de l’Intelligence » !!! Quoi de plus bête qu’un automate ? 2 automates ? Ils finissent par croire que ça existe, l’intelligence artificielle, là où on ne trouve que des applications cybernétiques, donc des automates programmés, dénommés systèmes experts, fonctionnant par « apprentissage » (compilation d’un grand nombre de données actualisées, appuyée sur l’expertise des meilleurs experts de la discipline concernée, pour l’exploitation algorithmique de ces données). Néanmoins, de nombreux laboratoires de biologie étudient le fonctionnement du cerveau pour tenter de créer des automates qui auraient un comportement similaire, mais automatique, par construction et qui voudraient se rapprocher du fonctionnement dudit cerveau ! Notre géniale Braun-Pivet illustre magnifiquement le (ou les) biais idéologiques qu’incluent fatalement les concepteurs de ces systèmes experts dans leurs productions ! Ces biais sont introduits par le choix des données à exploiter et des experts qui indiquent comment les traiter ! On imagine très bien ce que pourrait donner un système expert (une « Intelligence Artificielle » haha !) sur les maladies virales dont l’expertise aurait été élaborée à partir des équipes du Professeur FAUCI, des laboratoires Pfizer et de l’OMS !!!

  3. Pendant que Madame Braun- Pivet a une haute idée d’elle même qui consiste à s’accrocher à son poste en en espérant un autre, les médiapartisans du pouvoir scindent le peuple en trois parties: les fachos, les bobos, et les blaireaux…C’est simple la vie, il suffit de mettre des inconnus dans des cases.

  4. Je ne suis pas pour autant fermé au progrès technologique, à condition que celui-ci reste à sa place : un outil technologique au service du travail, de la recherche, et donc de la défense.
    J’ai donc décidé de faire un test avec Mistral, ChatGPT et DeepSeek. Je leur ai posé la même question, très simple pour tous les trois : « Qui est Pascal Praud ? »
    Cela aurait pu être n’importe quelle autre question sur une autre personne publique ou un sujet totalement différent, qui aurait obligé l’IA à une réponse plus ou moins idéologique (et c’est là que réside l’intérêt).
    Je me doutais du type de réponse de la part de ChatGPT, que j’avais testé dès son lancement, et abandonné très rapidement (quoi que puisse en dire Sam Altman pour essayer de se raccrocher à l’administration Trump).
    Plutôt souverainiste, je me réjouissais d’avoir enfin une alternative purement française (en termes de conception, moins concernant les levées de fonds…).
    Surprise ! La réponse de Mistral était quasiment identique à celle de Chat GPT, complètement orientée et idéologisée, et pas très loin du dénigrement. En fait, elle était très proche de la page Wikipédia.
    Le dernier test était donc pour le chinois DeepSeek. C’est de très loin la réponse la plus objective, qui, si elle explique l’aspect controversé du journaliste, met l’accent sur l’aspect indispensable de la pluralité dans le monde médiatique.
    Il est incroyable d’en arriver à préférer un produit chinois à un produit français. C’est bien la première fois de ma vie, excepté peut-être pour les nems.
    Je ne suis pas naïf concernant la finalité de la Chine quant au traitement des bases de données (qui ne diffère en rien du but de Chat GPT ou de Mistral, la contamination idéologique en moins), mais cette réalité, expérimentée, est tout de même un peu difficile à accepter.

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