ZFE : méfiance, Pannier-Runacher n’a pas dit son dernier mot…

Le ministre prend acte mais ne renonce pas...
Capture d'écran
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« Attendons de voir », prévenait, ici même, Arnaud Florac… Attendons de voir si la suppression des ZFE, votée en commission spéciale à l’Assemblée nationale, sera confirmée. En effet, dans un premier temps, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer, de la Pêche et d’autres lieux environnants, a réagi, le 26 mars, par un communiqué : « Je prends acte du vote des députés… » Le ministre prend acte, c’est la moindre des choses. Mais en lisant la suite du communiqué, on comprend très vite qu’il ne renonce pas. C’est un peu la marque de fabrique de la Macronie originelle : quand l’Assemblée n’est pas d’accord avec le gouvernement, il y a toujours moyen de contourner l’obstacle.

Pannier-Runacher, une femme de gauche

Pannier-Runacher est de l’expédition macronienne depuis les origines. Elle réussit, du reste, l’exploit d’être au gouvernement sans discontinuer depuis octobre 2018. Sa première victoire devant le suffrage universel date des élections législatives de 2024, lorsqu’elle fut parachutée dans le Nord, du reste, au grand dam de certains élus macronistes. Arrivée, au premier tour, en deuxième position derrière le candidat RN, avec près de 16 points de retard, elle doit son élection au retrait du candidat écolo-NFP. Mme Pannier-Runacher est une femme de gauche : on se souvient de son refus de serrer la main au député RN, benjamin de l’Assemblée, lors de l’élection pour la présidence du perchoir, sous prétexte qu'elle ne serre pas la main aux idées du Rassemblement national. Pannier-Runacher est tellement une femme de gauche que c'est en pensant d'abord « aux plus précaires », pas aux « bourgeois », qu'elle défend le principe des ZFE, comme elle le revendique dans la matinale de TF1, ce 28 mars.

L'argument des 48.000 décès

Après avoir sobrement pris acte dans son communiqué, le ministre brandit comme un étendard « le combat qui est le [s]ien » : celui de la santé des Français et de « la lutte contre la pollution de l'air, responsable, entre autres, de 48.000 décès précoces et 30.000 enfants asthmatiques supplémentaires par an ». Cela lui donne d’emblée le beau rôle et sous-entend que les partisans de l’abolition des ZFE sont en quelque sorte responsables, pour ne pas dire coupables, de ces 48.000 décès et 30.000 enfants asthmatiques supplémentaires. Or, si l’on en croit un document publié par Airparif, l’organisme agréé par le ministère de l'Environnement pour la surveillance de la qualité de l'air en région Île-de-France, le transport routier, en 2021, était responsable de seulement 16 % des émissions de particules fines, et la combustion des véhicules diesel des particuliers de seulement… 3 %. 54 % de ces émissions viennent des résidents. De quoi relativiser le combat de Mme Pannier-Runacher contre les bagnoles.

« Regardons le niveau des aides... »

Et donc, ce vendredi 28 mars, dans la matinale de TF1, le ministre a clairement fait entendre, pour qui sait lire entre les lignes, qu’il n’a pas dit son dernier mot. « Est-ce que vous êtes prête, vous, à vous incliner devant ce vote du Parlement ? », lui demande le journaliste. Réponse : « Moi, je suis prête à me battre pour faire en sorte que la qualité de l’air n’enlève pas des vies… » On ne sort surtout pas des éléments de langage. « Donc, contre ce vote du Parlement... », s'acharne le journaliste. « Laissez-moi aller jusqu’au bout », coupe le ministre. Et de dérouler l’argumentaire prémâché. La ZFE est « un outil parmi d’autres et s’il a des problèmes, on peut l’améliorer ». Améliorer, donc, pas supprimer ? « Il n'y a que 600.000 véhicules concernés, en Île-de-France. » Intéressant, ce « que 600.000 ». Donc, une minorité de véhicules ? Un : quand on voit le nombre de lois pondues pour certaines minorités au nom de l’égalité des citoyens, on s’étonne que dans le cas présent, on n’ait pas la même sollicitude. Deux : quelle est la part de ces 600.000 véhicules dans la pollution atmosphérique ?

Et puis, inévitablement, en bonne technocrate, le ministre embraye : « Regardons le niveau des aides, regardons les dérogations, regardons le calendrier… » On pond des règles pour, immédiatement, pondre des dérogations. C’est ce qu’on appelle la simplification administrative. Et, bien évidemment, les aides… « Vous savez que l’année dernière, il y avait des aides qui allaient jusqu’à 22.000 euros, dans l’agglomération parisienne, pour permettre aux gens de changer de véhicule… », rappelle Pannier-Runacher. Ce qui a fait réagir, sur X, Julien Aubert, ancien député LR de Vaucluse et magistrat à la Cour des comptes : « Faites la multiplication… » Nous l'avons faite : 600.000 multiplié par 22.000, ça fait… 13,2 milliards d'euros. C'est un plafond, mais tout de même... Pas une paille.

 

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

98 commentaires

  1. Cette personne se dit, de gauche ,alors ,qu’elle veut interdire les pauvres d’accéder avec leurs véhicule ,en ville, et par conséquent la valeur de ce dernier en chute libre, et pourtant payé très cher ,une honte,cette personne gagne sans doute très bien sa vie ,avec chauffeur payé par les contribuables

  2. Ou a t’elle pêché ce chiffre de 600000 véhicules concernés ? Dans quel rayon autour de la capitale est on censé pouvoir s’y rendre. Ces technocrates déconnectés nous fatiguent. Et en plus je rappelle que pendant le confinement AIPARIF n’a constaté aucune amélioration de la qualité de l’air alors que des millions de véhicules étaient à l’arrêt.

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