Zimbabwe : toilettage et poudre aux yeux
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Le 14 décembre, Le Monde relayait la nouvelle selon laquelle le nouveau gouvernement zimbabwéen avait annoncé "l'évacuation des occupants illégaux des fermes appartenant aux fermiers blancs qui avaient été violemment expulsés après la confiscation de leurs terres par l'ex-président Mugabe".
Cette annonce avait été faite par Perence Shiri, né Bigboy Samson Chikerema, cousin de Mugabe et nouveau ministre de l'Agriculture. Il est intéressant de noter qu'il avait lui-même organisé l'invasion des terres des fermiers blancs par les "war veterans", il y a dix-sept ans.
Ce coup de tonnerre dans le ciel du Zimbabwe avait fait renaître l'espoir dans la communauté des fermiers blancs et de tous ceux qui, Noirs et Blancs confondus, espéraient un retour des anciens fermiers qui sont les seuls, à ce jour, à pouvoir faire redémarrer l'agriculture sinistrée de ce pays.
Mais l'espoir a été de courte durée. Cet effet d'annonce était destiné à faire les yeux doux à la communauté internationale qui avait suspendu toute aide à ce pays où la violation des droits de l'homme (à l'encontre des fermiers zimbabwéens blancs, des politiciens de l'opposition noirs et blancs et des simples citoyens) était devenue monnaie courante.
Emerson Mnangagwa, nouveau président de la République, a ainsi tenté de faire oublier qu'il avait été, dans le passé, un des plus féroces adjoints de Mugabe, faisant massacrer en 1985 plus de vingt mille N'debeles. Il disait avoir changé "après avoir rencontré le seigneur". Tout le monde s'attendait donc à ce que les anciens fermiers blancs spoliés retrouvent leurs terres suite à cette déclaration qui est en réalité de la poudre jetée aux yeux. En effet, pendant la période de l'expulsion des fermiers blancs, il y a eu deux sortes de nouveaux occupants. Les premiers, tenants et aboutissants du régime, possédaient une lettre du gouvernement les autorisant "légalement" à occuper les fermes. Ceux-là ne risquent rien. La récente mise en garde gouvernementale s'adresse plus particulièrement à ceux qui ont décidé, un jour, que telle ou telle ferme allait leur appartenir et qu'ils l'ont envahie et occupée sans autre forme de procès. Les apparatchiks du régime qui occupent ces fermes continueront donc, avec la bénédiction des nouvelles autorités, d'habiter en ville et de venir passer des week-ends d'agrément sur ces fermes qui ne produisent presque plus rien mais dont ils sont les "propriétaires légaux".
Pendant ce temps, l'opposition assiste, impuissante, au toilettage qui a consolidé les relations entre le redouté ZANU/PF, parti de Mugabe, et les militaires désormais au pouvoir et issus, pour la plupart, de ce même ZANU/PF. Il semble donc aujourd'hui qu'il s'agissait simplement de remplacer un vieillard sénile par ses successeurs pour faire perdurer le système.
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