Yann Bompard : « J’espère pouvoir alerter Macron sur l’état du pays »

Ce 1^er septembre, Yann Bompard (Ligue du Sud), maire d'Orange, recevra Emmanuel Macron à l'occasion de la visite du chef de l'État dans un lycée professionnel de la ville. Pour l'édile, la venue du Président à Orange est surprenante, alors qu'il s'agit d'un territoire traditionnellement opposé à la politique du gouvernement. Dans une ville, bastion de droite depuis les années 1990, sise dans un département dont quatre circonscriptions sur cinq ont été conquises par le RN, la visite d'Emmanuel Macron aura une portée politique symbolique.

Marc Eynaud. Yann Bompard, vous avez eu l’air surpris de la prochaine visite d’Emmanuel Macron dans un lycée professionnel de votre ville ?

Yann Bompard. Oui, je suis aussi surpris que si Jules César était venu dans le village d’Astérix ! Dans le Vaucluse, il est difficile de trouver une ville qui soit plus opposée que la nôtre à la politique du gouvernement, à Emmanuel Macron et au pouvoir en place depuis de nombreuses années. Mes parents sont des combattants politiques et de farouches opposants au pouvoir en place, c’est une tradition que je dois perpétuer, car le pays va mal. Il y a deux choix. Soit le président de la République vient pour apprendre comment il faut faire et voir un petit bout de France qui va moins mal qu’ailleurs, où on souffre un peu moins de l’insécurité et des terreurs qui frappent la France. Soit c’est un acte de combat politique et il se dit qu’il va dans le centre névralgique de la droite depuis 1995 et que c’est un bastion à faire tomber.

M. E. Dans le Vaucluse, quatre circonscriptions sur cinq ont un député Rassemblement national. Pensez-vous qu’il y ait une volonté de reconquête républicaine dans ce département de la part d’Emmanuel Macron ?

Y. B. Je pense qu’il cible une ville Reconquête-Ligue du Sud plutôt qu’une ville RN, car on voit qu’à l’Assemblée nationale, son opposition est plutôt tranquille. Notre opposition à nous est féroce. Nos succès électoraux dans le Vaucluse sont liés au travail de longue haleine de Jaques et Marie-Claude Bompard. Je comprends que cela puisse inquiéter le président de la République. Ce n’est pas le premier président de la République qui est inquiété par le travail fait par les Bompard.

M. E. Selon vous, pourquoi Emmanuel Macron a-t-il choisi ce lycée professionnel d'Orange ?

Y. B. C’est en raison de sa localisation. D’autres lycées dans le département auraient mérité une visite, la seule différence que j’y vois, c’est l’opposition déterminée et entière à la politique du gouvernement.

M. E. Comme le veut la tradition républicaine, vous accueillerez Emmanuel Macron dans la ville dont vous êtes le maire. Un échange est-il prévu ?

Y. B. Il y aura, en effet, un temps de politesse, de protocole. À Saint-Denis, n’ont été reçus que les membres de l’opposition du Parlement ; Éric Zemmour, qui a fait 7 % à la présidentielle, n’a pas été reçu. Je ne pense pas qu’on me laissera avoir un temps d’échange avec le président de la République. Mais si je l'obtiens, je ne manquerai pas de me faire l'écho de tout le combat qui est porté par les patriotes en France, avec les maux qui nous frappent : l’islamisation, l’immigration, l’abandon de la justice. En Vaucluse, nous avons eu l’assassinat, dans le cadre de ses fonctions, du policier Éric Masson.

Mais toute la France est frappée. On voit l’effet délétère du laxisme judiciaire dans la paix sociale. Dans la V^e République, le Président a toutes les possibilités pour changer ce qu’il veut. Donc, je ferai part à Emmanuel Macron de la souffrance qui frappe les Français, mais je doute qu’il m’entende si j’arrive à lui parler.

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