Zones confinées : on ne peut en sortir, sauf pour aller trinquer à l’étranger !
3 minutes de lecture
C’est le nouvel eldorado, la parenthèse d’oxygène, l’impression de vivre, le temps d’un week-end, presque comme avant… Depuis quelques semaines, un certain nombre – qui reste modeste - de touristes européens s’accordent une parenthèse d’insouciance dans l’interminable épisode « covidien » : ils viennent, les Français en tête, profiter des musées… mais surtout des restaurants et des bars espagnols, ouverts jusqu’à 23 heures. En France, on ne peut sortir de sa zone confinée sous peine d’amende salée et de réprobation universelle, mais « on a le droit » d’aller s’encanailler à l’étranger. Les petits bonheurs d’une gestion technocratique à la française, et idéologique : on ne doit sous aucun cas fermer les frontières.
Y a-t-il, pour autant, « une ruée des Français » en Espagne - information qui tourne en boucle sur les médias espagnols ? Mathieu de Taillac, le correspondant du Figaro en Espagne, est plus nuancé. Si le nombre de Français venus en Espagne s’élève à 117.625 pour le mois de janvier 2021, c’est une chute de 70 % par rapport à 2020. Donc, l’« invasion française » chez les Ibères est toute relative. En revanche, ce qui est beaucoup moins fantasmé, ce sont la colère et l’incompréhension que ce relatif afflux de touristes suscite chez les autochtones : affligés tout comme les Français d’interdictions et de privations de liberté en tout genre, les Espagnols ne comprennent pas qu’il leur est interdit de se déplacer d’une région à l’autre, de fêter Pâques en famille, de retrouver les leurs, quand les étrangers circulent librement, dûment munis de leurs tests PCR négatifs contrôlés à l’aéroport. Un en même temps à la sauce espagnole ? Pas seulement !
En Italie, le week-end de Pâques est strictement confiné : interdiction de se déplacer d’une région à l’autre ou de rendre visite à sa famille. Le tourisme, qui représente 13 % du PIB (contre 12 % en Espagne), est à l’arrêt. Musées, bars et restaurants sont à nouveau fermés. Or, selon l’édition milanaise du Corriere della Sera, quelques milliers de Lombards à qui il est interdit de se rendre sur les plages ligures ont réservé quelques jours de vacances dans des pays européens, en particulier l’Espagne et ses Baléares, mais aussi Malte, Chypre, la Croatie.
Au détriment, bien sûr, de l’économie italienne du tourisme qui, après un an de restrictions forcenées et bien peu de dédommagements, est à l’agonie. À Rome, le ministre de la Santé, Roberto Speranza, n’a pas grand-chose à envier à Olivier Véran en matière de gestion de crise : depuis un an, l’absurdité, l’incohérence autant que l’incompétence ont été érigées en système de gouvernement. Ces dernières heures, réalisant qu’il perdait la face dans cette affaire, qu’il faisait una figuraccia, comme on dit en italien, il a exigé que tous ces scélérats qui reviendraient fouler le sol italien, qu’ils soient touristes étrangers ou italiens de retour chez eux, seraient obligés, en plus bien sûr du précieux test PCR négatif, de se soumettre à une quarantaine de cinq jours. Un exercice mesquin d’autoritarisme brouillon qui ne repose sur aucune base scientifique. Ou quand les petites mesures vexatoires et inutiles ne sont, en réalité, qu’un formidable aveu d’impuissance…
Pendant ce temps, la journée avançant, on apprend que l’Allemagne, pour qui le dogme intouchable d’ouverture des frontières n’est valable que si ce sont les autres qui l’appliquent, s’apprête à fermer quasiment les frontières terrestres avec la France. Le touriste français, voilà l’ennemi !
On ne peut que déplorer le discrédit que nous porte la gestion calamiteuse du Covid-19 par l’équipe macronienne auprès de nos voisins européens. Mais on peut, surtout, regretter que tous ces Français avides d’un peu de culture et de vie sociale soient contraints d’aller faire pour cela du tourisme à l’étranger.
BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :