ZFE : combien d’automobilistes de votre commune sont bannis de Paris ou Lyon ?

La carte des parias des ZFE

Depuis le 1er janvier 2025, plus d’un Français sur quatre n’a plus le droit de rouler dans quatre grandes agglomérations : Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier.

Les véhicules classés Crit’Air 3 et plus – 29 % du parc automobile national au 1er janvier 2024, selon le service statistique du ministère de l’Environnement – sont en effet, désormais, interdits à la circulation dans les aires métropolitaines de ces villes dirigées par les Verts ou leurs alliés socialistes. La mise en place de ZFE renforcées, poussée par Bruxelles, prive plus d’un automobiliste sur quatre du « droit de circuler librement », pourtant parfaitement établi à l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948.
Au pays de « la république une et indivisible », la mesure apparaît aussi très inégalitaire, au point que l'écrivain Alexandre Jardin, d’ordinaire très mesuré, est parti dans une campagne vigoureuse contre les ZFE, qu’il qualifie d’outil à discriminer « les gueux ». Son passage chez André Bercoff, sur Sud Radio, le 7 janvier dernier, vaut le détour.
Dans un intéressant article portant sur l’évolution du marché de l’automobile en France, l’observatoire Hexagone affirmait, en octobre dernier, chiffres à l’appui, que la mise en place des vignettes Crit’Air « fracture le territoire ».

Pour mesurer cette fracture, avec nos partenaires du cabinet Data Realis, nous représentons la carte de France des propriétaires de ces « bagnoles » désormais interdites à Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier. En faites-vous partie ?


LA FRANCE DE LA FRACTURE AUTOMOBILE
Notre carte indique, en rouge, les communes dont plus d’un automobiliste sur trois roule dans un véhicule de catégorie Crit’Air 3 et plus, donc interdit des ZFE (zones à faibles émissions mobilité) du Grand Paris, de Lyon, Grenoble et Montpellier. En vert, les communes dont plus de 3 automobilistes sur 4 sont au volant d’un engin agréé (Crit’Air 1 et 2 et Crit’Air E). Les autres communes (entre 25 % et 33 % de véhicules Crit'Air 3 et plus) sont dans la moyenne nationale.

Les communes concernées par les 9 ZFE les plus restrictives ont une représentation différenciée :
- celles des 4 ZFE qui viennent de franchir un cap en interdisant les véhicules Crit’Air 3 et plus depuis le 1er janvier dernier (Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier) sont teintées en noir,
- celles des 5 ZFE qui poursuivent leur politique d’exclusion des véhicules Crit’Air 4 et plus initiée depuis quelques années (Reims, Strasbourg, Rouen, Toulouse et Marseille) sont teintées en indigo.

Le résultat est net : 10 millions d’automobilistes, sur 36 millions de conducteurs de véhicules particuliers, sont dorénavant privés du droit de circuler dans les ZFE Crit’Air 3 et plus.

À ce sujet —

En passant de l’échelle communale à l’échelle départementale, on observe parfaitement une polarisation nette du pays selon un double critère : l’urbanisation du territoire d’une part et la richesse de ses habitants de l’autre.

  • Plus un territoire est riche, plus ses véhicules sont modernes et donc compatibles aux ZFE : les quatre départements au plus faible taux de véhicules Crit'Air 3 et plus sont aussi les 4 départements au niveau de vie médian le plus élevé selon l’INSEE (Paris, les Hauts-de-Seine, les Yvelines et la Haute-Savoie).
  • Plus un territoire est densément peuplé, plus sa flotte de véhicules est compatible aux ZFE, y compris parce que les plus pauvres des habitants peuvent se passer de voiture grâce à l’offre de transports en commun, ce qui explique aussi pourquoi la Seine-Saint-Denis et le Pas-de-Calais, pourtant deux des départements les plus pauvres de France, ne figurent pas parmi les parias des ZFE.
Part départementale de véhicules proscrits des ZFE

Les départements des exclus des ZFE

Le podium des départements exclus des ZFERien d’étonnant, donc, à ce que l’Indre, la Creuse et l’Ariège, trois des départements les plus pauvres et les plus ruraux de France, occupent le podium des départements comptant le plus de véhicules Crit’Air 3 et plus.

Comme Boulevard Voltaire l’écrivait dès octobre 2022, les ZFE sont bel et bien des « zones à forte exclusion » !

Et tant pis pour les 10 millions de Français qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler, pour accompagner les enfants à leurs activités, pour faire les courses, pour rendre visite à leurs parents, pour se soigner et, pourquoi pas, pour aller au théâtre ou à un concert. Si tant est que l’accès à la culture soit encore permis aux propriétaires de Clio diesel ?

