Zemmour acclamé par le RN : « une courtoisie militante », pour Louis Aliot

La scène était inattendue, elle a surpris. Ouvrant le bal des prises de parole lors du meeting du RN en soutien à Marine le Pen, dimanche, Louis Aliot, vice-président du Rassemblement national, a publiquement nommé des soutiens que l’on n’avait plus l’habitude d’entendre dans la bouche d’un haut responsable du RN. Devant la dizaine de milliers de manifestants présents, le maire de Perpignan a souhaité « remercier un certain nombre de personnalités françaises, au-delà d’Éric Ciotti qui est présent ». Il a jeté alors avec triomphe ces noms : « Philippe de Villiers ! Nicolas Dupont-Aignan ! Éric Zemmour et Marion Maréchal ! » Alors que, depuis la campagne présidentielle de 2022, la droite traverse une ère glaciaire en termes d’union, une foule de militants RN a acclamé les noms de Philippe de Villiers, d’Éric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan - ce qui n’a rien d’anodin.

Faut-il y voir un début de rapprochement ? Ou, pour rester dans la métaphore, un début de glace brisée ? Contacté par BV, Louis Aliot justifie son geste qui lui paraît « tout naturel ». Il explique : « Quand on est attaqué de façon aussi définitive, on n’a pas à être sélectif dans les personnes qui vous défendent », « ce qui est vrai pour des juristes ou des chefs d’État vaut pour des hommes politiques ». L’édile perpignanais fait allusion aux personnalités politiques étrangères qui ont apporté leur soutien à Marine Le Pen, notamment à travers une vidéo projetée lors de la manifestation. On pouvait apercevoir Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, adresser des mots chaleureux d’encouragement et de soutien à l’égard de la chef de file du RN. Ne pas bouder ses soutiens, donc, « et cela, quelles que soient nos nuances », précise Louis Aliot, avant d'ajouter : « C'était une courtoisie militante et partisane. »

« Les Français n’aiment pas les accords de partis »

Le chiffre de 10.000 personnes rassemblées place Vauban montre que c'était essentiellement la frange la plus militante du RN qui était présente. Ainsi, en acclamant ces diverses personnalités de droite, le militant a montré son intérêt pour un certain concept politique : la fameuse « union des droites » tant espérée, soutenue ou conspuée - c’est selon. Louis Aliot avertit : « Bien sûr, les militants sont heureux quand les personnalités politiques se parlent, mais ce n’est pas parce que vous additionnez des personnes que vous additionnez des votes. » « Les Français n’aiment pas les accords de partis », ajoute-t-il, en s’appuyant sur son expérience locale. À Perpignan, la victoire électorale s’est faite autour d’une liste qui n’était pas une « alliance de partis » mais qui rassemblait, autour d'Aliot, des personnalités locales issues de plusieurs nuances politiques.

Côté Reconquête, la présence d'Éric Zemmour à la messe célébrée à la mémoire de Jean-Marie Le Pen, en janvier, au Val-de-Grâce, pouvait être interprétée comme un léger signe de réchauffement. Mais si le soutien d’Éric Zemmour et de Sarah Knafo a été réel, lors de la condamnation de Marine Le Pen et du RN, par le biais du réseau X - ils ont publiquement partagé leur indignation -, depuis une semaine que la condamnation judiciaire de Marine Le Pen est tombée, ils n’ont plus abordé le sujet.

Au passage, le coup de chapeau de Louis Aliot aux personnalités de droite a suscité l'ironie de l'habituelle boussole de la pensée facile à gauche. Sur son compte X, Jean-Michel Aphatie a fait mine de remarquer qu'Aliot avait « oublié de faire applaudir Pierre Sergent, l’homme qui a tenté de faire assassiner de Gaulle ». Sergent, ancien para en Indochine et en Algérie, engagé dans l’OAS, devint écrivain de guerre de grand talent et député du FN. À travers BV, Louis Aliot lui répond, faisant allusion aux engagements socialistes de jeunesse du journaliste : « Je préférerai toujours le nom de quelqu’un qui a résisté aux Allemands lorsqu’il était jeune lycéen et résistant, plutôt que celui d’un politicien de gauche qui reçut la Francisque pendant la Seconde Guerre mondiale [François Mitterrand, NDLR]. »

En faisant acclamer les noms de Zemmour et Villiers, place Vauban, ce dimanche, Louis Aliot a fait montre a minima d’une cordialité qui, à droite, fait trop souvent défaut. Aphatie n'aura pas droit aux mêmes égards.

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