Zemmour, c’est fini ?
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Pour Le Monde, la réponse est oui. Et la réponse était écrite avant même la fin de sa virée marseillaise, dans un article publié dès samedi matin et mis à jour avec ce fameux doigt d'honneur : « Présidentielle 2022 : à Marseille, la précampagne d’Éric Zemmour finit mal. » Long article doublé d'un autre en soirée, histoire que les choses soient bien claires : « Élection présidentielle 2022 : à Marseille, Éric Zemmour termine une visite ratée par un doigt d’honneur. » « Image malheureuse », « succession de bévues », litanie des lâchages. Et les articles déroulent toute la généalogie d'une catastrophe annoncée : « Parmi elles, l’image de lui tenant un fusil sniper non chargé et braquant les journalistes, au salon Milipol le 20 octobre, ou celle du 13 novembre au Bataclan, jour de commémoration des attentats de 2015, ont marqué les esprits. » Verdict du Monde : « un fiasco ». Étonnamment, malgré son intense couverture du déplacement d'Éric Zemmour à Marseille, le Monde n'a pas eu vent du harcèlement et du vandalisme des antifas contre lui, le restaurant où il a dîné et certains journalistes : non, Le Monde n'a vu que ce fameux doigt.
Le premier article du Monde se termine par un « Marine Le Pen reprend des couleurs » et laisse la candidate à la présidence de la République donner son analyse personnelle de la précampagne Zemmour : « Il y a eu un phénomène de blast médiatique autour du démarrage de la campagne d’Éric Zemmour. Mais, après le blast, la poussière retombe. »
Sur l'affaire du doigt d'honneur, il y aura deux lectures. Celle de l'indignation, façon « Le général de Gaulle, etc. » Il y en aura même pour trouver Sarkozy et son « Casse-toi pov'con » classieux. Et l'on plébiscitera l'impassibilité souriante de Chirac face aux attaques du même type. Et certainement, dans les milieux de la droite très très bien élevée, la cote de Zemmour pâlira. Mais ailleurs ? Dans ces milieux populaires, jeunes - ceux dont on dit justement qu'ils ne seraient pas encore touchés par lui - et qui sont quotidiennement excédés par le politiquement correct, les indignations surjouées, le deux poids deux mesures, et aussi ce qu'il a subi à Marseille, la sincérité de Zemmour, son refus de plier l'échine, et de sourire béatement quand il se fait agresser et insulter soir et matin, peuvent lui attirer une certaine sympathie.
À ceux qui sont choqués par le doigt d'honneur si peu gaullien d'Éric Zemmour, on rappellera que le geste a peut-être ses lettres de noblesse gaullistes. Relisez celui que fait Romain Gary à ses camarades aviateurs qui se moquent de lui embrassant sa mère venue lui dire adieu en septembre 39, à Salon-de-Provence, à la mobilisation, dans La Promesse de l'aube. Il y aurait, d'ailleurs, un parallèle intéressant à faire entre les destins de Zemmour et de Gary, leurs origines, leur amour de la littérature, leur engagement viscéral pour la France.
En attendant, un sondage IFOP pour le Journal du dimanche et Sud Radio,publié ce dimanche, s'il indique bien une remontée de Marine Le Pen à 19-20 % au premier tour, donne toujours Éric Zemmour troisième à 14/15 %. Pour un « candidat putatif » qui n'est pas un professionnel de la politique, le « fiasco » est tout relatif.
Éric Zemmour n'a peut-être pas dit son dernier mot. Ni posé son dernier geste.
D'ailleurs, ce soir, il vient de poster un tweet.
Madame, ce n'était pas le lieu d'un débat comme je les aime, le temps m'était compté. J'ai donc usé du seul langage que vous et vos camarades « antifas » comprenez immédiatement : le vôtre. Toutefois, vous imiter était fort inélégant, j'en conviens bien volontiers.
E.Z.— Eric Zemmour (@ZemmourEric) November 28, 2021
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