Zemmour doit-il vraiment se saisir du pouvoir ?
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Sommes-nous parvenus à l’apogée de ce que qu’on pourrait appeler le moment Zemmour ? Malgré une popularité qui ne cesse de croître, l’homme lui-même semble hésiter quant aux options qui se présentent à lui. Ne prend-il pas des risques inconsidérés à finaliser sa candidature ? Considérons les choses dans la mise en perspective. Après des années de lutte et de constance dans l’effort pédagogique, il est enfin parvenu à placer sa vision et ses analyses au cœur du débat français. Il est la personnalité dont on parle le plus et, depuis quelque temps déjà, figure dans le top dix des items consultés sur Internet. N’a-t-il pas, dès à présent, accompli sa mission ?
D’aucuns diront que les conditions sont idéales pour déposer une candidature. Pas si sûr ! En effet, il y a loin de la coupe aux lèvres. Être une référence intellectuelle et morale est une chose, conduire les politiques correspondantes en est une autre. Le régalien qu’est Zemmour sait distinguer le règne de la gouvernance, il sait aussi qu’il n’est pas opportun qu’une même personne assume les deux fonctions. Sarkozy, qui avait essayé, s’y est abîmé. Non ! Pour rappeler Sun Zu, c’est une chose de régner, c’en est une autre de gouverner ! Ne nous y trompons pas, dans la Ve République, le Président gouverne, il est en première ligne. Zemmour a-t-il la rondeur, le sang-froid, voire le cynisme nécessaires pour gouverner ?
Par les temps qui courent, mieux vaut un Louis XI qu’un Téméraire ! Bertrand ou Pécresse semblent avoir plus de plasticité pour le rôle. Certes, ils ont lambiné dans les marécages du centre, mais ce genre de poisson sait nager et changer sa feuille de route. Zemmour Président risque de s'user à un pouvoir qu’il exercera moins bien que l’un de nos animaux politiques. Il ne disposera plus de son autorité morale et les choses iront à vau-l’eau comme auparavant. Zemmour ne vaut-il pas qu’au-dessus de la mêlée ?
Reste la crainte de décevoir en se retirant. Elle paraît infondée. Il se retirerait d’une compétition pour laquelle il n’a peut-être pas toutes les compétences mais garderait intact son magistère moral. Il se retirerait avec tous les honneurs, de surcroît en exerçant une pression énorme sur l’animal politique que la droite finira par choisir. On ne pourra plus faire, désormais, comme si Zemmour n’existait pas, à condition qu’il reste Zemmour ! Il continuerait à régner. N’est-ce pas ce dont le pays a besoin ?
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