« Où est la maman ? » : par un simple tweet, Marion Maréchal relance le débat sur la GPA

© Jordan Florentin
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Quatre mots qui déclenchent l’ire des progressistes. Ce 23 avril, un site people annonce que le célèbre styliste français Simon Porte Jacquemus et son mari Marco Maestri ont accueilli des jumeaux, vraisemblablement nés par gestation pour autrui (GPA). Réagissant à la photo des nouveau-nés, publiée sur les réseaux sociaux par les deux hommes, Marion Maréchal, tête de liste Reconquête aux élections européennes, s’est seulement permis de poser une question : « Où est la maman ? » Une interrogation pour dénoncer en creux la GPA, pratique illégale en France, qui a suscité l’indignation de la majorité présidentielle et d’une partie de l’extrême gauche.

« Où est votre cerveau ? »

« Jamais la dernière pour un propos dégueulasse sur une famille et des enfants. » Rapidement après la sortie de Marion Maréchal, Clément Beaune, ancien ministre des Transports, monte au créneau. Le député Renaissance de Paris n’a jamais caché son envie de voir un jour la GPA autorisée en France. À L’Obs, en août 2023, il confiait ainsi : « Est-ce qu’à l’avenir, il faudrait aller plus loin et légaliser la GPA ? Je le pense, oui. […] Avoir notre propre cadre et nos propres règles serait plus juste et plus protecteur. » Olivier Dussopt, ancien ministre du Travail, qui s’est déjà prononcé par le passé en faveur de la légalisation de la GPA « encadrée, pas forcément gratuite », a lui aussi réagi : « Deux papas. Qui s’aiment et qui aiment ces enfants. C’est bien aussi. Une famille. C’est l’essentiel. » Même son de cloche au sein même du gouvernement. Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement, s’est fendue d’un tweet pour s’indigner de la réaction de Marion Maréchal. « Cette homophobie décomplexée est hallucinante ! écrit-elle. Aujourd’hui, nous fêtons les onze ans du mariage pour tous, une grande victoire pour l’égalité. Continuons à nous mobiliser contre toutes les formes de discriminations et pour garantir les droits de tous les citoyens. » Aux macronistes qui l’accusent d'« homophobie », Marion Maréchal les renvoie aux déclarations passées du président de la République qui, en avril 2017, assurait que « la GPA restera[it] interdite en France. C’est une question d’éthique et de dignité. » Trois ans plus tard, Emmanuel Macron réaffirmait sa position : « Les lignes rouges sont réaffirmées. Ainsi, il n'est pas question d'autoriser la gestation pour autrui en France. »

Une partie de l’extrême gauche a également profité de l’occasion pour décrédibiliser la tête de liste Reconquête. Rima Hassan, candidate de La France insoumise aux élections européennes, attaque : « Où est votre cerveau ? Question que l’on se pose depuis des générations pour les Le Pen. » Mêmes éléments de langage chez les écologistes. Mélanie Vogel, sénatrice écologiste, reprend la même formule. Karima Delli, élue à Strasbourg, commente : « On peut célébrer la vie, la diversité des familles et la naissance de deux merveilleux enfants ou bien tomber dans l’outrage et le cyber-harcèlement. Marion Maréchal a choisi de s’attaquer à des enfants. Soutien à la famille Jacquemus ! » Et Iann Brossat, sénateur communiste de Paris, d’ajouter : « Je préférerai toujours avoir deux papas qu’une mère comme Marion Maréchal. » Le sujet de la GPA reste malgré tout très clivant à gauche. Plusieurs personnalités de la NUPES, dont François Ruffin, ont ainsi marqué leurs réticences à la légalisation de la gestation pour autrui pour des raisons économiques et éthiques.

Une pratique illégale en France

Au cœur de ce débat, rapidement devenu une tendance sur les réseaux sociaux, Jean-Phillippe Tanguy apporte une voix dissonante. Invité de BFM TV, ce 24 avril, le député du Rassemblement national a été clair : « Ce n’est pas de l’homophobie. La GPA est interdite en France. Donc voir madame Thevenot, porte-parole du gouvernement, se féliciter qu’on enfreigne une loi qui existe est totalement surréaliste. » En effet, comme le rappelle le député, la GPA, sujet sociétal récurrent depuis l’adoption du mariage pour les couples de même sexe, reste interdite en France. Hier encore, François-Xavier Bellamy réussissait à faire inscrire la GPA sur la liste des eurocrimes.

La pratique est néanmoins autorisée dans certains pays étrangers dont l’Ukraine, la Russie, le Canada ou encore les États-Unis, destinations où se rendent les Français qui souhaitent contourner le droit français. Dans ces pays, une GPA coûte entre 60.000 et 240.000 euros, selon les « formules » choisies. Une clinique en Ukraine avait fait polémique en proposant un tarif « Black Friday » [en soldes, NDLR] pour des naissances par GPA. Une agence de gestation pour autrui, qui met en relation des couples avec des cliniques et des mères porteuses, offre par ailleurs sur son site une « garantie de redémarrage en cas de décès du bébé ». « GestLife est la seule entreprise au monde qui vous couvre [pour le décès de l’enfant], en vous garantissant le redémarrage du même programme que vous aviez contracté, jusqu'à deux ans après la naissance, en cas de décès du bébé pour n'importe quelle raison ou cause (y compris les accidents domestiques ou de la circulation) », se félicite l’agence. « Il faut être clairs : la GPA, c’est faire entrer la naissance dans un système économique et médical dans lequel la raison du plus fort, qui plus est du plus riche, est toujours la meilleure. C’est entrer dans une logique libérale », résume Céline Revel-Dumal dans son livre La GPA, le grand bluff (Éditions du Cerf). Voulons-nous vraiment cela pour les femmes et les enfants ?

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

79 commentaires

  1. Vingt et une associations féministes lancent une coalition internationale contre la GPA
    ». « Dans tous les pays où la GPA est autorisée, on n’a jamais vu une femme riche porter l’enfant d’une femme pauvre. » !

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