Yaël Braun-Pivet se prétend féministe ? Cinq exemples qui prouvent le contraire

À ma place : c'est le nom du livre qu'elle vient de publier. À sa place, qu'aurait fait une vraie féministe ?
Yael Braun Pivet

À ma place : c’est le nom du livre que vient de publier Yaël Braun-Pivet aux Éditions Buchet-Chastel dont elle est venue faire la promotion sur plusieurs plateaux télé. « Un livre optimiste, féministe, cash », peut-on lire sur l'argumentaire de l'éditeur. Optimiste, peut-être. Cash, ça se discute. Féministe, certainement pas.

Car, précisément, qu’aurait fait une « vraie » féministe - pragmatique, pas cosmétique -, à sa place ?

Parité

Elle n’aurait certainement pas posté sur X « On l’a fait ! », avec un point d’exclamation, comme si le vote à l'Assemblée relatif à la parité dans les conseils municipaux de petites villes répondait à un « I Have a Dream » de toutes les femmes de France et de Navarre. Comme si celles-ci y pensaient avec des étoiles dans les yeux tous les matins en se brossant les dents. Entre 2020 et fin 2024, 2.400 maires ont démissionné. Désormais, 57.000 sièges de conseillers municipaux sont vacants. Il y a peu de candidats, pourquoi rajouter une condition supplémentaire ? Va-t-on, tant qu'on y est, dans un contexte de pénurie de médecins, exiger une parfaite parité dans les maisons médicales rurales ?

Insécurité

Des rêves, pourtant, les Françaises en ont. Des souhaits assez simples, somme toute, mais ceux-ci, curieusement, ne sont jamais exaucés. Elles aimeraient, par exemple, être tranquilles sur la voie publique, en toute sécurité. La vraie égalité hommes-femmes, vous voyez : pouvoir circuler à la nuit tombée dans n’importe quel quartier, transport en commun ou parking souterrain sans être importunée ni détroussée. L’ami politique de Yaël Braun-Pivet, Gabriel Attal, accusait, dimanche 6 avril, dans ce qui s'apparentait à un lancement officieux de campagne présidentielle, l’arc réactionnaire trumpien d'enfermer les femmes (où a-t-il vu cela ? Celui qui enfermera les Calamity Jane que sont les conservatrices américaines n'est pas né). Mais qui confine les femmes chez elles le soir parce qu’elles ont peur de sortir seules, sinon l’insécurité que le gouvernement dont il a fait partie a été incapable de juguler ?

Mais sans doute pas plus qu’elle ne sait d’où vient l’antisémitisme contemporain, Yaël Braun-Pivet n'a la moindre idée de l'origine de cette insécurité.

Retraites

Yaël Braun-Pivet a cinq enfants. Mais on ne l’a jamais entendue sur le sujet durant les débats sur les retraites. Pourtant, puisqu’il est question de « sa place », quel meilleur endroit que le perchoir, pour intervenir avec la hauteur de vue nécessaire ? Quelle meilleure légitimité que son statut de mère de famille nombreuse ? Elle n’a pas posté sur les réseaux sociaux, alors, le moindre « on l’a fait ». Et pour cause, puisqu’on ne l’a pas fait ! Les mères sont les grandes oubliées de la réforme des retraites, alors qu’elles auraient dû en être l'épicentre.