NB : Les catégories Crit’Air 3 et plus concernent l’ensemble des véhicules à essence livrés avant 2006 et des véhicules diesel vendus avant 2011. Les catégories Crit’Air 4 et plus concernent les véhicules diesel immatriculés avant 2006.


Sources des données :
• Parc automobile
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/donnees-sur-le-parc-automobile-francais-au-1er-janvier-2024
• Périmètres des ZFE
https://mieuxrespirerenville.gouv.fr/fiches-thematique/se-deplacer/zfe-francaises
https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/base-nationale-consolidee-des-zones-a-faibles-emissions/#/resources
https://zfe.grenoblealpesmetropole.fr/

Vos commentaires

12 commentaires

  1. la carte est très typique: la France périphérique – littéralement celle au-delà des périphériques- la France des péquenots de province, des Sans-Dents, de ceux qui roulent en diesel en fumant leur clope est exclue. Les Bobos sont la France et ne veulent plus nous voir. Eh bien, nous n’irons plus dans leurs villes, dans leurs restos, la belle province est pour nous, avec ses paysages, sa cuisine et ses terroirs, et j’entends bien garder mon beau diesel Mercedes qui tourne comme une horloge.

  2. Ma voiture est classé Crit’air 1 mais par solidarité avec ceux qui ne pourront plus circuler dans ces villes je n’achèterais pas le macaron et je resterais dans mon village. Cette dinguerie écolo va entrainer la ruine des commerces de centre-ville, la faillite de nombreux petits entrepreneurs et la boboïssation de nos citées. Tout ça pour quelques fanatiques climato-réchauffés qui voient dans le Co² l’ennemi public n°1 alors que c’est eux-mêmes notre pire ennemi. Mention spéciale pour Montpellier qui a le privilège d’avoir une élue responsable, Déléguée au Transport, Mobilités actives (sic) en la personne de Julie Frêche qui comme son nom le laisse supposer est la fille du « regretté » Georges du même nom (à croire qu’il l’a eu avec Anne Hidalgo), concepteur de la gare TGV betterave situé à 15 km du centre alors que la gare Saint-Roch, situé en plein centre fait toujours très bien l’affaire.

  3. Pas grave il y a tant d’autres commerces accessibles et nous avons toujours la possibilité de commander sur le net . Amazon a de beaux jours devant lui . Par contre comment font les gueux pour les soins : ils cotisent donc ils doivent y avoir acces …..

  4. Moi avec ma 207 diesel je suis empêché de rentrer dans les villes. Hors de question pour moi de me garer sur un parking payant pour continuer mon chemin en prenant un transport en commun payant. Si Bayrou n’annonce pas la fin de ce truc dans son discours de politique générale cet après-midi, je me joindrai à Alexandre Jardin et on créera un mouvement d’encerclement des villes.

  5. J’invite les lecteurs de BV à vérifier le vote de son député à propos des ZFE.
    Le mien a voté pour comme tous ses collègues macronistes, on peut d’ailleurs se demander si nous avons besoin d’autant de députés puisqu’ils votent tous comme de bons petits soldats obéissant à leur chef.
    Il est pourtant censé représenter des électeurs ruraux et modestes du département du Cher, en rouge sur votre carte.

  6. Pas trop envie de me rendre au centre de ces agglomérations vu qui y traîne. Ma dernière escapade sur la place de la comédie à Montpellier autrefois très agréable ne m’a pas donné l’envie d’y retourner vu qui y zone.
    Je plains en effet les malheureux obligés de s’y rendre. D’ailleurs les passants ne s’attardent plus mais traversent tête baissée pour ne pas se faire interpeller, pour preuve.

  7. Madame la Ministre de l’Écologie,
    Nous possédions une chaudière à mazout qui vient de rendre l’âme et qui nous permettait de ne pas crever de froid l’hiver, nous avons une voiture diesel qui ne peut plus nous amener à nous soigner moi et ma femme dans les hôpitaux et chez les spécialistes de la Grandville, nous avons du mal à payer la taxe foncière, Et comme nous avons plus de soixante ans la prochaine loi sur l’euthanasie commence à nous inquiéter. Je vous pose donc, madame la ministre, une question cruciale « sommes-nous encore autorisés à vivre ou devons-nous choisir la décision du suicide assisté, bien que nous n’ayons pas les moyens de payer un médecin ?
    Merci pour votre réponse.

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