Mortalité infantile 

Évoquons encore la constitutionnalisation de l’IVG. C’était en mars 2024. Yaël Braun-Pivet avait parlé, alors, de « victoire parlementaire », de « victoire des femmes ». Il se trouve qu’un an jour pour jour ou presque, il y a un mois, donc, un livre dans un registre connexe est sorti chez son propre éditeur, Buchet-Chastel. Il s'intitule Le Scandale des accouchements en France. Selon une étude de l’INSEE publiée jeudi 10 avril, la mortalité infantile poursuit sa progression, en 2024, avec 2.700 enfants de moins d’un an décédés. La France est la mauvais élève de l’Europe. Et la fermeture des maternités, selon les auteurs, n’est pas étrangère à ce chiffre. En tout cas, les arguments méritent d’être entendus. 75 % des maternités, en France, ont fermé au cours des 50 dernières années ; elles sont passées de près de 1.500, au milieu des années 70, à moins de 500, en 2024. La part des femmes enceintes à une distance de plus de 45 minutes de la maternité a augmenté de 40 % en 25 ans. Les gynécos recommandent pourtant de ne pas être trop loin : en cas de rupture de la poche des eaux, par exemple, la procidence du cordon fait courir un risque à l’enfant s’il n’est pas pris en charge à temps. Et cette distance peut aussi affecter la santé de la mère. Bref, ce n’était finalement pas l’avortement qui était menacé mais l’enfantement. Mais il est plus facile de faire une grand-messe républicaine sacralisant l'IVG ou d’instaurer une parité sans intérêt dans des petits conseils municipaux que réformer un système de santé failli.

Assemblée

Il y a deux jours, enfin, une journaliste du média Frontières a été bousculée, poussée brutalement contre un mur par des députés de gauche. À sa place, une présidente de l’Assemblée aurait sanctionné lesdits trublions, défendant dans le même temps une femme et la liberté d’expression. Madame Braun-Pivet n'en a rien fait.

Convenons que, pour toutes ces raisons, qualifier la présidente de l'Assemblée de féministe est pour le moins… déplacé.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

52 commentaires

  1. Avec vous de la première à la dernière ligne. La parité à tout crin, et les compétences deviennent secondaires. Le féminisme qui se proclame, ne veut plus rien dire, il est même devenu douteux.
    Quant à la journaliste malmenée de Frontières, Y.B-P n’a pas fait honneur à sa Présidence, mais il lui aurait fallut plus de cran que d’écrire son bouquin.

  2. Sous une apparence sympathique, cette femme est la complice des rouges. Elle est incapable de se faire respecter, ménage les bancs de La France Immonde. Espérons que lors de la constitution d’une nouvelle Assemblée elle ne soit pas réélue a minima à ce poste ! A cette occasion, elle fera certainement encore partie du « front républicain » pour faire barrage à « la bête immonde »…

  3. Merci pour cet excellent article qui remet la femme au cœur de notre société, et d’une politique familiale malheureusement délaissée. Ce qu’en effet, la présidente de l’Assemblée nationale oublie de faire, étant pourtant une femme !!
    Beaucoup d’hypocrisie et d’incompétence chez cette personne, qui, plutôt que d’écrire un livre, devrait agir concrètement, et à la hauteur de sa fonction.

  4. Arrêtez, Mme Yaël Braun-Pinet va avoir mal à la tête ! Au fait, à quand une minute de silence pour tous ceux qui ne sont pas représentatifs des « minorités », mais subissent les affres d’une immigration incontrôlée ?

  5. Cette femme qui a publié un livre sur la parité,s’est pris en pleine poire un revers en défendant des pro-islamistes agressant une jeune journaliste en l’écrasant contre un des murs de l’assemblée,des mensonges dans son livre de macroniste ,complètement à gauche,sans morale et sans scrupules.

  6. La parité comme tout concept logique ne devrait pas être imposée puisqu’elle va de soi. Par contre la généraliser d’autorité à tout ce qui bouge tend vers l’absurde. Imposer ce qui va de soi peut ainsi se révéler contre productif et in fine nuisible. Nul besoin d’être sur un perchoir pour s’en convaincre.

  7. Je suis pour l égalité « homme/femmes » mais contre cette parité devenue obligatoire. Que ce soit en entreprise ou en politique, le premier critère est pour moi la compétence, peu importe que l on soit femme ou homme. Cette parité imposée risque justement d écarter des talents ou des compétences. A terme, en ajoutant le retrait de beaucoup de maires ou l absence comprehensible de vouloir se présenter à une élection ,il est à craindre que le niveau de la classe politique, déjà bien bas dans certains rangs , regresse encore..

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